"Nous discutons avec les partenaires sociaux et nous travaillons aussi en lien avec les Français pour adapter la vie professionnelle aux conditions de l'époque", a assuré vendredi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran sur franceinfo.
Le gouvernement doit "faire en sorte que les conditions de travail, que l'organisation du travail en France s'améliorent", a abondé le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester sur France2.
Et son collègue au Budget, Gabriel Attal, d'indiquer quelques jours plus tôt entendre les revendications des manifestants sur "la qualité de vie au travail".
Le débat gauche-droite sur la "valeur travail" est revenu sur le devant de la scène depuis que l'écologiste Sandrine Rousseau a évoqué un "droit à la paresse". Des propos vertement balayés par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin: ce dernier a dénoncé un "profond mépris de la valeur travail que défendent les ouvriers et les classes populaires".
"Reconnaissance"
Le patron de la CFDT Laurent Berger refuse de tomber dans le "piège" de M. Darmanin revenant à "dire qu'il y aurait d'un côté ceux qui pensent qu'il faut travailler (...) et puis les autres, les feignants".
Il a regretté que la Première ministre Élisabeth Borne n'ait pas "parlé de travail" lors de son passage sur France2 jeudi.
Or, avait-il expliqué lundi, "le travail a de la valeur ; aujourd'hui beaucoup dans le monde du travail souffrent d'un problème de reconnaissance" par "les salaires, les bonnes conditions de travail, la non altération physique et psychique du travail. Il aurait fallu commencer par ça".
L'exécutif, qui peine à gagner "la bataille de l'opinion", surtout sur le report de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, allume donc un nouveau contre-feu: pression sur la SNCF et la RATP pour améliorer carrières et salaires, expérimentation de la semaine de 36 heures sur quatre jours à l'Ursaff de Picardie, mise en avant des négociations pour augmenter la rémunération des enseignants...
Mais cela ne semble pas suffire. "Parmi ceux qui considèrent qu'ils effectuent un travail pénible - c'est quand même un tiers des salariés -, le taux d'adhésion à la réforme est à 12%" seulement, a relevé vendredi le politologue de l'Ifop Jérôme Fourquet sur BFMTV.
"Pack" travail
"Quand vous avez plus d'une personne sur deux qui ne se sent pas bien dans son travail, forcément si vous lui dites +il va falloir travailler deux ans de plus+, c'est très brutal", a reconnu jeudi la députée Renaissance Stéphanie Rist, rapporteure du projet de loi retraites.
Elle aurait d'ailleurs préféré que le gouvernement élabore "un pack entier sur le travail, avec des mesures qui permettent de rassurer".
Il faut "s'attaquer" au nouveau rapport des Français au travail, a expliqué Mme Borne aux députés de la majorité, les enjoignant à faire "des propositions" dans le texte retraites ou celui, prévu au printemps, sur le plein-emploi.
Le gouvernement a déjà déposé une série d'amendements adoucissant sa réforme pour certaines catégories, ou pour allonger dans le temps la possibilité de rachat de trimestres de cotisations au titre des années de stage ou d'études supérieures.
Mais certains points pourraient ne pas s'intégrer dans le texte budgétaire choisi par l'exécutif pour faire passer sa réforme, comme la pénibilité et l'emploi des seniors.
Dans l'immédiat, oppositions et majorité ont des propositions pour sanctionner davantage les entreprises récalcitrantes ou abaisser aux plus petites entreprises l'application rendue obligatoire de "l'index seniors", qui vise à décrire la politique de l'entreprise à l'égard des salariés plus âgés.
Autant de dispositions qui pourraient être intégrées dans le projet de loi "plein emploi" du ministre du Travail Olivier Dussopt annoncé pour le printemps. Il prévoit notamment la transformation de Pôle emploi en France Travail ou un nouveau dispositif d'insertion des allocataires du RSA.