"Il y a quatre ans, on nous disait que c'était encore fou" de mener ce "plus grand chantier de restauration du pays avec Notre-Dame", a lancé le chef de l'Etat.
Et maintenant, "le monde entier va retrouver le Grand Palais et va le redécouvrir", a-t-il ajouté devant des ouvriers qui ont reçu un "diplôme" certifiant leur participation pour "sauver ce bâtiment historique".
"Grâce à vous, on ne va pas simplement organiser des épreuves sportives, mais pouvoir refaire de ce lieu un lieu de création, d'exposition, de savoir, d'accueil du public", a-t-il insisté, avant d'assister à une démonstration d'escrime.
Construit pour l'Exposition universelle de 1900, le Grand Palais est fermé depuis mars 2021 pour ces travaux au coût "avoisinant 500 millions d'euros", d'après l'Elysée.
La remise des clés au Comité d'organisation des Jeux olympiques est prévue vendredi. "Ses équipes disposeront de trois mois pour réaliser un énorme travail logistique", précise à l'AFP Daniel Sancho, directeur du projet de restauration.
Emmanuel Macron a promis de revenir pour l'inauguration officielle.
Mise aux normes
Baignée de lumière à travers sa verrière de 17.500 m2 dotée de charpentes métalliques "d'un vert unique", selon Daniel Sancho, et d'une coupole culminant à 45 mètres de hauteur, la grande nef de 13.500 m2 est longue de 200 mètres.
Tatamis et pistes d'escrime seront disposés en son centre pour les épreuves qui y débuteront le 27 juillet.
La nef "pourrait abriter le château de Versailles", s'amuse auprès de l'AFP Didier Fusillier, président de la Réunion des musées nationaux (RMN) – Grand Palais, en rappelant qu'avant sa rénovation, elle accueillait déjà toutes sortes d'événements culturels, des défilés de mode et même des épreuves équestres.
Balcons, peintures, huisseries, escaliers, ascenseurs, mosaïques, parquets, statuaire... Depuis trois ans, le chantier a été mené "à grande vitesse", dit-il, malgré "beaucoup d'imprévus, ce qui est propre aux grands monuments comme celui-là, lui-même construit en trois ans".
Là où "Matisse, Cézanne et Marquet ont été jeunes ouvriers, le défi, pour notre architecte François Châtillon et ses équipes, était à la fois de respecter le monument en le propulsant dans notre siècle, avec la nécessité de le mettre aux normes", souligne-t-il.
Parmi les plus importants défis, M. Sancho cite la protection des charpentes métalliques par des peintures contre le feu, la création de nombreuses issues de secours pour pouvoir doubler la jauge de visiteurs (9.000 contre 5.600) et "la dalle (sol, NDLR) de la nef", qui aujourd'hui "peut supporter deux tonnes au m2, soit plus qu'un pont".
Joyau de l'Art Nouveau
Dans les années 2000, l'édifice s'était affaissé de 13 cm en raison de l'usure, par l'eau d'une nappe phréatique, des pieux en chêne portant les fondations. Ils avaient été remplacés à l'époque par des parois moulées en béton et la charpente avait également fait l'objet d'une consolidation importante.
En cas de canicule ou de grand froid, la dalle de la nef sera dotée "d'un réseau de canalisations remplies d'eau, permettant de refroidir ou réchauffer l'espace à hauteur humaine", ajoute M. Sancho.
Pendant les Jeux, la grande nef pourra accueillir 8.000 personnes dans deux tribunes, qui entreront par une entrée entièrement restaurée.
Les athlètes "s'entraîneront dans quelques galeries attenantes. Il y aura différents stades d'échauffement, jusqu'au +salon d'honneur+ (un espace de plus de 200 m2), où ils seront en phase finale avant leur compétition. Ils descendront alors les grands escaliers, joyaux de l'Art Nouveau qui ont retrouvé leur couleur bronze d'origine", s'enthousiasme-t-il.
Les travaux dans nombre d'espaces attenants à la nef vont se poursuivre "pendant environ un mois et demi" avant de s'interrompre pour les JO, selon M. Sancho.
"Après les Jeux, qui occuperont environ 30.000 m2 de tout l'espace, la nef va commencer à vivre dès octobre et on se donne jusqu'au mois de mars pour terminer l'ensemble des travaux, afin d'ouvrir la totalité du Grand Palais en juin 2025", détaille-t-il.