Des perturbations dans les transports
Le trafic doit s'améliorer à la SNCF, mais il restera perturbé avec 2 TGV sur 3 et toujours des difficultés en Ile-de-France, selon la direction.
Le taux de grévistes s'établissait jeudi matin à 6% avec des disparités entre les métiers: 36% chez les conducteurs, 16% chez les contrôleurs, 11% chez les aiguilleurs, 5% chez les agents du matériel, équipement et commercial, selon une source syndicale.
La RATP prévoit un trafic normal pour les métros, bus et tramways mais le service restera perturbé sur les lignes A et B du RER.
La Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d'annuler 20% de leurs vols à Paris-Orly, comme mercredi, en raison d'une grève des contrôleurs aériens.
"En dépit de ces mesures préventives, des perturbations et des retards sont néanmoins à prévoir", a-t-elle ajouté.
Raffineries en grève, Feyzin flanche
La plupart des raffineries françaises étaient encore en grève jeudi, celle-ci étant "reconduite chez TotalEnergies à la raffinerie de La Mède, à Donges et sur le dépôt de Flandres", a indiqué à l'AFP Eric Sellini, coordonnateur CGT pour le groupe.
Mais les grévistes sont réticents à mettre les sites totalement à l'arrêt, les stocks étant quasiment pleins, car l'opération est techniquement délicate et le processus de redémarrage long.
Si bien que quelques expéditions de carburant ont repris partiellement ces derniers jours à la raffinerie de Normandie. Jeudi, elles "seront sans doute limitées mais vont continuer à se maintenir", selon M. Sellini.
Si la grève est très suivie à Donges et à Flandres avec respectivement 80% et 100% de grévistes sur le quart du matin, la mobilisation fléchissait en revanche à la raffinerie de Feyzin, avec "beaucoup de grévistes côté pétrochimie mais très peu côté raffinage", a indiqué le représentant syndical, qui "doute de leur capacité à maintenir les expéditions arrêtées".
"Ultimatum" dans le gaz
La CGT Energie a lancé mercredi un "ultimatum" à Storengy, filiale d'Engie, pour qu'elle mette en oeuvre une importante et rare baisse de pression dans les réseaux de gaz, sans quoi les grévistes s'en chargeront, ce qui pourrait priver de gaz des centrales et certains clients industriels.
La CGT a par la suite indiqué que cette demande avait fait l'objet d'une fin de non-recevoir de la direction.
Les personnels des onze sites de stockage Storengy devaient décider jeudi matin des modalités de la suite du mouvement.
"Certains sites du groupe connaissent en effet des perturbations opérationnelles, sans impact à ce stade sur la sécurité d'approvisionnement", a indiqué Engie à l'AFP mercredi soir.
Fortes baisses de production et coupures dans l'électricité
Les grévistes d'EDF procédaient encore jeudi matin à de fortes baisses de production.
La CGT Energie a revendiqué le chiffre de 17.000 MW de baisse de charge, soit l'équivalent de quelque 12 à 17 réacteurs nucléaires. "A 08H00, la baisse de charge sur l'ensemble des moyens de production était de 8.760 MW", a indiqué pour sa part la direction d'EDF, dont une large part dans les centrales hydroélectriques.
"Les élus doivent prendre leurs responsabilités et revenir à la raison par rapport à un sujet qui aujourd'hui ne fait pas consensus auprès des citoyens", a déclaré à l'AFP Julien Lambert, secrétaire fédéral de la FNME-CGT.
Les réacteurs nucléaires français produisent entre 900 et 1.450 MW d'électricité.
Des coupures ont été revendiquées par la CGT: 32.000 foyers impactés dans les Ardennes dans les villes de Sedan, Rethel et Vouziers, à partir de 6H00, selon le distributeurs Enedis. Le courant a été rétabli à 11H30.
Des coupures ciblées avaient été entreprises mercredi, à l'image du domicile vendéen du chef des sénateurs LR Bruno Retailleau ou de la résidence présidentielle du Fort de Brégançon dans le Var la nuit précédente.
En Bretagne, aux abords de l'usine marémotrice de la Rance, près de Saint-Malo, environ 200 à 300 personnes - électriciens, hospitaliers, enseignants - ont mis en place un barrage filtrant pour perturber le trafic routier, entre deux levées du pont mobile où transitent chaque jour quelque 30.000 voitures, selon Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-Energie chez EDF.
Montagnes de poubelles à Paris, déblocage d'un dépôt par la police
Selon la mairie de Paris, 7.600 tonnes de déchets encombraient mercredi matin les trottoirs de la capitale.
La maire PS Anne Hidalgo a refusé de réquisitionner des éboueurs pour limiter les effets de leur grève, laissant la balle dans le camp du gouvernement. Tard mercredi soir, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, l'a informée de sa décision de réquisitionner des agents pour évacuer les poubelles de la ville.
Par ailleurs, les forces de l'ordre ont débloqué jeudi à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) un dépôt géré par Pizzorno Environnement, qui collecte les ordures du 15e arrondissement de Paris notamment. Cela fait suite à une décision du tribunal de Créteil saisi par l'entreprise.
"Ports morts"
Les ports de Nantes-Saint-Nazaire, mais aussi ceux de Brest et du Havre, étaient à l'arrêt jeudi dans le cadre de la journée "ports morts" lancée par la CGT, selon le syndicats et les préfectures.
A Brest, une cinquantaine de grévistes, des travailleurs portuaires et dockeurs, se trouvaient sur place, a constaté l'AFP. Trois conteneurs bloquaient la voie d'accès au port.
Au Havre, les accès aux terminaux portuaires étaient bloqués depuis 6H00, par des camions, grues, feux de pneus et de palettes, selon la fédération CGT des ports et docks (FNPD). Pas un seul navire pétrolier, pas un porte-conteneurs n'entre ni ne sort, de même pour les ferries et bateau de croisière, selon l'AFP.
Navigation fluviale entravée
La navigation fluviale sur le Rhin est ralentie en raison d'un mouvement des salariés CGT à l'écluse d'Ottmarsheim, près de Mulhouse, a indiqué mercredi soir à l'AFP Philippe Charpentier, délégué syndical à EDF Hydro Est.
"Nous avons également la possibilité d'intervenir dans la nuit sur le réseau électrique de la centrale" attenante à l'écluse, a-t-il ajouté, disant attendre "des consignes" en fonction de la situation au Parlement jeudi.