Installer des dojos dans les locaux vacants au pied des barres, rendre accessible les installations sportives des écoles en dehors du temps scolaire: ce sont quelques-unes des "solutions" que ces maires qui gèrent des quartiers prioritaires comptent proposer samedi à des dizaines d'autres élus, venus chercher des bonnes idées pour leur ville.
A l'origine de ce mouvement: "l'appel de Grigny" lancé en 2017 par une centaine de maires pour défendre les quartiers populaires face aux coupes budgétaires du gouvernement, sur les emplois aidés notamment.
Après l'espoir déçu du plan Borloo, ces élus, allant du PCF à LR, poursuivent leurs échanges réguliers et aboutissent à un constat: "les solutions qui viennent d'en haut, ça ne marche plus en France", résume Philippe Rio, maire communiste de Grigny (Essonne), ville la plus pauvre de France.
"On n'est pas dans une défiance vis-à-vis de l'État", nuance cependant l'élu.
Ce "on" englobe une petite poignée de maires, devenus collègues et même amis à force d'appels dans la presse et de visioconférences pendant le confinement: Catherine Arenou, maire DVD de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), Guillaume Delbar, maire DVD de Roubaix (Nord), Benoît Jimenez, maire centriste de Garges-les-Gonesse (Val-d'Oise), Gilles Leproust, maire PCF d'Allonnes (Sarthe), et Philippe Rio.
Des idées pour les élus locaux
"On s'est révolté en même temps, on s'est trouvé des points communs", explique Catherine Arenou. Pendant le confinement, ils échangent chaque semaine pour "se perfuser des idées les uns des autres".
Lors d'une de ces conférences à distance avec le ministre de la Ville (passé depuis à l'Agriculture), ils ont suggéré l'idée des colonies de vacances apprenantes financées par l'État, les collectivités locales et les mairies pour lutter contre le décrochage scolaire.
"Julien Denormandie a porté cette proposition et obtenu les arbitrages", s'enthousiasme Gilles Leproust.
Les maires veulent partager ces "dynamiques locales, qui peuvent être dupliquées nationalement", reprend Philippe Rio d'où ce "conseil national des solutions", imaginé il y a un an à l'occasion d'un appel à Jean Castex pour mieux inclure les quartiers populaires au plan de relance.
La première édition - organisée samedi matin à Paris-Bercy avant le tournoi international de judo "Paris Grand Slam" - s'est centrée autour du sport. "Ce qui rassemble le plus de monde dans nos communes, le soir et le week-end, c'est la pratique sportive", souligne Gilles Leproust.
"On verra à l'usage"
L'une des idées fortes: le "plan 1.000 nouveaux dojos pour 2024" visant à installer ces salles de pratiques dans des espaces inutilisés. A Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, un local associatif de 100m2 est en train d'être réhabilité pour "les scolaires, les mamans du quartiers, les jeunes judokas à la sortie de l'école", explique Sébastien Nolesini, directeur général de la fédération française de Judo, partenaire de cette première édition.
Jeudi, Emmanuel Macron a annoncé le financement par l'État de 5.000 équipements sportifs pour un total de 200 millions d'euros, dont 1.000 dojos sur cette perspective de réhabilitation, ainsi que l'avait proposé la fédération au gouvernement.
Ces annonces vont "au-delà de nos espoirs," se félicite Guillaume Delbar, maire de Roubaix. "On verra à l'usage", tempère Gille Leproust habitué à des projets nationaux qui ne trouvent pas leur cible sur le terrain.
Ces maires comptent également lancer les "cités olympiques", des projets conçus sur le modèle des cités éducatives, mesure phare du plan Borloo finalement validée par le gouvernement. L'une des "solutions" est d'ouvrir les infrastructures sportives des écoles, collèges et lycées, en dehors du temps scolaire.
"Ca paraît évident quand on le dit comme ça", ajoute Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes, "sauf que c'est absolument impossible actuellement."