Depuis le Louvre-Lens en périphérie, entouré d'un vaste parc libre d'accès, un maillage de sentiers piétons relie le centre-ville via le stade Bollaert rénové, une piscine olympique fraîchement inaugurée et un cinéma en travaux.
Une bande le long de laquelle Lens affiche un dynamisme retrouvé, symbole de la reconversion du bassin minier.
Certes, la ville "subit aussi les centres commerciaux en périphérie", installés le long de la rocade minière qui l'entoure, reconnaît son maire (PS), Sylvain Robert. Ils pullulent à la plupart des sorties de la rocade minière autour de l'agglomération de Lens-Liévin, 240.000 habitants.
La ville de Lens a elle-même "été, pendant un bon moment, endormie", se souvient Elisabeth Watine, 81 ans et présidente de l'association des amis du Louvre-Lens.
Au coeur du bassin minier, elle a été touchée de plein fouet par la désindustrialisation et son déclin a perduré jusqu'aux années 2000. "Les commerces ont fermé, puis le cinéma...", se souvient Chloé, 25 ans, native de Lens.
Un déclin programmé que la municipalité combat depuis qu'elle a intégré le programme gouvernemental Action coeur de ville pour donner, selon son maire, "un autre élan" à son centre.
"Autres regards"
Quant à la périphérie, elle y a érigé en 2012, à quelques encablures des limites de la ville, le Louvre-Lens, première émanation hors-les-murs du célèbre musée parisien.
Lens propose depuis une offre culturelle de premier plan dans un bâtiment situé sur une ancienne fosse minière, évitant ainsi une énième conversion de terrains en friche en surfaces commerciales.
Aujourd'hui, "les regards sur nous ont changé. Les gens se rendent compte qu'il se passe des choses à Lens", se réjouit Martine Lannoy, 68 ans, qui a toujours vécu dans les environs.
Alors que Lens affiche un taux de chômage de 26,7%, le musée, qui se veut "ancré dans un territoire", s'est fixé des objectifs sociaux comme la lutte contre la pauvreté et l'illettrisme, initiative "atypique" pour un tel lieu, assure son administrateur, Rémi Maillard.
Il a en outre entraîné dans son sillage hôtels, restaurants mais aussi un incubateur de projets, "Louvre Lens Vallée", créé en 2013 pour contribuer à dynamiser le territoire.
Avec le musée et le Racing club de Lens, deuxième de Ligue 1 la saison dernière, "on a la chance d'avoir deux atouts énormes", se félicite Sylvain Robert.
La priorité a été de relier ces deux lieux emblématiques au centre-ville. "Le stade arrivait un peu en cul-de-sac", se souvient l'édile, tandis que le musée était de l'autre côté des voies ferrées.
"Liaison naturelle"
Une nouvelle route a été creusée sous celles-ci, et d'anciens "cavaliers miniers", des chemins de fer reliant les fosses entre elles, ont été transformés en chemins dédiés aux piétons et aux vélos au coeur d'espaces renaturés, une "liaison naturelle du musée jusqu'au centre-ville" selon le maire.
"Le but n'était pas de créer un deuxième centre-ville" mais de ramener les publics du Louvre et de Bollaert vers le centre-ville, ajoute-t-il.
Quant au légendaire stade, propriété de la ville, il a été rénové en vue de l'Euro-2016 et affiche complet pour chaque match du club local, une rareté en France.
"L'arrivée du musée a redonné une forte confiance aux acteurs du territoire", assure Benoît Brocq, directeur du pôle métropolitain de l'Artois, syndicat mixte qui s'étend sur trois agglomérations, dont celle de Lens-Liévin.
"On a besoin d'étudiants, de chercheurs, de cadres de haut niveau. Et c'est plus facile à attirer quand vous avez un musée et une marque aussi forts que le Louvre-Lens", ajoute-t-il.
La transformation s'est faite sous le patronage des terrils qui entourent la ville, visibles des jardins du musée ou des abords de Bollaert et, désormais, destinations touristiques.
Avec le Louvre et le football, "on a une carte différente et supplémentaire à jouer" par rapport aux autres villes moyennes, estime Sylvain Robert, ce qui rend le modèle lensois difficilement imitable.