En pleines vacances scolaires, à l'exception de l'Ile-de-France et de l'Occitanie, la mobilisation s'annonce en baisse, les syndicats se projetant vers le 7 mars, où ils ont promis de "mettre la France à l'arrêt".
"Je crois que la journée est réussie déjà", avec "beaucoup de participants", a cependant estimé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. "Le mécontentement, la détermination et la combativité sont intacts", a-t-il assuré depuis Albi, où les numéros un des huit principaux syndicats manifestent, pour "braquer le projecteur" sur cette France des villes moyennes très mobilisées.
Dans ces villes "la question des retraites c'est un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase", en plus des problèmes de pouvoir d'achat, et du sentiment d'un déclin des services publics, a affirmé Philippe Martinez, son homologue de la CGT. "Les élus ne peuvent pas être indifférents quand il y a autant de monde dans la rue", a-t-il déclaré.
"Des quiches"
A Montpellier, les rangs étaient beaucoup plus clairsemés que pour la 4e journée de mobilisation samedi (7.200 participants contre 20.000 selon les autorités). Même chose à Toulouse, où les organisateurs ont compté 65.000 manifestants, et la police 14.000 (contre 100.000 et 25.000 samedi). Au Havre, il étaient 5.800 selon la préfecture, 20.000 selon les syndicats (7.800 et 20.000 samedi).
Dans le cortège marseillais, où l'intersyndicale a fait état de 90.000 manifestants, et les autorités de 7.000 (contre 140.000 et 12.000 samedi), Isabelle Marilier, retraitée de 75 ans, a dénoncé une "tromperie" du gouvernement sur la pension minimale à 1.200 euros: "On nous prend pour des quiches !".
Les perturbations sont limitées dans les transports, avec 14% de grévistes à la SNCF et un trafic normal dans le métro parisien. Néanmoins, des vols ont été annulés et des agents d'EDF ont baissé la production d'électricité, sans provoquer de coupures de courant. Dans l'éducation, le ministère a fait état de 7,67% d'enseignants en grève (contre 14,17% le 7 février) avec deux zones sur trois en vacances.
La police attend entre 450 et 650.000 personnes dans la rue, dont 40 à 70.000 à Paris.
Faute de réussir à infléchir l'exécutif, l'intersyndicale a adressé un courrier aux parlementaires, hormis ceux du RN, pour leur demander de rejeter la réforme "et plus particulièrement son article 7", qui porte le recul de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.
"On bloque tout"
Après plusieurs jours d'empoigne stérile, les députés abordent la dernière ligne droite des débats jusqu'à vendredi minuit, heure couperet de l'examen du texte avant sa transmission au Sénat.
Pour accélérer, la gauche a décidé de retirer des milliers d'amendements depuis mercredi. Mais entre 4.000 et 5.000 restaient encore à examiner à la mi-journée avant que les députés arrivent à l'article sur la mesure d'âge.
Si certains espèrent "passer au vote le plus vite possible" sur l'article 7, à l'instar du socialiste Philippe Brun, une partie de la gauche redoute qu'un scrutin ne "porte un coup au mouvement social", selon le communiste André Chassaigne.
"Ils ont peur du vote", a répliqué Aurore Bergé (Renaissance), convaincue que la majorité "aura les voix" pour faire passer cet article clé qui "revient à voter la réforme".
"C'est lamentable ce qui se passe au Parlement", "il faut que ça avance", a déclaré à Albi le président de la CFTC Cyril Chabanier, à l'unisson de l'intersyndicale.
De son côté, le RN a déposé mercredi une motion de censure, pour savoir qui est "pour ou contre la réforme", a affirmé sa cheffe de file Marine Le Pen.
Et répondre ainsi à Emmanuel Macron qui ironisait en Conseil des ministres mercredi sur des oppositions qui "n'ont plus de boussole".
Vote ou pas, les syndicats ont déjà en vue la journée du 7 mars. "On va essayer d'en faire une immense journée de mobilisation", a dit M. Berger.
"Le 7 mars, on bloque tout, tout doit s'arrêter partout", a appuyé Jean-Luc Mélenchon (LFI) depuis le cortège de Montpellier.
D'autres actions sont prévues le lendemain lors de la journée internationale des droits des femmes. Les principales organisations de jeunesse annoncent aussi une journée de mobilisation le 9.
De quoi donner des envies de grèves reconductibles à partir du 7 mars. Si l'intersyndicale n'y a pas appelé, certaines confédérations comme Solidaires y sont favorables. Les syndicats de la RATP l'ont déjà annoncé ainsi que la CGT éboueurs.