"On a une pensée pour Christo et Jeanne-Claude. Ils auraient été extrêmement émus (...) car c'est l'aboutissement d'un rêve de 60 ans", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours sur le toit du monument en présence notamment de la maire de Paris Anne Hidalgo et de l'ex-maire de New-York, Michael Bloomberg.
"C'était un rêve fou et vous l'avez accompli, Vladimir (Yavachev, neveu de l'artiste, ndlr), merci infiniment", a ajouté le chef de l'Etat, arrivé sur les lieux peu après 17H00 avec son épouse Brigitte.
M. Macron a loué "un chef d'oeuvre" qui "ne coûte rien aux contribuables" et qui "contribue au rayonnement" du pays, remerciant "les mille bras" qui ont permis la réalisation du projet.
Fruit de plusieurs semaines de travail, l'empaquetage de ce haut lieu des commémorations françaises a nécessité 25.000 m2 de tissu recyclé argent bleuté, maintenu par 3.000 mètres de corde rouge. Il durera jusqu'au 3 octobre.
Oeuvre soutenue par le Centre Pompidou, approuvée par la Ville de Paris et par l'Elysée, "+L'Arc de triomphe, Wrapped+" ("enveloppé", ndlr), est la concrétisation du "rêve" de l'artiste et de son épouse Jeanne-Claude.
Dès 1962, le couple avait signé un photo-montage avec l'Arc de Triomphe empaqueté, une idée qu'ils ont eue en regardant le monument depuis leur premier appartement parisien, avenue Foch.
"Réveil de Paris"
"Ce sera comme un objet vivant qui va s'animer dans le vent et refléter la lumière. Les plis vont bouger, la surface du monument devenir sensuelle. Les gens auront envie de toucher l'Arc de triomphe", disait-il.
D'un coût de 14 millions d'euros, le projet est entièrement autofinancé, sans subvention publique, grâce à la vente d'oeuvres originales de Christo, dessins préparatoires, souvenirs, maquettes et lithographies.
Le monument et sa terrasse resteront accessibles au public pendant toute la durée du projet. Et la flamme du Soldat inconnu continuera à brûler.
Plus tôt dans la journée, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot avait estimé que l'oeuvre était "un formidable présent aux Parisiens, aux Français et au-delà, à tous les amateurs de l'art".
"Je reçois ce geste monumental comme un appel à la liberté. L'empaquetage de l'Arc de Triomphe introduit dans notre espace des métamorphoses douces pendant quelques jours", a-t-elle poursuivi lors d'une conférence de presse.
"Christo a toujours dit que le plus difficile était d'obtenir les autorisations administratives", a rappelé Vladimir Yavachev, qui supervise le projet.
Pour l'Arc de Triomphe, les autorisations sont arrivées assez vite depuis 2017, date à laquelle le projet a été imaginé.
A la conférence de presse, la maire de Paris et candidate déclarée à la présidentielle a reconnu que la précédente expérience de l'artiste avec la ville de Paris --celle du Pont-Neuf en 1985-- avait été un élément décisif dans le choix de procéder à l'empaquetage de l'Arc de Triomphe.
"Lorsqu'il a empaqueté le Pont-Neuf, pour moi, ça a été une façon d'y voir un réveil de Paris", a-t-elle dit, louant un artiste "qui a bouleversé l'art contemporain".
L'oeuvre a été autant applaudie qu'elle a suscité la controverse. Samedi, dans le quotidien Le Monde, l'architecte Carlo Ratti, l'un des amis de Christo, a cependant appelé à abandonner "l'esthétique des emballages à haut gaspillage".
C'est aussi un projet "très écologique", s'est défendu le neveu de l'artiste, arguant que le tissu était complètement recyclé.