Le Covid-19 sera reconnu de façon "automatique" comme maladie professionnelle pour le personnel soignant, mais pas pour les autres catégories de travailleurs, qui devront se soumettre aux procédures classiques, avait indiqué mardi le ministre de la Santé Olivier Véran devant l'Assemblée nationale.
"Nous sommes loin du compte", dénoncent la Fnath (association des accidentés de la vie) et l'Association nationale des victimes de l'amiante. "Le personnel soignant bénéficiera d'une reconnaissance automatique en maladie professionnelle et les autres devront engager des procédures longues, coûteuses, et vraisemblablement vouées à l'échec".
La Fnath et l'Andeva "dénoncent le mépris affiché par le gouvernement avec une indemnisation au rabais pour ceux qui ont risqué jusqu'à leur vie pour assurer à une population confinée une garantie de soin, d'alimentation et de livraison".
"Après les éloges et les engagements du président de la République à propos de ces +soldats de 1ère et 2e ligne+, c'est une bien piètre reconnaissance que la Nation leur réserve", concluent les deux associations qui "souhaitent rencontrer au plus tôt le ministre de la Santé et la ministre du Travail pour trouver une solution plus satisfaisante pour les victimes".
L'Unsa Fonction publique demande mercredi que "le dispositif de maladie professionnelle soit étendu à tous les agents engagés sur le terrain, dans les hôpitaux, auprès des Français, dans le cadre de leur mission".
Pour le syndicat, "il parait normal qu'un enseignant accueillant des élèves, qu'un policier procédant à un contrôle, qu'un hospitalier exerçant à l'hôpital puissent bénéficier des dispositifs liés aux maladies professionnelles dans la fonction publique". Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner avait d'ailleurs plaidé en faveur d'une telle reconnaissance pour certains de ses agents.
Au-delà de la seule fonction publique, Force ouvrière "revendique l'élargissement, au-delà des soignants, du dispositif de reconnaissance automatique en maladie professionnelle du Covid-19 pour tous les salariés exposés dans le cadre de leur activité", et pense notamment "aux secteurs de la distribution, de la logistique, aux éboueurs, aux travailleurs sociaux, aux postiers, aux personnels de sécurité..."
Interrogée mercredi sur le sujet à l'Assemblée lors de la mission d'information sur le coronavirus, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a expliqué "qu'il y avait des maladies professionnelles qui n'existent que dans le monde professionnel, ça c'est facile, mais il y a beaucoup de maladies, c'est le cas du Covid-19, où la contamination peut avoir lieu partout, c'est le droit commun a priori qui s'appliquera".
"Toute personne peut faire un recours", a-t-elle dit, "si elle a des séquelles", et ce "sera évalué par les commissions spécialisées".