À l'occasion de la quatrième édition qui a eu lieu le 2 juillet, le Mondial du Bâtiment a réalisé un sondage exclusif1 portant sur le moteur thermique dans le bâtiment.
Des chiffres qui ont aussi alimenté les échanges lors du "Grand Dossier du Mondial du Bâtiment" dont le thème était « Décarbonation des chantiers » avec un focus sur les engins de chantier et les modes de transport.
En effet, l'empreinte carbone d'un chantier ne se limite pas uniquement à la construction proprement dite. Les véhicules utilitaires des collaborateurs qui se rendent chaque jour sur le chantier, les camions de livraison et les équipements utilisés sur place entrent aussi pour une grande part dans les émissions de carbone. A cela s'ajoute des restrictions de circulation, notamment dans les grandes villes, pour les véhicules considérés comme trop émissifs. Ces évolutions amènent donc les différents acteurs du secteur à rechercher des énergies alternatives (biocarburants, électricité) pour réduire les émissions carbone et rendre les chantiers plus vertueux.
Pour débattre autour de cette question et apporter un éclairage d'experts, étaient réunis autour de la table :
- Hugues-Marie AULANIER, Manager Strategy practice Leader, Carbone 4.
- Julien CHALET, Directeur de l'action collective, EVOLIS.
- Catherine GUERNIOU, Chef de file RSE, FFB Ile-de-France.
- Hervé REBOLLO, Délégué Général du DLR.
Sortir du moteur thermique dans le bâtiment
Les chiffres clés du sondage exclusif des Rendez-Vous du Mondial du Bâtiment
Le sondage réalisé à l'occasion de la table ronde par le Mondial du Bâtiment concernant le déploiement d'énergies alternatives pour les engins de chantier ou pour les modes de transport montre qu'il reste du chemin à faire pour qu'elles soient généralisées. Ainsi, 80,2 % des personnes ayant répondu au sondage déclarent posséder un véhicule professionnel fonctionnant au diesel.
Sur chantier, ils sont 32 % à avoir déjà utilisé un matériel à énergie alternative (23,3 % électrique et 8,7 % bi-énergie/hybride). Mais 68,6 % à n'avoir jamais utilisé ce type de matériel.
Des chiffres qui ont trouvé leurs explications grâce aux quatre intervenants du "Grand Dossier du Mondial du Bâtiment".
Ce qu'il s'est dit lors du grand débat…
Le débat de 45 minutes a permis aux quatre intervenants de faire le point sur l'utilisation d'énergies alternatives, notamment sur les chantiers, pour avancer sur la décarbonation du bâtiment. Quelles sont les solutions, les avancées majeures mais aussi les freins à la généralisation de ces solutions, voici quelques-uns des points qui ont été abordés.
Des difficultés de mise en œuvre
« La vente et la location de matériel en France représente 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 50 000 salariés et 2 200 entreprises. Parmi elles, 60 % sont des TPE employant de 10 à 15 salariés. Pour ces entreprises, investir dans un nouveau matériel est trop coûteux, surtout actuellement en pleine sortie de crise.» indique Hervé Rebollo, Délégué Général du DLR.
Julien Chalet, Directeur de l'action collective, EVOLIS ajoute : « L'offre de matériel électrique arrive lentement. Les constructeurs sont aussi confrontés à des problématiques de normes, de réglementations et de certifications. Un autre paramètre est à prendre en compte : pour utiliser du matériel électrique, il faut que le chantier soit électrifié. ».
Un point que Hugues-Marie Aulanier, Manager Strategy practice Leader chez Carbone 4, complète : « Aujourd'hui tout fonctionne au diesel. Passer à une autre énergie suppose de résoudre les questions de l'autonomie du matériel, de sa recharge et donc de la fourniture d'énergie sur chantier. ». Mais il précise : « Passer à l'électricité ou à l'hydrogène décarboné permettrait de diviser par un facteur entre 3 et 10 l'empreinte carbone de l'utilisation des matériels. »
Des changements à mener sur le long terme
« Il y a plus d'une centaine de milliers de matériel à remplacer si nous souhaitons passer à l'utilisation de nouvelles énergies. Cela ne peut se faire que sur un laps de temps long. Par ailleurs, nous manquons de visibilité sur la tenue de ce type de matériel à l'usage, sur chantier. » selon Hervé Rebollo.
Tous les intervenants sont unanimes sur le besoin de personnel qualifié : « Pour la maintenance, il est nécessaire de disposer de collaborateurs qualifiés et formés. Nous avons besoin de 1.500 techniciens par an et n'arrivons à en recruter que 800. Il y a un véritable travail à faire sur la sensibilisation des plus jeunes à ces métiers. », précise Hervé Rebollo.
De son côté, Catherine Guerniou, Chef de file RSE au sein de la FFB Ile de France, indique : « Il manque de concertation et d'harmonisation pour mener à bien ces changements. En tant qu'entreprise, nous manquons d'accompagnement et d'informations précises. »
Vers un mix de solutions ?
« Il n'y a pas une solution meilleure qu'une autre mais plutôt un besoin d'utiliser les meilleures énergies selon les usages. », indique Hugues-Marie Aulanier qui ajoute : « L'électricité à déjà fait ses preuves sur les véhicules particuliers. En ce qui concerne les biocarburants, nous savons que l'offre disponible est inférieure à la demande potentielle et que tous ne se valent pas. »
Selon Julien Chalet : « Il n'y a pas une solution bonne pour tout. Il faut aussi tenir compte des particularités des machines et des chantiers pour répondre au mieux aux besoins. »
« Sur un chantier, il y a nécessité de pouvoir compter sur des engins qui fonctionnent à 100 % de manière constante. C'est un paramètre important à prendre en compte lorsqu'on doit choisir l'énergie qui alimente une machine. », selon Hervé Rebollo.
Les Rendez-vous du Mondial sont à voir ou à revoir ici
Les prochains « Rendez-vous du Mondial du Bâtiment » auront lieu le vendredi 3 septembre.
Le Grand Dossier abordera le thème : La France se donne-telle les moyens de développer les énergies renouvelables dans le bâtiment ?