Le protocole a été signé entre l'État, la mairie de Soulac-sur-Mer et la communauté de communes Médoc Atlantique qui, officiellement, va devenir propriétaire de l'immeuble pour le détruire.
Les 75 propriétaires recevront de l'Etat une indemnisation à hauteur de 70% de la valeur originelle estimée du bien, à la condition de transférer ce bien pour un euro symbolique à la communauté de communes et de renoncer à toute demande indemnitaire supplémentaire. Ils ont jusque décembre 2021 pour accepter.
Les premiers versements d'indemnisation devraient pouvoir intervenir à partir du mois de mars 2021, selon la préfecture.
"Ce dossier est exceptionnel et devrait le rester", a prévenu la préfète de Nouvelle-Aquitaine Fabienne Buccio. Pas question que cela devienne une jurisprudence.
Construit à 200 m du rivage en 1967, l'immeuble de quatre étages se trouve aujourd'hui au bord d'une dune sableuse qui menace de s'effondrer, à seulement 20 m des flots. En 2014, la préfecture avait pris un arrêté de péril et les résidents avaient dû vider définitivement les lieux.
Les coproriétaires avaient alors entamé une bataille juridique pour être indemnisés qui s'est terminée par un refus du Conseil d'Etat en août 2018. Les parlementaires locaux se sont ensuite emparés du dossier jusqu'à ce qu'une enveloppe de 7 millions d'euros soit adoptée par le Parlement.
"Le dénouement favorable d'aujourd'hui n'était pas évident (...) seul un dispositif législatif pouvait le permettre", admet le maire de Soulac-sur-Mer et président de la communauté de communes, Xavier Pintat.
"Il y avait une âme"
"C'est la ténacité qui a payé, la persévérance au milieu d'un océan de doute", s'est également réjoui l'ancienne sénatrice LREM Françoise Cartron qui a défendu le dossier à Paris. "C'est un moment émouvant", a-t-elle confié, "c'est là qu'on voit le lien entre les élus nationaux et les citoyens. Sans l'outil législatif, on ne pouvait y arriver".
Pour Jean-José Guichet, qui représente les copropriétaires, la majorité de ceux-ci devraient accepter l'accord. Sinon ils seront expulsés : le "choix est limité", dit-il, "les gens sont tellement las, cela fait des années qu'on se bagarre".
"Ce n'était pas une résidence de gens hyper riches. C'était très mélangé, on était tous soudés. Il y avait une âme dans ce Signal", ajoute-t-il en se souvenant de ses filles et petites-filles venant en vacances. "Il faut être conscient qu'on ne pouvait plus rester. Je suivais l'avancée de la mer depuis 25 ans", ajoute M. Guichet, propriétaire depuis 1978.
Le bâtiment avait été désamianté en 2018 pour éviter que "12.000 tonnes de gravats contaminés à l'amiante" ne tombent à la mer et sur la plage de Soulac, station balnéaire courue du Médoc. Le coût de ce désamiantage, un million d'euros, avait exceptionnellement été pris en charge par l'Etat.
"Des choses comme celle-ci ne devraient plus arriver. C'est un exemple, "Signal". Il va falloir être extrêmement vigilant sur les implantations nouvelles", a demandé Jean-José Guichet aux représentants de l'Etat qui signaient le protocole.
"Notre cas n'est pas unique, j'ai des coups de fil de la Martinique, de la Réunion, où il y a des cas similaires au Signal", a-t-il ensuite dit à la presse.
"Ce dénouement favorable n'arrête pas l'érosion côtière, on en aura dans les années à venir (...) ça deviendra un enjeu", a reconnu Xavier Pintat.