"Je suis très frappé: tous les patrons que j'ai vus cet été, même avant l'été, leur sujet numéro un, ça n'est plus la pandémie, c'est le recrutement", a rapporté mercredi matin sur Franceinfo Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef.
Certes, les indicateurs économiques reviennent au vert: l'activité en France a rebondi pour frôler son niveau d'avant-crise, après une chute historique en 2020. Mais les difficultés de recrutement, ainsi que les problèmes d'approvisionnement particulièrement dans l'industrie et l'automobile, constituent des freins à la croissance.
Même si pour certains secteurs la pandémie reste au cœur des préoccupations, ces tensions sur le marché du travail renvoient les patrons à la situation de février 2020, rappelait M. Roux de Bézieux il y a quelques jours à l'AFP.
Le sujet a été abordé par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire lundi, interrogé sur France 2, qui avait invité à "se reposer la question de la meilleure rémunération" afin que la croissance "profite à tout le monde, sans exception, même les plus faibles, même les moins qualifiés, tous ceux qui ont été aux avant-postes de la crise".
"Ca peut passer par les salaires, ça peut passer par les primes, ça peut passer par l'intéressement, la participation, l'actionnariat salarié que nous avons défendu massivement depuis le début de ce quinquennat", avait avancé le ministre.
M. Le Maire est attendu d'ailleurs à la conférence de rentrée du Medef, la REF, dans l'après-midi à l'hippodrome parisien de Longchamp.
Au vu des difficultés de recrutement, particulièrement fortes dans les services, dont la restauration, l'hôtellerie et le bâtiment, Geoffroy Roux de Bézieux estime pour sa part qu'"il y aura forcément des augmentations (de salaires) assez significatives l'année prochaine", alors que les négociations salariales se déroulent en général en début d'année.
"Changement de discours"
Du côté du syndicat Force Ouvrière, le secrétaire général Yves Veyrier s'est félicité de voir le sujet s'imposer.
"La question des salaires va être une question que l'on va mettre au centre de cette rentrée", a-t-il prévenu, interrogé sur RMC.
M. Veyrier a noté "un changement de discours", qui "va dans le bon sens", alors qu'"on nous disait tout le temps le salaire est l'ennemi de l'emploi".
Pour lui "deux moyens d'agir": le Smic d'une part, qui "a le mérite d'augmenter immédiatement les bas salaires et de donner une dynamique aux négociations de salaires dans les branches", et "l'indice de la rémunération de base des fonctionnaires, gelé depuis plus de dix ans", d'autre part.
De son côté, Geoffroy Roux de Bézieux souligne néanmoins que le pouvoir d'achat des Français a augmenté, et avertit qu'avec une hausse des salaires "derrière ce sont les prix qui vont augmenter".
En écho, le numéro 2 du Medef Patrick Martin, invité sur RFI mercredi matin, notait que "les salaires les plus faibles sont dans des secteurs qui dégagent des marges qui sont elles-mêmes très faibles, dans certains métiers de services en particulier".
"Les consommateurs ne sont pas prêts à payer plus cher" et "la marge de manœuvre des entreprises concernées est extrêmement réduite", a-t-il observé.
En conséquence, argumente M. Martin, une hausse des salaires nets "doit passer par des réductions de charges sans pour autant creuser les déficits des régimes sociaux".
Dans cet objectif, le Medef soutient la réforme de l'assurance-chômage, dont il demande l'application prévue le 1er octobre.
Celle-ci "devrait faire revenir vers l'emploi un certain nombre de salariés et à partir de là réduire le déficit de l'assurance-chômage", a souligné Patrick Martin.