Il aurait été "irresponsable et incohérent" de maintenir ce taux à 0,75% par rapport à "notre politique de diversification des placements" et aux "milliers de Français qui attendent un logement social", a expliqué le ministre lors d'un entretien au quotidien Le Parisien.
En outre, "ce chiffre tient compte des taux d'intérêt bas et du niveau de l'inflation", défend également M. Le Maire, qui a suivi les recommandations du gouverneur de la Banque de France, publiées peu avant l'annonce du ministre.
Financer 17.000 nouveaux logements
Produit vedette de l'épargne, le Livret A, âgé de 202 ans, est aujourd'hui détenu par 55 millions de Français qui, en 2018, ont placé au total 258 milliards d'euros.
Conçu comme une tirelire censée rapporter légèrement mais sûrement, l'épargnant peut y déposer ou retirer son argent à tout moment, tout en voyant ses dépôts rémunérés et ses gains non imposés. Son cousin, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) fonctionne de manière similaire avec un plafond de dépôt plus bas, à 12.000 euros.
Mais la fixation du taux du Livret A, qui sert aussi à financer l'aménagement du territoire, est un casse-tête depuis plusieurs années pour les autorités, qui doivent jongler avec les intérêts parfois contradictoires des établissements financiers qui gèrent une partie de ces fonds, des épargnants et des emprunteurs institutionnels, comme les bailleurs sociaux, les PME ou les collectivités territoriales.
Le tout dans un contexte de taux bas généralisés qui complique la tâche de faire fructifier l'argent.
"Ce nouveau taux [de 0,5%] permettra en effet de construire 17.000 logements sociaux supplémentaires et d'en rénover 52.000 chaque année" mais pourrait aussi financer "la rénovation thermique, la transition écologique ou la rénovation des hôpitaux, des écoles et des crèches", met en avant Bruno Le Maire.
Jamais sous 0,5%
Chargée de réaliser le calcul du taux de rémunération des livrets d'épargne réglementée, la Banque de France avait précisé plus tôt les modalités de cette nouvelle formule de fixation du taux.
Obtenu à partir de la moyenne des taux d'intérêt monétaire à court terme et de celle de l'inflation sur les six derniers mois, le taux du Livret A aboutit selon cette seule méthode à 0,23%. Or cette nouvelle formule intègre désormais un niveau plancher de 0,5%.
"Dès lors, c'est le plancher de 0,5% qui doit s'appliquer pour déterminer le taux du Livret A", avait préconisé le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, via un communiqué.
Cette rémunération "ne baissera jamais sous le niveau plancher de 0,5 %" tout comme celle du Livret de développement durable et solidaire (LDDS), assure pour sa part Bruno Le Maire. Et "dans six mois, nous verrons s'il faut réviser ce taux", ajoute le ministre.
Autre produit d'épargne au taux réglementé, le livret d'épargne populaire (LEP) voit également sa rémunération baisser à 1% contre 1,25%. Son calcul est différent mais lié au taux du livret A: il correspond soit au taux du Livret A majoré de 0,5%, soit à celui de l'inflation moyenne observée sur les six derniers mois - c'est le chiffre le plus élevé qui est retenu.
"Diversifiez votre épargne !"
A l'appui de cette décision, des prévisions d'inflation pour l'année 2020 qui "ne laissent pas anticiper aujourd'hui de facteurs significatifs de hausse et (des) taux d'intérêt monétaires (qui) eux-mêmes devraient rester durablement bas", détaille la banque centrale dans son communiqué.
"Ces deux facteurs combinés écartent la perspective de circonstances exceptionnelles", estime-t-elle.
En se rangeant aux préconisations de la Banque de France, le gouvernement poursuit également l'objectif qu'il s'était fixé en début de mandat d'orienter l'épargne des Français vers les entreprises.
Une ritournelle répétée par Bruno Le Maire qui exhorte, dans l'interview au Parisien, les ménages à diversifier leur épargne en la plaçant dans les produits que le gouvernement s'est escrimé à simplifier tels que l'assurance vie Eurocroissance, le plan épargne actions (PEA) ou le plan épargne retraite (PER).