Cette interpellation intervient au lendemain d'une décision de la Cour européenne de justice qui a accordé une victoire à Airbnb face à une organisation d'hôteliers français. Ces derniers lui reprochaient de violer les règles françaises applicables aux agents immobiliers (loi Hoguet) qui doivent souscrire une garantie financière et posséder une carte professionnelle.
Mais la cour a estimé que le géant américain ne pouvait être contraint de se conformer à ces règles, dans la mesure où la loi Hoguet n'a pas été notifiée par l’État français dans les conditions prévues par la directive européenne.
Rappelant la crise du logement qui frappe de plus en plus de métropoles dans le monde, les villes signataires se disent préoccupées par "l'augmentation des locations de meublés touristiques à travers les plateformes numériques" qui "soustrait du marché locatif des logements entiers pour les habitants des villes".
"Cela se traduit par la pénurie de logement abordables, car les prix tendent à augmenter lorsque la demande de logement va à la hausse et le parc immobilier à la baisse", soulignent-elles.
"Pour les administrations municipales que nous représentons, le refus de la plupart des plateformes du numérique de partager des données de location pertinentes constitue un frein majeur", dénoncent également les cinq villes.
Car, disent-elles, "sans ces données, il est quasiment impossible de faire respecter les réglementations existantes sur des questions telles que le nombre maximal de jours de locations, les taxes de séjours ou les normes de sécurité".
Le Comité européen des régions, assemblée d'expression des pouvoirs locaux (régions, provinces, villes...) au sein de l'UE, a transmis à la Commission un avis unanime, dans la perspective d'une révision de la directive "commerce électronique".
Parmi les thèmes évoqués figurent l'accès aux données des plateformes, leur responsabilité, la mise en œuvre d'une réglementation applicable au sein de l'UE et un droit de regard précis sur le marché du logement.
Airbnb : le nombre de logements loués plus de 120 jours à Paris a baissé de 40% en 2019
Seuls quelque 4.100 logements entiers ont été loués plus de 120 jours via Airbnb à Paris en 2019, un chiffre en baisse de 40% sur un an en raison du blocage automatique mis en place depuis janvier pour les résidences principales, annonce la plateforme.
Cela signifie que "moins d'un logement entier sur dix" loué à Paris via Airbnb - qui en propose quelque 65.000 - l'a été plus de 120 jours, souligne la plateforme de locations touristiques entre particuliers vendredi dans un communiqué.
Et selon la même source, seuls "2% des logements entiers" loués en 2019 via Airbnb l'ont été à l'année, soit quelque 1.040, dont 300 dans les quatre premiers arrondissements de la capitale.
Il s'agit, si la location respecte la légalité, de logements transformés en meublés touristiques via un changement d'usage: très contraignante à Paris, cette transformation impose une "compensation", c'est-à-dire la transformation d'un local commercial en un logement de surface au moins équivalente.
Il peut aussi s'agir de logements proposés en "bail mobilité" par exemple.
Ces logements, qui ne sont donc pas des résidences principales, ne sont pas concernés par la limitation automatique à 120 jours mise en place depuis le 1er janvier dans 18 villes dont Lille, Bordeaux, Lyon, Nice, Nîmes ou encore Aix-en-Provence.
C'est la première fois qu'Airbnb publie ce type de chiffres, alors que l'ampleur du phénomène des locations touristiques entre particuliers fait l'objet d'une guerre de communication entre les plateformes et nombre de grandes villes.
Les premières affirment que les locations touristiques entre particuliers ne sont qu'un phénomène marginal rapporté à l'ampleur du marché du logement.
A l'inverse, les villes voient dans le succès d'Airbnb une cause majeure de la difficulté à se loger, en particulier à Paris où la maire socialiste Anne Hidalgo a évoqué l'interdiction de la plateforme dans certains quartiers.
Interrogée vendredi par l'AFP, la Ville de Paris a d'emblée contesté ces chiffres: pour elle, le nombre d'appartements loués à l'année via Airbnb dans la capitale "se situe entre 25.000 et 30.000 logements, très loin des chiffres avancés par la plateforme".
La Ville de Paris, qui s'appuie sur les données de l'observatoire citoyen Inside Airbnb et ses propres opérations de contrôle, estime ainsi que seuls 40% des offres de logements proposés sur Airbnb sont légales car pourvues du numéro d'enregistrement obligatoire, contre 95% pour Booking et 75% pour Abritel.