"J'ai entendu des gens crier 'au secours, au secours, au secours, aidez-nous' ", a déclaré à l'AFP Assed Belal, un jeune habitant du quartier, arrivé sur place pendant l'incendie. "Il y avait des gens par terre, d'autres bloqués sur les balcons et les pompiers avaient du mal à intervenir à cause des arbres".
Alors que la fumée s'échappe du bâtiment, des occupants de l'immeuble, prisonniers des flammes, se sont jetés dans le vide, selon des informations recueillies par l'AFP.
"Mes amis m'ont dit qu'ils avaient réussi à rattraper un jeune de dix ans": sa mère, réfugiée sur un balcon au troisième ou au quatrième étage, l'a "jeté pour le sauver", a ainsi expliqué Assed Belal, en précisant n'avoir pas assisté à cette scène.
"C'est un choc, le bilan est extrêmement grave (..) je me suis entretenu avec le président de la République", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin vendredi matin à Paris, avant de se rendre sur place en compagnie d'Olivier Klein, le ministre délégué à la Ville et au Logement.
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête et saisi la police judiciaire pour déterminer les causes de ce "dramatique" incendie dont il a établi le décompte des victimes. "Aucune hypothèse n'est écartée, notamment la piste criminelle", précise son communiqué.
Le feu s'est déclaré peu après 03H00 dans un immeuble de sept étages situé dans une barre d'immeubles du quartier du Mas du Taureau et a mobilisé près de 170 pompiers et 65 engins, selon la préfecture. L'intervention s'est faite "dans des conditions difficiles", selon M. Darmanin.
Les flammes sont parties du rez-de-chaussée pour se propager vers les étages, piégeant certains habitants chez eux, tandis que les fumées envahissaient les parties communes, selon les pompiers.
"C'était effroyable", a déclaré à l'AFP Mohamed, le cousin d'un habitant du 4e étage qui a réussi à s'échapper par l'escalier avec ses deux enfants.
Les autorités ont évacué les habitants dans une salle municipale à proximité et des opérations de relogement sont en cours, selon les informations recueillies par l'AFP.
Deux cellules d'écoute ont été déployées à l'école Jean-Vilar et au collège Simone-Lagrange, dont des élèves seraient parmi les victimes de l'incendie, selon un communiqué du recteur de l'académie de Lyon, Olivier Dugrip.
"Tragique"
Des constatations sont en cours pour déterminer les causes du feu, selon un porte-parole de la préfecture sur place.
La maire socialiste de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, "signale très souvent les immeubles de sa commune, et notamment du quartier du Mas du Taureau qui présentent des risques en terme de sécurité", a souligné le député LR Alexandre Vincendet dans un communiqué.
"Ce drame doit nous inciter à être plus réactifs concernant la sécurité au sein des logements collectifs", a-t-il estimé, plaidant pour qu'un diagnostic de risque incendie soit lancé sur tous les logements signalés par les élus locaux.
Deux sapeurs-pompiers ont été légèrement blessés lors de l'intervention, selon la préfecture. Un important dispositif de gendarmerie a également été déployé sur le terrain, a constaté l'AFP.
L'incendie est survenu au Mas du Taureau, un quartier populaire en plein renouvellement urbain, après avoir été longtemps le symbole des quartiers sous tension dans la banlieue lyonnaise.
La métropole a lancé au début des années 2000 un programme de 100 millions d'euros pour repenser ce qui doit devenir un "éco-quartier", en développant commerces de proximité et transports en commun.
Le taux de pauvreté à Vaux-en-Velin, une commune peuplée par une population jeune (près de 50% de moins de 30 ans) s'élevait à 33% en 2019, selon les dernières statistiques de l'Insee.
Les réactions de solidarité envers les victimes et leurs familles affluaient sur les réseaux sociaux. "Tristesse face au tragique incendie", a tweeté la Première ministre Elisabeth Borne. Une "horreur", pour le maire écologiste de Lyon Gregory Doucet.