Cet exercice prospectif, réalisé par le service des statistiques du ministère du Travail (Dares) et France Stratégie, organisme de réflexion auprès du Premier ministre, porte sur 2019-2030 et aurait dû être publié en 2020 mais il a été revu à la lumière de la crise du Covid.
Pour les auteurs, ces besoins de recrutement seraient massivement (à 89%) liés aux départs en retraite et alimentés seulement à 11% par un million d'emplois supplémentaires créés entre 2019 et 2030, dont deux tiers dans les services.
Le rapport confirme la poursuite de la tertiarisation de l'emploi au bénéfice des services aux entreprises, des professions de santé et d'aide aux personnes fragiles.
Pour autant, du fait notamment de la volonté de limiter la dépendance industrielle, la part de l'industrie ne diminuerait plus. Alors que 170.000 postes industriels ont été détruits entre 2009 et 2019, le rapport prévoit 45.000 emplois supplémentaires à l'horizon 2030. Et 20.000 de plus en cas d'accélération de la transition écologique, qui bénéficierait aussi fortement à la construction.
Parmi les métiers comptant le plus de postes à pourvoir, le rapport distingue trois catégories.
La première comprend les métiers qui créeraient peu ou pas d'emplois, avec essentiellement des départs en retraite : c'est le cas des agents d'entretien, des enseignants ou des conducteurs de véhicules.
La deuxième catégorie regroupe "les métiers où les créations d'emplois représenteraient au moins un quart des postes à pourvoir" : les aides à domicile, les aides-soignants, les infirmiers, les sages-femmes, les cadres administratifs, comptables et financiers, les cadres commerciaux, les ouvriers qualifiés de la manutention et les techniciens de maintenance.
La troisième catégorie est constituée des ingénieurs de l'informatique et des ingénieurs et cadres techniques de l'industrie. Ces professions se distinguent par leurs créations d'emplois qui représenteraient "au moins la moitié" des besoins. "Ce sont des métiers relativement jeunes qui conjuguent un fort dynamisme de l'emploi et de faibles départs à la retraite", selon le rapport.
Des difficultés dès le recrutement
Si on confronte ces besoins de recrutement avec le vivier potentiel de jeunes, le rapport met en évidence des "déséquilibres potentiels" selon les professions.
Les difficultés de recrutement se maintiendraient pour deux métiers sur cinq, notamment les aides-soignants, les techniciens et cadres du bâtiment et des travaux publics, les ingénieurs de l'informatique et les ingénieurs et cadres de l'industrie.
Elles s'aggraveraient dans certains cas en raison d'une faible attractivité des métiers. C'est le cas par exemple des conducteurs d'engins du bâtiment et des travaux publics.
Ces déséquilibres pourront être réduits "par la mobilité professionnelle, la diminution du chômage, le recours aux inactifs ou à l'immigration", a souligné Cédric Audenis, commissaire général adjoint de France Stratégie, lors d'un point de presse.
Le rapport prévoit 1,8 million de créations nettes d'emplois pour les diplômés du supérieur et 800.000 destructions pour les non diplômés du supérieur. En France, même s'il y a
une demande pour certains métiers peu qualifiés comme la manutention, "il y a bien au total une baisse de l'emploi non qualifié", a souligné M. Audenis.