Début février, Rayan, 20 ans, a intégré la Garantie jeune, un dispositif qui doit aider les 16-25 ans "décrocheurs" à trouver un emploi ou une formation, et qui sera remplacé au 1er mars par le Contrat d'engagement jeune (CEJ).
Le jeune homme au survêtement gris et vert, cheveux bruns plaqués en arrière, a déjà travaillé dans la manutention ou comme livreur à vélo. Il aimerait trouver un poste "dans la vente d'équipements sportifs ou dans une salle de sport".
Ce vendredi de mi-février, dans les locaux surchauffés de la mission locale, il n'a pas trouvé son bonheur mais Jessica Colotroc, une des conseillères, l'encourage à aller voir les entreprises présentes, "c'est toujours des contacts de pris pour plus tard", le remotive-t-elle.
Le CEJ promet un suivi plus personnalisé que le dispositif précédent. A Moissy-Cramayel, la mission locale a pris les devants. Depuis février, elle est entrée en "phase test", explique le responsable du dispositif Cédric Ruel, avec une organisation proche de celle attendue dans le CEJ.
Lors du premier mois, les jeunes viennent presque tous les jours à la mission locale et participent à des ateliers collectifs. Une fois le premier mois passé, ils participent plus sporadiquement aux ateliers, selon leurs besoins et leurs problématiques (logement, démarches administratives, passage du permis...).
"Avant, les ateliers étaient les mêmes pour tout le monde", précise Cédric Ruel. Les échanges avec le "conseiller référent" sont aussi plus fréquents. Ce suivi est une garantie pour s'assurer de l'assiduité des bénéficiaires, qui conditionne le versement de l'allocation (jusqu'à 500 euros par mois).
"J'y vais au talent"
Certains jeunes ont des parcours de vie chaotiques, "en rupture familiale" ou en difficulté avec la justice, souligne Céline de Bock, une des trois conseillères Garantie jeunes. Mais elle fait tout pour garder le contact. "Grâce à des conversations Whatsapp nous avons déjà un suivi plus intensif (que demandé), expose-t-elle. On fait souvent des entretiens informels mais qui permettent de créer du lien, de la confiance".
Ce vendredi matin, elle ne cesse de faire des allers-retours dans le couloir exigu, distribuant leurs CV aux postulants. "Quel beau costume !", s'exclame-t-elle devant certains jeunes venus sur leur 31.
"Nous avons participé à un atelier de boxe, ou un atelier théâtre pour être plus à l'aise face aux recruteurs, mais moi j'y vais au talent", fanfaronne Mohamed, 19 ans, bac pro commerce en poche qui recherche une alternance dans la vente. Malgré sa confiance apparente, la fébrilité du jeune homme transparaît. Il attend son tour dans la file d'attente qui ne cesse de s'allonger devant une petite salle où sont rassemblés des recruteurs. Entreprises, centres de formation, école de la deuxième chance ou agences d'intérim sont présentes pour rencontrer les jeunes.
Dans cette file, Jemima, 22 ans, a besoin d'un revenu. "Mon contrat s'est terminé et je n'avais plus de travail. Je suis venue à la mission locale pour m'aider à m'orienter, soit vers l'emploi, soit vers l'alternance".
Pour Cédric Ruel, l'un des avantages du CEJ est l'ouverture plus importante vers d'autres dispositifs d'accompagnement comme les écoles de la deuxième chance. "Ça va permettre à certains d'affiner leurs projets professionnels, notamment pour les plus jeunes qui ne sont pas assez mûrs pour qu'on les mette en lien directement avec les entreprises."
L'objectif reste le même, "les faire travailler sur leurs valeurs, leurs centres d'intérêts à travers des ateliers", pour montrer qu'au-delà des diplômes, ces jeunes "décrocheurs" ont des compétences.