"Le but est de s'assurer que tout le monde ait un logement convenable, adapté à sa famille", explique Laëtitia Berriguiga, présidente du collectif des sinistrés, créé quelques jours après le drame.
Dans la nuit du 15 au 16 décembre, peu après 3H00, un incendie s'est déclaré dans cette copropriété de sept étages située dans un quartier populaire en cours de rénovation urbaine. La fumée et les flammes se sont propagées depuis le rez-de-chaussée. Dix personnes sont décédées, dont quatre enfants.
"Pendant une bonne heure on pensait que c'était fini pour nous", raconte Hedi, 58 ans. Le jour du drame, il s'est réfugié avec sa femme et trois enfants dans une chambre, couchés au ras-du-sol pour pouvoir respirer. La famille avait acheté un appartement au 5e étage de la résidence du Rhône en 1989.
La plupart des sinistrés avaient été relogés dans l'urgence dans l'internat d'un lycée. Aujourd'hui, ils sont dans des logements provisoires pas toujours adaptés: appartements prêtés par des bailleurs sociaux, hôtels ou solution de secours dans leur famille.
Une cellule spéciale pour le relogement doit traiter le cas de 31 familles, soit environ 90 personnes, selon la mairie de Vaulx-en-Velin.
"La moitié des familles a une proposition de logement ou est relogée. Et la moitié a reçu des propositions qui pourraient ne pas convenir", explique à l'AFP la maire (PS) Hélène Geoffroy. "L'objectif est qu'à fin janvier nous ayons réglé le maximum de situations".
"Ici pour un temps ça va, c'est propre, c'est calme, c'est juste que c'est un peu petit", constate Loulou Abdallah, locataire de l'immeuble sinistré, relogée comme plusieurs autres familles dans un immeuble de logements sociaux dans un quartier à proximité. On lui a proposé une solution plus durable, mais l'appartement était "vieux", "humide", inadapté pour une de ses filles qui a de l'asthme.
De son côté, Anissa vit encore à l'hôtel, avec sa famille, dont quatre enfants, certains en bas âge. "On attend aujourd'hui des propositions qui seraient cohérentes et à la hauteur de ce qu'on a vécu", souhaite cette propriétaire depuis 2001. "On est sous pression et notre détresse n'est pas prise en compte", estime-t-elle.
Accident, vétusté du bâtiment ? L'enquête sur le départ du feu qui a poussé plusieurs habitants à sauter dans le vide pour échapper aux flammes se poursuit, sans interpellation à ce stade, selon le parquet de Lyon.
Copropriétés vétustes
L'incendie a aussi relancé un débat sur l'entretien de ces résidences où les copropriétaires sont des personnes à revenus modestes, qui peinent parfois à payer les charges. Sans compter les questions de sécurité publique qui viennent se mêler au débat.
Placée sous administration judiciaire, la résidence du Rhône, comprenant 107 logements sur trois immeubles, devait être rénovée dans le cadre d'un plan de sauvegarde concernant une douzaine de copropriétés vétustes dans le quartier. Les travaux prévus n'avaient pas commencé.
"L'immédiateté essentielle c'est de reloger les familles dans les meilleures conditions possibles, le plus rapidement possible. Le deuxième sujet, c'est l'accompagnement du quartier, sa restructuration urbaine, l'accélération des travaux dans la copropriété", résume Mme Geoffroy.
Quelques jours après le drame, l'édile avait été reçue à Matignon où elle avait plaidé pour une évolution rapide de la loi sur les copropriétés, afin de donner aux collectivités locales la possibilité de prendre la main en cas de défaillance des intermédiaires, syndics ou administrateurs judiciaires.
Autre sujet, ces quartiers construits à partir des années 1970 "ne permettent pas à la police d'intervenir de façon correcte", souligne Hélène Geoffroy. Les dalles de parking et les allées peu accessibles aux véhicules favorisent notamment l'installation de points de deal.
Que va-t-il advenir de l'immeuble gravement endommagé ? Les premières expertises laissent entrevoir des "travaux assez longs", selon la mairie, dans l'attente d'un diagnostic complet.
Pour Hedi, "c'est l'investissement d'une vie qui est parti comme ça. A deux ans de la retraite".