En fin d'après-midi, ces quelques bâtisses autour desquelles les manifestants avaient construit des barricades en empilant branches d'arbres, morceaux de toitures, parpaings ou vieux pneus, étaient totalement sous contrôle des forces de l'ordre, qui, avec le soutien de deux véhicules blindés et de poids lourds, ont installé de hautes barrières grillagées.
"Nous avons engagé aujourd'hui (dimanche) 1.200 gendarmes dont 600 rien que sur l'opération d'évacuation, nous maintenons ce dispositif tant qu'il sera nécessaire", a déclaré lors d'un point de presse le colonel Jean-Michel Doose, commandant du groupement de gendarmerie du Tarn.
On était en train de manger, on a vu un peu des camions arriver et on s'est dit que l'on allait évacuer les personnes les plus sensibles et très vite, il y a eu des bombes lacrymo qui sont tombées autour de nous", a raconté à l'AFP la militante écologiste Camille Etienne qui se trouvait dans la cour d'une des maisons investies par les manifestants dans le lieu-dit La Crémade, au moment où les forces de l'ordre sont arrivées.
La veille, plusieurs dizaines de militants opposés au projet d'autoroute s'étaient installés en milieu d'après-midi dans les lieux, rapidement peinturlurés de slogans comme "Des forêts, pas des faux rêves", "Brisons nos chaînes, sauvons nos chênes" ou encore "Nous sommes la bande d'arrêt d'urgence".
Fumées des lacrymogènes
En utilisant les gaz lacrymogènes pour éloigner les opposants, les gendarmes mobiles ont pris le contrôle des bâtiments en quelques minutes, repoussant les quelque centaines de manifestants présents alors dans une prairie toute proche, voisine du campement de la mobilisation "Ramdam sur le macadam" d'où étaient parties les manifestations du samedi.
Dans l'après-midi, forces de l'ordre et opposants se sont fait face pendant quelques heures alors que de temps à autre, les gendarmes faisaient usage de grenades de désencerclement ou tiraient des salves de lacrymogènes pour éloigner ceux qui se rapprochaient trop.
Au milieu des fumées des lacrymogènes, les manifestants lançaient quelques projectiles, scandant "No Macamam !" ou "Siamo tutti antifascisti" (nous sommes tous des anti-fascistes), en frappant dans leurs mains.
Peu à peu, leurs rangs perdaient en densité, les slogans se faisaient moins appuyés et vers 15h00, la situation commençait à se calmer, alors que dans le grand campement voisin du "Ramdam", des manifestants repliaient leurs tentes pour reprendre la route.
Une heure plus tard, les opposants faisant encore face aux gendarmes se regroupèrent pour former au sol avec des troncs d'arbre, des douilles de grenades lacrymogènes puis avec leurs corps allongés le logo des Soulèvements de la Terre. Avant de nettoyer le site et de quitter les lieux.
"L'objectif est atteint c'est-à-dire pas d'installation de ZAD sur ce territoire", s'est félicité le préfet du Tarn, Michel Vilbois, en début de soirée.
"Le chantier (de l'autoroute) s'est interrompu vendredi pour le week-end et il reprendra demain de manière tout à fait naturelle et chaque fois qu'il sera entravé de manière illégale, nous serons amenés à intervenir", a-t-il ajouté.
"Fuite en avant climaticide"
Dans un message posté sur X (ex-Twitter), le ministre de l'Intérieur a remercié les forces de l'ordre "qui, grâce à leur courage, ont empêché les individus violents d'établir une ZAD dans le Tarn".
Les organisateurs de la mobilisation anti-A69 de ce week-end ont de leur côté dénoncé dans un communiqué une "attaque brutale de la police sur le campement et les bâtiments occupés le long du chantier".
"Nous dénonçons une fois de plus la répression et la politique de fuite en avant climaticide du gouvernement dont la construction de l'A69 est emblématique", ont-il ajouté.