Quels profils ?
Les opposants aux JO sont avant tout implantés en région parisienne, dans les territoires qui accueilleront la compétition mondiale. Au premier rang figure la Seine-Saint-Denis, qui reçoit la majorité des investissements publics pour ériger des réalisations pérennes.
Saint-Ouen, Saint-Denis, La Courneuve, Dugny, Aubervilliers... Autant de villes qui vont bénéficier des projets olympiques, reconvertis ensuite en logements ou équipements publics.
En face, la mobilisation est hétéroclite: aux riverains directement concernés par ces aménagements se mêlent des associations de défense de l'environnement et des oppositions politiques locales, majoritairement ancrées à gauche.
Certaines de ces organisations sont déjà implantées et actives sur différentes sujets locaux, à l'image du Mouvement national de lutte pour l'environnement 93 et Nord Est parisien. Les autres sont plus récentes et diffuses, créées dans la perspective des Jeux, comme le "Comité citoyen de vigilance des JO 2024" ou le collectif "Saccage 2024".
En mai dernier, Saccage 2024 a organisé des "Rencontres internationales anti-olympiques" à Saint-Denis et La Courneuve.
Parmi ses invités figuraient des activistes mobilisés contre les JO passés (Londres, Tokyo) ou qui militent contre ceux à venir (Los Angeles).
"Nous ne sommes pas les seuls à lutter contre cette mégamachine olympique qui ravage les terres que nous cultivons et les quartiers où nous vivons", affirme le collectif.
Son discours altermondialiste rejette jusqu'à la compétition elle-même, "un sport compétitif, nationaliste et obsédé par le profit".
Le nombre d'opposants à Paris-2024 est difficilement calculable et fluctue. A ce stade, les mobilisations ont rassemblé au maximum jusqu'à quelques centaines de personnes, dont des familles, et se déroulent sans débordement.
Ces manifestants revendiquent une action non-violente.
Quels combats ?
Outre des défilés classiques, les opposants tentent d'innover à travers d'autres formats.
A Saint-Denis en mai 2021, une poignée d'entre eux a coupé la circulation en installant de faux arbres en carton, des barrières de jardin et des tables pour transformer une route en "square éphémère".
Ils dénonçaient les risques sur la santé de 700 élèves d'une école qui jouxte un échangeur autoroutier en construction pour les besoins des Jeux.
A Aubervilliers, des militants ont occupé pendant quelques mois, jusqu'à leur évacuation par les forces de l'ordre en septembre 2021, une partie des jardins ouvriers promis à la destruction en vue de la construction d'une piscine d'entraînement pour les athlètes.
Ces "JAD" ("Jardins à défendre") éphémères, version miniature de la ZAD ("Zone à défendre") de Notre-Dames-des-Landes, ont accueilli des habitants et des activistes plus chevronnés, le temps de débats entre les potagers.
Les projets liés aux Jeux impliquent une artificialisation des sols à l'encontre de l'urgence climatique, estiment leurs détracteurs.
Peu nombreux sur le terrain, ils amplifient la visibilité de leurs actions via les réseaux sociaux, qui font caisse de résonance avec d'autres luttes écologiques dans le pays.
L'autre arme des opposants est judiciaire, via de nombreux recours devant le tribunal administratif ou directement devant la cour administrative d'appel de Paris, instance judiciaire désignée pour régler les contentieux liées aux Jeux.
Quels résultats ?
Un échangeur autoroutier, le futur village des médias et la piscine d'Aubervilliers ont été visés par des procédures judiciaires. Les requérants ont obtenu des délais dans le démarrage des travaux, mais aucun projet n'a été abandonné.
Seule victoire notable à Aubervilliers, où la pugnacité des opposants a forcé la ville à réviser le projet d'origine. Sommée par le juge, la ville a corrigé son permis de construire en supprimant les constructions annexes de la piscine, prévues sur le périmètre des jardins.
Aux yeux de nombreux opposants, les JO agissent toutefois comme "un rouleau compresseur" auquel il est ardu de résister.
En réponse, les autorités rappellent l'opportunité qu'offrent les projets olympiques pour le développement de la Seine-Saint-Denis, soulignant que les contestations sont inhérentes à ces grands projets urbains, désormais tous sur les rails.