Jusqu'aux Jeux, les acteurs du prolongement de la ligne 14, jusqu'à Saint-Denis et son village olympique au nord et vers l'aéroport d'Orly au sud, racontent à l'AFP comment ils se préparent.
C'est le tour d'Elisa Chazel, cheffe de projet à la RATP pour la complexe opération d'installation de la nouvelle signalisation automatique. Indispensable pour doubler la longueur de la ligne et transporter 1 million de passagers par jour, ce changement de génération des automatismes a encore récemment exigé une fermeture de la ligne, pendant deux semaines. "Ca s'est très bien passé!", se félicite-t-elle.
La fin du chantier est toujours prévue en juin, et d'autres fermetures sont annoncées d'ici là pour tester pleinement cette nouvelle signalisation sur les nouvelles portions, jusqu'à Saint-Denis (à proximité du Stade de France) et jusqu'à Orly.
"Depuis le 26 février 2024, la ligne 14, comme prévu, roule avec l'automatisme de nouvelle génération.
La première génération avait atteint ses limites de capacité. Elle restait tout à fait opérationnelle sur le périmètre actuel de la ligne, d'Olympiades à Saint-Ouen, mais n'était plus en mesure de supporter des stations supplémentaires, ni le nombre de rames nécessaires au prolongement.
L'ancien système permettait d'avoir des intervalles de 95 secondes entre deux trains. Le nouveau permettra de passer à 80 secondes si un jour on en a le souhait, le besoin. Aujourd'hui quand on le teste, ça fonctionne.
Entre Olympiades et Saint-Ouen, on a installé le nouveau système pendant que l'ancien fonctionnait encore. C'est une première mondiale !
Tous les équipements ont été doublés. Ca représente des armoires techniques partout. Il y a des boucles, des longueurs de câbles assez phénoménales qui ont été déroulées, et surtout raccordées à chaque équipement en remontant un à un des signaux dans les machines... Il faudra retirer ultérieurement les anciens équipements, après les JO.
"On tient le calendrier"
Les essais sur la ligne ont démarré début 2023, pendant des nuits longues, pendant des week-ends, puis les ITC (interruptions temporaires de circulation, c'est-à-dire des fermetures de la ligne, NDLR) de l'été et de la Toussaint en particulier.
Pendant les ITC, on se mettait en configuration avec le nouveau système. Et évidemment, au moment de la remise en circulation avec des voyageurs, on rebasculait sur l'ancienne génération.
En février, on a totalement basculé (les portions actuelles, NDLR) sur le nouveau système. Ça s'est très bien passé !
Bien sûr, le système est jeune: il y a des petits aléas techniques qui sont tous systématiquement pris en charge, analysés, avec un objectif de compréhension bien sûr, mais surtout de correction très rapide.
Sur chacune des ITC, il y a une densité de travail très phénoménale. C'est des dizaines et des dizaines de personnes qui sont mobilisées jour et nuit en continu. Et il y a quelque chose de très galvanisant pour les équipes de la RATP et de Siemens, l'industriel qui fournit les automatismes.
On ne se permet pas de faire des interruptions de circulation sans capitaliser sur chaque heure de fermeture. Outre le fait qu'il y a tout un pan d'essais qu'on ne sait pas faire autrement, ça apporte ce bénéfice de pouvoir faire tourner un nombre très important de trains pendant des dizaines d'heures - c'est une partie du rodage qui se fait déjà.
D'autres ITC seront encore nécessaires. Du 7 au 14 avril, on sera encore sur une phase de tests de paramétrage et robustesse du système.
Du 8 au 12 mai, on va se mettre en configuration pour la ligne complète. A l'issue de ces cinq jours d'ITC, l'exploitant sera en marche à blanc (circulation des rames en conditions réelles, sans voyageurs, pour s'assurer que tout va bien, NDLR).
On tient le calendrier et on le tiendra, on n'a plus de doute là-dessus. Tout est organisé pour livrer le projet au tout début juin.
On a pas d'inquiétude sur le fait d'aboutir avant les JO !"