Selon les chiffres publiés mercredi par l'Insee, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) a progressé de 64.000 à 2,3 millions de personnes.
Le trimestre précédent avait déjà été marqué par une légère remontée (+0,1 point).
Pour les 15-24 ans, la hausse au troisième trimestre est de 0,7 point à 17,6%. Elle est de 0,2 point pour les 25-49 ans à 6,7% et stable pour les 50 ans ou plus à 5,1%.
"On pouvait s'attendre à une telle hausse compte tenu du ralentissement de l'économie mondiale en lien notamment avec le resserrement des politiques monétaires des banques centrales - et des tensions géopolitiques", a aussitôt affirmé le ministre du Travail, Olivier Dussopt, dans un message transmis à la presse.
Il a ajouté rester "entièrement mobilisé" face à cette augmentation qu'il espère "ponctuelle", soulignant que "si l'emploi connaît une pause ce trimestre", les tensions de recrutement "restent vives dans l'économie".
Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l'Insee, a relevé auprès de l'AFP que cette "légère" hausse "fait suite à plusieurs trimestres de relative stabilité depuis 2022 et une baisse plus longue, quasi ininterrompue entre 2015 et 2022".
"Le taux de chômage a retrouvé son niveau du deuxième trimestre 2022, mais il se situe toujours à un niveau plutôt bas sur longue période", a-t-il ajouté. Il reste ainsi "nettement au-dessous" de son pic de mi-2015 (-3,1 points), selon l'Insee.
Selon M. Jauneau, "il faudra attendre quelques trimestres pour voir si cette légère hausse se confirme, pour voir si c'est le début d'une tendance".
"Mauvais sens"
Pour Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), on est bien "dans une phase de début d'inversion de la courbe du hômage dans le mauvais sens".
Alors que l'emploi était "très très dynamique depuis près de trois ans", l'OFCE prévoit une réduction des volumes dans les trimestres à venir, accompagnée d'une hausse du chômage, sur fond notamment de croissance "poussive" ou de "hausse de coûts de production", a-t-il rappelé. L'organisme avait indiqué mi-octobre s'attendre à une remontée du taux de chômage, à 7,4% fin 2023 et 7,9% fin 2024.
La Banque de France a aussi prédit mi-septembre que le taux de chômage remonterait progressivement jusqu'à 7,8% en 2025.
Dans sa dernière note de conjoncture mi-octobre, l'Insee de son côté, avait prévu une légère hausse au second semestre à 7,3%, un niveau "très voisin" de celui publié mercredi, selon M. Jauneau.
Le ministre du Travail continue de se dire convaincu que le plein emploi est atteignable, soit un taux de chômage autour de 5% en 2027.
Il compte notamment sur la loi "pour le plein emploi", adoptée par le Parlement mardi qui vise notamment à une meilleure coordination des acteurs du service public de l'emploi, réorganisés en réseau autour de Pôle Emploi rebaptisé "France Travail".
Mais Mathieu Plane souligne que s'il n'y a pas "une explosion du taux de chômage", il a "du mal à imaginer que ce soit juste une simple pause". Aux yeux de l'économiste, cela "rend extrêmement difficile l'objectif de ramener le taux de chômage à 5% d'ici la fin du quinquennat". Un objectif rendu "d'autant plus compliqué" avec la réforme des retraites qui "augmente le nombre d'actifs sur le marché du travail".
Bruno le Maire appelle la majorité à "rester fidèle" à la promesse d'Emmanuel Macron
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a appelé mercredi la majorité à "rester fidèle" à la promesse d'Emmanuel Macron de transformer le modèle social et l'économie pour atteindre le plein emploi, estimant qu'on est "à la croisée des chemins".
Le ministre s'exprimait sur Europe1 et CNews après la publication des chiffres du taux de chômage au troisième trimestre.
Comme le ministre du Travail Olivier Dussopt, M. Le Maire a surtout vu dans cette hausse "une conséquence du ralentissement de l'économie en Europe, et de l'économie mondiale".
"Nous avons fait un travail considérable pour arriver à 7%" (de chômage) et "si nous voulons tenir la feuille de route fixée par le Président de la République et passer de 7 à 5, nous n'y arriverons pas à modèle social constant", a estimé le ministre.
Il a cité "au moins trois choses à changer", la facilité de mobilité des salariés, grâce à "une politique sur le logement très offensive", une accélération de la formation des seniors, prônant aussi une réflexion "sur les dispositifs d'indemnisation du chômage, pour garder une vraie différence entre revenus du travail et les revenus de la redistribution".
"J'appelle juste la majorité à rester fidèle à ce qu'est la promesse originelle d'Emmanuel Macron et du président de la République, transformer notre modèle social, notre économie pour atteindre le plein emploi, pour réindustrialiser le pays et pour que chacun vive bien de son travail", a lancé M. Le Maire.
Selon lui, "nous sommes à la croisée des chemins" : "Pour les quatre années qui restent, est-ce qu'on vit sur nos acquis ou est-ce qu'on relance la machine des réformes de structure, de la transformation de notre modèle social, du marché du travail, pour viser le plein emploi, la réindustrialisation et le rétablissement des comptes publics ? Je plaide très fortement pour la deuxième voie", a conclu M. Le Maire.