"Je crois à l'investissement public. Je crois à la +main bien visible+ de l'Etat. Une main qui oriente, qui organise", a déclaré le Premier ministre lors d'un déplacement à Metz consacré au plan d'investissement de 57 milliards d'euros lancé fin 2017 par le gouvernement.
"Je ne suis pas sûr que la Silicon Valley aurait connu le même destin sans les commandes de l'Etat américain dans les domaines de l'armement et de l'aérospatiale et sans son soutien à la constitution de pôles d'enseignement et de recherche", a-t-il poursuivi.
Le chef du gouvernement, accompagné par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et par sa collègue de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, a toutefois jugé nécessaire de suivre un "cap" clair dans le choix des projets financés par l'Etat.
Le Grand plan d'investissement (GPI) de 57 milliards d'euros, lancé en septembre, doit financer d'ici 2022 les priorités de l'exécutif, en particulier la transition écologique, le numérique et la formation professionnelle, qui bénéficiera d'une enveloppe de 15 milliards d'euros.
Il comprend des fonds nouveaux alloués à ces secteurs mais aussi des crédits déjà budgétés, notamment via les programmes d'investissement d'avenir (PIA).
"Ce plan se structure. Il se diffuse dans nos régions", a assuré Edouard Philippe, en installant un "comité de surveillance" présidé par l'ancienne directrice générale d'Artemis Patricia Barbizet, chargé de suivre la mise en oeuvre de ce plan à 57 milliards.
Fonds pour start-ups fragiles
Ce comité devra "veiller" à ce que "le gouvernement fasse les bons choix", "des choix qui transforment, des choix qui structurent", a souligné le Premier ministre, jugeant nécessaire que l'argent de l'Etat "serve à investir et non à boucler les fins de mois".
Selon Matignon, cette structure -- composée de 8 personnalités qualifiées issues du monde de l'entreprise et de 8 élus, dont la députée Olivia Grégoire (LREM) et le président de la région Aquitaine Alain Rousset (PS) -- sera également chargée d'évaluer l'efficacité des PIA.
A Metz, le Premier ministre a également annoncé la mise en place d'une structure destinée à piloter et définir les priorités du fonds pour l'innovation de 10 milliards d'euros, abondé par les privatisations: le "Conseil pour l'innovation".
"Ce conseil, qui se réunira pour la première fois le 19 juillet, comprendra des représentants du monde de la recherche, de l'entreprise, de l'accompagnement des start-ups et de l'investissement", a précisé M. Philippe.
Le chef du gouvernement a enfin évoqué la mise en place d'un fonds pour les jeunes entreprises disposant d'une "structure capitalistique fragile", et dont les besoins de financement ne peuvent pas être couverts par l'industrie du capital risque.
Ce fonds, baptisé French tech seed et géré par Bpifrance, "sera doté de 400 millions d'euros" via les PIA et "pourra investir directement aux côtés d'investisseurs privés dans les start-ups", a indiqué M. Philippe.
Dans un rapport publié la semaine dernière, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) avait appelé les pouvoirs publics à amplifier la politique d'investissements en France, mais avec une "meilleure sélectivité", pour tenir compte des contraintes budgétaires.