Le président du Medef "pessimiste" sur l'issue des discussions sur les retraites

"Nous négocierons de bonne foi et avec le souci sincère de trouver un accord, comme nous le faisons toujours, mais je suis hélas pessimiste sur l'issue des discussions", indique-t-il au cours de cette interview.

A l'initiative du Premier ministre François Bayrou, les participants au "conclave" des retraites sont chargés de retravailler la réforme des retraites de 2023, les syndicats demandant l'abrogation du relèvement à 64 ans de l'âge de départ, tandis que le gouvernement exige un retour à l'équilibre financier du système dès 2030.

"Une mauvaise idée" et "une initiative malheureuse", fustige Patrick Martin, "prise dans le cadre d'un accord de non-censure avec le Parti socialiste, alors même que le plus grand nombre des Français s'étaient résignés à la réforme", assure le patron des patrons.

Patrick Martin voit dans "le retour à l'équilibre financier de notre système par répartition dès 2030", impératif des négociations posé par François Bayrou dans une lettre aux dirigeants des organisations patronales et syndicales, "le noeud du sujet".

"Il faut que toutes les parties prenantes acceptent de s'inscrire dans cette perspective qui nous paraît de bon sens", explique le président du Medef.

Or dans ce cadre, Patrick Martin voit "mal comment la cible d'un retour à l'équilibre en 2030 pourrait être atteinte si l'on remet en cause la règle des 64 ans".

Mais même en cas d'hypothétique accord entre partenaires sociaux, les différents acteurs entreraient "en terra incognita", estime Patrick Martin.

Le texte issu de l'accord "aurait vocation à être transcrit dans un texte soumis à la représentation nationale" et deviendrait sujet à des "initiatives parlementaires susceptibles de remettre en cause le compromis", explique le président du Medef.

La Cour des comptes a évalué la semaine dernière, dans un rapport qui doit servir de base aux discussions, que le déficit du système de retraites devrait atteindre 6,6 milliards d'euros en 2025, et se "stabiliser" jusqu'en 2030 avant de se creuser davantage.