"La porte de la Chapelle est un peu dans la situation du basket professionnel parisien avant notre arrivée: elle a besoin de renaître, d'être régénérée", ose auprès de l'AFP David Kahn, le président du club créé ex nihilo en 2018 avec Eric Schwartz (actionnaire majoritaire).
Les Américains avaient dès le départ dans le viseur la future enceinte prévue dans le dossier de candidature de Paris aux Jeux olympiques 2024.
Propriété de la mairie de Paris et d'un coût de 138 millions d'euros (dont 40 à 50 millions déboursés par la Solideo, l'établissement chargé des infrastructures olympiques), elle accueillera les épreuves de badminton et de gymnastique rythmique, puis le para-badminton et la para-haltérophilie lors des Jeux paralympiques.
A partir du 15 septembre, matches de basket, concerts et événements rempliront cette arène de 8.000 (en configuration basket) à 9.000 places, à laquelle Adidas a accolé son nom contre 2,1 millions d'euros par an.
L'Arena est "la salle de capacité intermédiaire" qui manquait à Paris selon Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie.
"Il se trouve qu'elle collait aussi aux ambitions du club de basket", dont les propriétaires américains veulent faire une place forte de la balle orange en Europe.
"Effet chaudron"
Pour cela, ils ont besoin d'une salle moderne et de ses recettes – contre une redevance annuelle dont ni le club ni la mairie n'ont souhaité communiquer le montant.
Les résultats cette saison sont en adéquation avec leurs ambitions: troisième budget (9,2 millions d'euros) du championnat, cependant loin derrière les mastodontes Asvel (21,1) et Monaco (27,5), Paris occupe la quatrième place du classement avant de recevoir Saint-Quentin dimanche (19h00).
Deux ans et demi après sa montée en Elite, il a dans le viseur une première participation aux play-offs et qualifié en pour les quarts de finale de l'Eurocoupe.
C'est dans cette deuxième compétition européenne que Paris a disputé, mercredi, son dernier match à la Halle Georges-Carpentier, vétuste salle du sud de la capitale.
Direction donc le nord et un écrin dernier cri, où "compacité et effet chaudron" sont promis par Nicolas Dupeux, directeur général du gestionnaire Paris Entertainment Company (PEC).
Tout en haut de l'abrupte tribune côté ouest, "un sky bar" pour les spectateurs souhaitant suivre le match en discutant un verre à la main.
Et autour des gradins, des loges et salons grand ouverts, dont un (vitré) donnant sur le couloir emprunté par les joueurs entre le vestiaire et le parquet.
"On a souhaité révolutionner le code des hospitalités" affirme Nicolas Dupeux, mettant également en avant le mobilier et la décoration tendance street art.
Un créneau emprunté dès sa création dans sa communication et son marketing par le Paris Basketball, dont le président veut que "la culture parisienne et la culture urbaine soient célébrées" à l'Arena.
Culture urbaine
De fait, une partie des 26.000 m2 de l'enceinte, dont le parvis en partie végétalisé est ouvert sur la rue, est composée d'un espace (ouverture début 2025) conçu comme un lieu de vie quotidien (spectacles, expositions, food court) qui s'ouvre sur une vaste terrasse.
Et de deux gymnases destinés aux associations, écoles et clubs de ce quartier déshérité: hyper urbanisé, lieu d'enchevêtrement du périphérique, de l'autoroute A1 et bientôt du viaduc ferroviaire du CDG-Express, il abritait il y a quelques années la "colline du crack".
La mairie souhaite transformer ce quartier qui "concentre le plus d'investissement sur la mandature" (500 millions d'euros) selon Emmanuel Grégoire, et doit accueillir, en plus de l'Arena, un campus universitaire de 4.500 personnes à partir de la rentrée 2025.
"La mairie du 18e tient à ce que cela reste un quartier populaire, pas question d'une gentrification" a précisé Emmanuel Grégoire.
David Kahn voit lui dans la venue du Paris Basketball "une opportunité de servir une population peu servie en offre culturelle" et promet "beaucoup de billets à des tarifs abordables", certains autour de 10 euros, pour que "personne ne se sente exclu".