L'électricien veut développer 30 gigawatts de puissance installée dans le pays entre 2020 et 2035. C'est quatre fois les capacités actuelles de production d'énergie solaire en France, qui sont d'environ 7,4 GW au total, dont seulement une fraction pour EDF.
Ce projet représente un investissement potentiel total de 25 milliards d'euros, qui sera aussi porté par des partenaires, a indiqué le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy lors d'une conférence de presse.
"On lance un grand plan solaire en France avec des objectifs très ambitieux", a-t-il déclaré.
EDF est déjà assez présent dans le solaire à l'international via sa filiale EDF Energies Nouvelles mais "aujourd'hui c'est en France que nous voulons concrétiser encore davantage notre ambition", a-t-il ajouté.
Le solaire ne représente que 1,6% de la production d'électricité en France, contre 6,2% en Allemagne par exemple. Pourtant l'Hexagone a du potentiel, se classant cinquième pour son ensoleillement en Europe.
Ce projet représente "plusieurs milliers d'emplois induits" et nécessitera de libérer 25.000 à 30.000 hectares de terrains, a précisé Jean-Bernard Lévy. EDF s'est dit prêt à utiliser des surfaces issues de son patrimoine foncier: terrains à proximité des centrales nucléaires, reconversion de friches industrielles ou de sites en démantèlement.
Concrètement, EDF compte surtout développer des grandes fermes solaires au sol. A cela s'ajouteraient des capacités photovoltaïques sur les toitures de certains bâtiments (maisons, hangars, centres commerciaux...).
Appels d'offres
Pour que ces projets se concrétisent, il faudra que le gouvernement lance des appels d'offres via la Commission de régulation de l'énergie (CRE), auquel EDF pourra répondre.
Le gouvernement a fait un premier pas lundi en annonçant qu'il augmentait de plus des deux tiers le volume annuel des appels d'offres solaires, à 2,45 GW contre 1,45 GW jusqu'à maintenant.
Les annonces d'EDF, à la veille du "One Planet Summit" organisé pour les deux ans de l'accord mondial de Paris contre le réchauffement climatique, semblent répondre aux demandes du gouvernement. L'Etat français est actionnaire de l'entreprise à hauteur de 83,40% et a publiquement mis la pression sur EDF récemment.
Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot avait ainsi demandé à EDF un "plan précis" pour assurer le développement des énergies renouvelables en France.
Le gouvernement a été récemment contraint d'abandonner la date de 2025 pour réduire à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité française. Mais il souhaite réaliser cet objectif d'ici peut-être 2030 ou 2035, sans augmenter les émissions de gaz à effet de serre, ce qui suppose de développer massivement les énergies renouvelables.
Or les projets éoliens peinent à se concrétiser face à l'opposition d'associations ou des riverains et aux lourdeurs administratives. "Il est très difficile aujourd'hui d'implanter en France des fermes éoliennes d'importance. On arrive à faire quatre machines par-ci, six machines par là", a déploré Jean-Bernard Lévy.
"Le potentiel éolien français, qu'il soit à terre ou en mer, nous pensons que dans une première étape il va continuer à croître mais il est limité. Là où le potentiel est le plus important pour nous, c'est dans le solaire", a-t-il souligné.
EDF précise par ailleurs que ses ambitions dans le solaire se feront "sans toucher aux autres investissements" du groupe, comme par exemple son "grand carénage", programme de maintenance lourde de ses centrales nucléaires.
A cet égard, l'atome continuera à jouer un rôle important dans la stratégie de l'entreprise, qui exploite aujourd'hui 58 réacteurs dans 19 centrales: "il y a besoin de nucléaire en France", a répété M. Lévy.
Dans un communiqué, le syndicat FO Energies et Mines a donné son blanc-seing au développement du solaire, en se disant toutefois "très vigilant" sur le financement de ces investissements.
Le développement du solaire ne doit pas "se traduire par une pression supplémentaire sur les salariés", a souligné le syndicat.