"C'est bon pour la planète de produire en France. Un produit fabriqué en France, c'est deux fois moins d'émissions de gaz à effet de serre qu'aux Etats-Unis et quatre fois moins qu'en Chine", a souligné le ministre de l'Economie et des Finances, qui accompagnait le directeur général de Renault Luca de Meo pour des annonces d'investissement.
L'usine de Sandouville va produire les futurs FlexEvan à horizon 2026, des fourgons électriques nouvelle génération qui fourniront la co-entreprise Flexis, créée par Renault, Volvo et l'armateur CMA CGM le 22 mars pour la livraison du dernier kilomètre.
Renault et Volvo envisagent d'ailleurs d'investir respectivement 300 millions d'euros au cours des trois prochaines années dans cette société qui sera basée en France.
L'annonce sur Sandouville s'est accompagnée d'une promesse de 550 embauches en quatre ans et 330 millions d'euros d'investissement pour ce site où travaillent déjà 1.850 personnes et 600 intérimaires.
Remise en cause du ZAN
"L'e-commerce explose et ça rend encore plus indispensable la nécessité de réduire l'impact environnemental de ces véhicules en ville", a souligné le directeur général du constructeur automobile français.
Le développement annoncé à Sandouville est le fruit "des baisses d'impôts de production", a déclaré Bruno Le Maire. "Nous continuerons de baisser les impôts de production en France", a-t-il souligné alors que le gouvernement est à la recherche d'économies pour combler le déficit public qui a atteint 5,5% du PIB en 2023, soit 15,8 milliards d'euros de plus qu'attendu.
Pour le ministre, il est urgent de créer de "nouvelles filières industrielles" dans les batteries mais aussi dans l'intelligence artificielle, les pompes à chaleur et le photovoltaïque. Les batteries pour le FlexEvan seront d'ailleurs fournies par Verkor et son usine de Dunkerque, qui a un partenariat avec Renault.
Comme Edouard Philippe, Bruno Le Maire a alerté sur la nécessité de trouver des terrains pour faciliter l'implantation d'industries en France. "Nous devons nous interroger sur la mise en oeuvre du ZAN", la loi "Zéro artificialisation nette" de juillet 2023, qui consiste à limiter l'extension de l'artificialisation des sols, a estimé le ministre.
"Il n'y a pas d'usine sans terrain", a ajouté M. Le Maire. Il a d'ailleurs promis l'aménagement de 1.500 hectares sur les ports du Havre, de Dunkerque et de Marseille pour favoriser l'implantation d'usines.
Energie abondante
Il était accompagné à Sandouville par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe pour qui "aujourd'hui, disposer d'un foncier utilisable pour installer une usine, c'est compliqué".
"Il serait absurde alors qu'il y a des projets pour des usines qui participent à la transition écologique qu'il n'y ait pas de place pour les installer", a insisté le maire du Havre.
Edouard Philippe a également identifié deux autres écueils pour l'accélération de la réindustrialisation: la formation et le coût de l'énergie.
"Si nous voulons réindustrialiser le pays, nous devons former des femmes et des hommes à ces nouveaux métiers", a souhaité M. Philippe et "ça passe par un effort de mobilisation de la ressource humaine exceptionnelle".
Autre nécessité: "avoir accès à une énergie abondante, si possible peu chère", a formulé l'ancien locataire de Matignon, sans détailler la manière d'y arriver.
Toujours convaincu de ne pas augmenter les impôts pour combler le déficit français, Bruno Le Maire a aussi encouragé l'actionnariat salarié. Et "si on est pour l'actionnariat salarié, on n'est pas pour augmenter l'imposition des dividendes", a-t-il dit.
"Je ne veux pas augmenter l'imposition des salariés actionnaires", alors que ces revenus sont soumis à un prélèvement forfaitaire unique plafonné à 30%, a souligné le ministre.