Sommaire
- Fondamentaux de la construction durable
- Bien choisir les matériaux et produits utilisés
- Opter pour les bonnes techniques de construction
- Gérer efficacement les bâtiments en activité
- Recycler et réutiliser les matériaux lors de la démolition ou le reconditionnement du bâtiment
Opter pour les bonnes techniques de construction
Une fois les matériaux et le lieu de la construction choisis avec le respect de l'environnement en tête, vient l'étape de la construction. Ici aussi, un bon choix des techniques employées peut permettre d'atteindre un bâtiment durable. Ces techniques peuvent inclure de simples gestes comme notamment de découper les matériaux lors de travaux avec précision pour réduire les déchets ou les techniques suivantes :
Bien choisir le lieu du chantier
Dès cette étape il est déjà possible d'agir pour l'environnement et plus précisément pour la faune et la flore. Lors d'un chantier, les êtres vivants autour peuvent être mis en danger par les nuisances sonores, les nuisances acoustiques mais aussi le passage des engins et des ouvriers.
Protéger la faune pendant le chantier
L'installation de chantier doit commencer avant tout par la mise en place des protections adéquates et efficaces des éléments à haute valeur écologique, et plus particulièrement par la mise en place des dispositifs suivants visant à protéger la faune :
- localiser les activités du chantier loin des zones d'habitat de la faune ;
- réaliser le planning de chantier en évitant :
- le travail nocturne ;
- les périodes de nidification :
- des oiseaux : de mars à fin aout pour la plupart des espèces ;
- des chauves-souris : de mars à fin octobre ;
- intégrer des abris pour la faune : chauves-souris, oiseaux, petits mammifères, insectes muraux, etc. ;
- veiller à ne pas créer des pièges qui pourraient s'avérer mortels pour certains animaux : poteaux creux, cavités, tuyaux, regards à ouverture libre, etc. ;
- prendre des mesures pour limiter les nuisances sonores : protections acoustiques vis-à-vis des zones d'habitat et de reproduction, adaptation du planning des activités bruyantes, etc. ;
- prendre des mesures pour limiter la pollution lumineuse due à l'éclairage artificiel sur chantier ;
- évacuer des espèces animales (par ex. batraciens) ou déplacer des espèces végétales, dans le cas de dérogations.
Protéger la flore pendant le chantier
L'installation de chantier doit commencer avant tout par la mise en place des protections adéquates et efficaces des éléments à haute valeur écologique, et plus particulièrement par la mise en place des dispositifs suivants visant à protéger la flore :
- réaliser le planning de chantier en prenant en compte les périodes de floraison (dépendant exclusivement des espèces) ;
- mettre en place des protections :
- autour d'un périmètre de protection élargi comprenant arbres et/ou zones arborées à protéger. Préférer des protections physiques permettant d'éviter le passage des engins de chantier ;
- autour des troncs d'arbre pour éviter les chocs. Ces protections sont composées de tuyaux souples entourant le tronc et recouverts de planches en bois reliées entre elles par des liens souples ;
- préserver le système racinaire en évitant certaines activités dans le périmètre du réseau racinaire : stockage de produits polluants, dépôts de matériaux, déblais/remblais ou compactage du sol, etc. ;
- éviter à tout prix le tassement du sol par les engins de terrassement, surtout dans les zones à protéger ou destinées à être végétalisées par la création de pistes de chantier au moyen de :
- plaques de roulage ;
- géotextile recouvert d'un matériau neutre (par ex. porphyre mais pas de briquaillon) ;
- signalisation adéquate (filet orange) ;
- éviter toute coupe ou élagage drastique ;
- conserver et réutiliser sur site la terre locale ;
- gérer les plantes invasives en veillant aux terres importées sur le site, en nettoyant les roues des véhicules, en formant le personnel à reconnaître les principales espèces envahissantes et en les confinant le cas échéant ;
- éviter de laisser à nu des surfaces de sol pendant le printemps ou l'été, en replantant, réensemençant ou recouvrant par des géotextiles ;
- créer des fossés de coupure et drainage du site près des cours d'eau, zones humides, puits, afin d'empêcher le ruissellement vers ces derniers (effluents potentiellement pollués). Voir aussi les mesures développées dans le dispositif | limitation de la pollution du sol, du sous-sol et de l'eau sur chantier ;
- organiser la gestion des déchets ;
- dans la mesure du possible, éviter d'exposer brutalement l'arbre ou la haie au vent et au soleil en modifiant subitement son environnement ;
- préserver l'arbre des poussières, fumées et fortes températures ;
- limiter la pollution lumineuse due à l'éclairage artificiel sur chantier, pouvant perturber :
- la faune (attraction, mortalité) ;
- la photosynthèse de la flore et dérégler son développement (retardement de la chute des feuilles de l'automne vers les périodes de gel, etc.).
Réduire la contribution acoustique du bâtiment
Avec la pollution atmosphérique, l'exposition au bruit est une des principales nuisances ressenties en milieu urbain et elle croit avec la densité de population et la taille de l'agglomération. Un urbanisme et une architecture intégrant la problématique acoustique peuvent créer un environnement attrayant et un cadre de vie harmonieux ou assainir une situation sonore de départ défavorable et donc influencer directement l'attractivité résidentielle de la ville. Au niveau du quartier, cette démarche vise à constituer des lieux de ressourcement et de socialisation et au niveau de l'individu elle contribue au bien-être physique psychique et social. En effet, l'excès de bruit, seul ou combiné aux troubles du sommeil qu'il engendre parfois, peut être la cause de stress, de difficultés de communication (conversation, enseignement, étude,...) et de modification du comportement (agressivité, manque d'entraide, isolement,...).
Une conception acoustique durable veille à intégrer la problématique acoustique dès l'esquisse du projet (et en particulier dans le choix des options de programmation et d'implantation) afin d'éviter la mise en place ultérieure d'équipements techniques ou de matériaux correcteurs souvent plus coûteux.
En fonction de la situation, les recommandations techniques suivantes peuvent être considérées :
- Eloigner les sources de bruit (usines, ateliers, équipements sportifs, discothèque ou salle polyvalente) des zones sensibles ou éloigner les fonctions sensibles au bruit (enseignement, établissements sanitaires et sociaux, zones de détente et de loisirs calmes) des sources de bruit.
- Orienter les bâtiments et les équipements bruyants par rapport aux bâtiments et zones sensibles au bruit en utilisant l'effet d'écran du bâtiment ou orienter les logements et les autres bâtiments sensibles aux nuisances sonores en fonction des sources de bruit existantes.
- Protéger les zones sensibles par la mise en œuvre d'écrans (bâtiment, mur ou merlon) dont l'efficacité sera essentiellement fonction de leur hauteur, de leur longueur et de la position respective de la source et du récepteur.
- Confiner les sources de bruit par diverses solutions techniques comme réaliser une porte d'accès avec un sas, prévoir des gaines d'extraction insonorisées ou orientées à l'opposé des habitations, avoir des fenêtres isolées ou murs aveugles du côté du voisinage, réaliser un local insonorisé pour les compresseurs ou groupes frigorifiques, mettre en place des chicanes pour l'aération, etc.
L'évaluation de solutions acoustiques se décline alors en 3 volets d'actions :
- à la source du bruit : agencement du bâtiment et de ses accès, choix du type de revêtement des abords pour les voies de circulation, localisation des installations techniques, choix de machines ou d'installations techniques plus silencieuses, etc.
- au niveau du « trajet » du bruit : agencement optimal des bâtiments et installations, mise en place de locaux techniques et caissons acoustiques, mur antibruit, etc.
- à la réception : conception et isolation acoustique des façades, organisation interne du bâtiment (implantation des locaux – chambres / séjours, salles de réunion/bureaux- dans le bâtiment en fonction de l'orientation de la façade, des sources de bruit internes et externes, …) , concept de façade calme, etc.
La rénovation et le réemploi de bâtiment
Maintenant que vous avez le site du chantier et que tout le vivant sur place est protégé, il faut se demander si le bâti existant ne peut pas être rénover ou au moins partiellement réutiliser. Le secteur du bâtiment est le premier consommateur d’énergie en France. Il représente à lui seul 45% de notre consommation. Dans le cas de travaux de rénovation d'un bâtiment existant, il convient de veiller à ce que les éléments structurels existants ne présentant pas de défaillance majeure sur le plan de la stabilité soient maintenus en place. Ceci permet de limiter les déchets de construction générés par les travaux, et limite l'appel à de nouveaux éléments (économie de ressources).
Alors pour obtenir un bâtiment durable, il peut être intéressant de rénover et mettre à niveau le bâti existant. Cela évite évidemment l'utilisation de beaucoup de matériaux et surtout de limiter l'artificialisation des sols en construisant dans de nouvelles zones.
Quand c'est possible, la rénovation peut aussi permettre la réutilisation sur site des matériaux, c'est-à-dire démonter des matériaux en vue de les utiliser sur le site pour un usage identique ou similaire.
Si votre chantier ne permet pas la rénovation, vous pouvez opter pour le réemploi des matériaux.
Il est possible de se procurer des matériaux de réemploi à différents endroits :
- in situ: des matériaux provenant du projet même,
- chez les revendeurs de matériaux de réemploi,
- des stocks de matériaux de réemploi du même ou d'autres maîtres d'ouvrage (publics) ;
- sur un autre chantier de déconstruction : parfois même en flux tendu ou appartenant au même maître d'ouvrage.
Le préfabriqué et la construction hors-site
Le recours aux solutions préfabriquées et/ou standardisées présente des avantages conséquents sur le plan environnemental. La quantité de déchets est fortement réduite, les découpes sur chantier sont évitées et la quantité de matière nécessaire et utilisée pour produire l'élément est optimisée par le fabricant. Les systèmes assemblés par fixation mécanique et évitant le recours aux colles permettant par ailleurs de désassembler les différentes composantes ultérieurement, ce qui favorise la réparation et le remplacement, réduit fortement la quantité de déchets produite au cours ainsi qu'à la fin du cycle de vie du produit et permet un tri en fractions nettes et un recyclage optimal.
L'utilisation d'éléments préfabriqués permet de réduire les déchets, d'augmenter la rapidité d'exécution et la continuité du travail.
La préfabrication amène souvent une répétition du travail favorable au rendement et à la sécurité. Cela exige cependant une coordination plus pointue et un respect assez strict des dimensions. Les différents aspects liés à l'utilisation d'éléments préfabriqués ont été parfaitement intégrés dans ce bâtiment à rue. Les éléments de plancher ont été entièrement préfabriqués, permettant une répétition d'étage à étage. Par ailleurs, le principe d'attache de la charpente arrière (pattes métalliques) a permis l'utilisation du même élément, quelle qu'en soit l'inclinaison. D'autres éléments préfabriqués ont également été intégrés au projet, tels que les fermes du bâtiment arrière ou encore l'enveloppe en ossature bois ne nécessitant plus qu'une pose sur chantier.
Bien que la préfabrication n'implique pas par définition l'utilisation de dimensions standardisées, leur usage permet de faciliter le processus de préfabrication. L'utilisation de produits standardisés nécessite une réflexion approfondie sur l'ensemble du projet. Le choix de la trame structurelle doit tenir compte des dimensions commerciales proposées, un plan de calepinage doit être étudié avec soin afin d'éviter les découpes et chutes imprévues sur chantier. En milieu urbain dense, la taille et configuration des sites de construction peut limiter le recours aux éléments préfabriqués et/ou standardisés de grande taille (difficultés d'accès pour les transports, rayons de braquage des camions, impossibilité d'acheminer les éléments vers un intérieur d'îlot,…).
La construction hors-site est un modèle d’industrialisation qui consiste à modéliser les éléments de structure, de façades et les équipements d’un bâtiment en BIM, avant de les fabriquer en usines, puis les acheminer sur le chantier pour les y assembler.
La construction hors-site représente une solution pour relever le défi de la productivité et des transitions environnementale et numérique du secteur de la construction, à travers des enjeux forts :
- réduire les délais de mise en œuvre,
- s’affranchir des aléas climatiques,
- décarboner,
- diminuer la pénibilité des chantiers,
- limiter les nuisances pour les riverain.
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