Suspension d'un arrêté permettant la construction d'un nouveau stade de foot à Brest

Le tribunal administratif de Rennes a suspendu mercredi 22 octobre un arrêté préfectoral permettant la construction d'un nouveau stade de football à Brest, en estimant que la "raison impérative d'intérêt public majeur" justifiant le projet n'était pas suffisamment étayée.

Saisi en urgence, la juge des référés "a considéré qu'il n'était pas suffisamment justifié que l'équipement sportif en projet répondait à une raison impérative d'intérêt public majeur", a annoncé le tribunal administratif dans un communiqué.

Or cette "raison impérative d'intérêt public majeur" est un "critère fixé par le législateur pour qu'il puisse être dérogé aux interdictions" de détruire des espèces protégées, a rappelé la juridiction.

La juge a donc décidé de suspendre l'exécution de l'arrêté préfectoral du 23 juin 2025 accordant une dérogation à l'interdiction de porter atteinte à certaines espèces animales protégées et à leurs habitats.

Trente-six espèces (reptiles, mammifères, oiseaux) ont été identifiées sur le site de Froutven, dans la commune de Guipavas (Finistère), où doit être construit le nouveau stade, baptisé Arkea Park, rappelle la juridiction.

Dans son ordonnance, la juge justifie notamment sa décision par "l'absence de données avérées et précisément chiffrées sur l'apport économique effectif du projet au bassin d'emploi dans lequel il s'inscrit".

Le tribunal administratif de Rennes avait été saisi par trois associations de protection de l'environnement. "Les doutes qu'on avait sur l'intérêt du projet sont largement partagés par la juridiction", a déclaré à l'AFP leur avocat Théodore Catry, se disant "très satisfait" de la décision.

Le tribunal doit encore se prononcer sur le fond de l'affaire.

D'un coût estimé à 106,5 millions d'euros, ce nouveau stade de 15.000 places devait être construit d'ici 2028 sur 17 hectares de terres agricoles, en bordure de l'agglomération brestoise.

Il doit être financé à hauteur de 30 millions d'euros par des fonds publics apportés notamment par la métropole de Brest, la ville de Guipavas, le département du Finistère et la région Bretagne.

Interrogée par l'AFP, la métropole de Brest n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat, indiquant être en train "d'examiner en détail la décision".

Le stade Francis Le Blé, où le club évolue actuellement au cœur de Brest, ne répond plus aux normes du football professionnel.

Selon un sondage réalisé en août par l'institut Cluster 17 auprès de 802 Brestois, pour le compte des Écologistes, une majorité (57%) de la population de la ville est opposée à la construction d'un nouveau stade.