Cette habitante du sud-est de la ville de Washington, sensible aux questions environnementales, a commencé à se renseigner après avoir installé des panneaux solaires et découvert des programmes d'aide, qui se sont multipliés à l'échelle fédérale mais aussi des Etats ces dernières années.
En 2023, le logement représentait 18% des émissions liées à la consommation énergétique des Etats-Unis, selon l'agence fédérale d'information sur l'énergie (EIA).
Pour s'attaquer au problème, l'Inflation Reduction Act, vaste programme d'aides et d'investissements pour la transition énergétique adopté en 2022 à l'initiative de l'administration Biden, prévoit jusqu'à 2.000 dollars de crédits d'impôt pour l'installation d'une pompe à chaleur.
Ces systèmes de transfert d'énergie thermique fonctionnant à l'électricité peuvent remplacer climatisation et chauffage, permettant des économies conséquentes, d'énergie et d'argent, dans un pays où la sobriété énergétique peine à infiltrer les habitudes de consommation.
Ventes en hausse
De plus en plus répandues en Asie et en Europe, à la faveur de programmes similaires comme MaPrimeRénov' en France, les pompes à chaleur percent ainsi peu à peu aux Etats-Unis.
L'année dernière, plus de 267.000 demandes de crédits d'impôt ont été soumises pour des pompes à chaleur air-air et plus de 104.000 pour des chauffe-eaux thermodynamiques.
Les foyers les moins favorisés et ceux de la classe moyenne ont aussi commencé à bénéficier de subventions pouvant aller jusqu'à plusieurs milliers de dollars.
Su Balasubramanian, 44 ans, était elle éligible à un programme de la ville de Washington pour installer une pompe à chaleur, un chauffe-eau thermodynamique, une plaque à induction et mettre à niveau son panneau électrique. Coût total: 27.000 dollars, entièrement pris en charge.
Pour les foyers non éligibles aux subventions, les experts préconisent le remplacement des équipements au fur et à mesure, les pompes à chaleur, de plus en plus populaires, étant souvent moins coûteuses que le remplacement d'une chaudière à gaz ou d'un ballon d'eau chaude.
Plus rentable
Une étude publiée en avril dans le journal scientifique Joule estime d'ailleurs que l'installation d'une pompe à chaleur serait rentable, même sans subvention publique, pour 59% des foyers américains en raison des économies d'énergie qu'elles permettent. Et leur adoption généralisée par la population permettrait de réduire de 5 à 9% les émissions du pays.
Mais il y a encore "beaucoup de travail" pour sensibiliser le grand public, explique Rebecca Foster, patronne de Vermont Energy Investment Corporation, une organisation à but non lucratif qui prône les systèmes d'économies d'énergie depuis les années 1980 aux Etats-Unis.
"L'électrification décolle vraiment chez ceux qui sont très motivés" par les inquiétudes liées au changement climatique, affirme-t-elle.
Mais une grande partie des clients potentiels a besoin d'être convaincue, renchérit Kalen Roach, responsable au sein du programme dédié de la ville de Washington, rappelant que les bénéficiaires des mêmes avantages que Su Balasubramanian sont souvent des seniors avec un revenu fixe.
Conviction écologique
"Je suis horrifiée quand je pense au futur", affirme Deane Coady à l'AFP. Cette institutrice à la retraite va bientôt installer une pompe à chaleur, par engagement pour le climat mais aussi pour réduire ses factures.
Dans son Etat du Massachusetts, dans le nord-est des Etats-Unis, le taux de pénétration des pompes à chaleur n'est que de 6%. Celui-ci est plus élevé dans le sud-est (40% dès 2020 en Caroline du Sud par exemple), où le coût de l'électricité est plus faible, les infrastructures gazières moins communes et le besoin de climatisation très fort, explique Panama Bartholomy, dirigeant de l'organisation Building Decarbonization Coalition.
Le secteur de la construction de nouveaux logements est un gros client de pompes à chaleur dans ces régions.
Les entrepreneurs du secteur font d'ailleurs aussi l'objet de mesures du gouvernement fédéral, qui a débloqué une enveloppe pour les former à l'électrification afin qu'ils répandent ensuite la bonne parole.
"Chacun doit faire sa part", affirme Su Balasubramanian, ajoutant que le progrès intervient quand "il y a un impact à tous les niveaux".
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