Un membre du conseil d'administration de l'Anah et une autre source proche ont indiqué à l'AFP que la fermeture du guichet est une piste évoquée. "Rien n'est décidé", indique le ministère chargé du Logement, réfutant un épuisement précoce du budget de MaPrimeRénov'.
Cela signifierait, le cas échéant, que plus aucun dossier de demande de subvention ne pourrait être déposé à partir de juillet. "Une catastrophe absolue" pour Jacques Baudrier, adjoint PCF de la mairie de Paris chargé du logement.
Un "coup porté à la rénovation énergétique" pour l'Agence nationale pour l'information sur le logement (Anil)
Stéphane Troussel, président de l’Agence Nationale pour l’Information sur le Logement (ANIL), exprime sa profonde inquiétude face aux réflexions autour de la suspension du dispositif MaPrimeRénov’ dès le mois de juillet 2025.
Cette décision brutale compromettrait la dynamique de la rénovation énergétique dans notre pays. Elle enverrait un signal d’instabilité aux ménages comme aux professionnels du secteur, alors même que la transition écologique exige au contraire clarté, cohérence et continuité.
Cette décision, si elle venait à se concrétiser, confirmerait un manque coupable de volonté politique à faire de la rénovation énergétique une véritable priorité nationale, à la hauteur de défis climatiques et sociaux qui sont colossaux.
Depuis deux ans, la trajectoire budgétaire de MaPrimeRénov’ traduit déjà un recul de l’ambition de l’État en matière de rénovation énergétique. En 2024 déjà, plus de deux milliards d’euros avaient été coupés par rapport aux annonces initiales, faisant chuter l’enveloppe de 4,5 à 2,3 milliards d’euros. Une tendance confirmée en 2025, avec un budget reconduit au même niveau, largement insuffisant pour répondre aux objectifs affichés.
Ce désengagement s'illustre aussi par la remise en cause des financements accordés aux collectivités territoriales pour mener à bien cette politique de rénovation énergétique, alors même qu'elles en sont des actrices majeures.
Pourtant, la rénovation énergétique des logements représente un levier capital pour répondre à l’urgence climatique, réduire les factures d’énergie des ménages, et améliorer leur confort de vie.
Chaque jour, les équipes des ADIL accompagnent des familles qui souhaitent engager des travaux. Elles ont besoin de visibilité. Suspendre ce dispositif en milieu d’année reviendrait ainsi à couper l’élan de centaines de milliers de projets, souvent portés par des foyers modestes.
Ce n’est pas simplement une question budgétaire. C’est un enjeu de justice sociale et de transition écologique. Si des ajustements sont nécessaires, ils doivent être anticipés, concertés et accompagnés, pas décidés dans l’urgence.
La CAPEB alerte sur un nouveau coup dur pour les entreprises artisanales du bâtiment et la transition énergétique
Une suspension des crédits alloués à MaPrimeRénov’ serait envisagée dès juillet annonce aujourd’hui Le Parisien : si elle devait prochainement s’avérer exacte, cette nouvelle susciterait la plus grande incompréhension de la CAPEB puisqu’à ce jour, seul 1,3 milliard de crédits a été engagé.
Il s’agirait d’un nouveau coup dur pour les entreprises artisanales du bâtiment, dont l’activité est déjà en berne, qui s’étaient projetées sur le développement du marché de la rénovation énergétique. Pareille décision obéirait à une logique de court terme strictement budgétaire de la part du Gouvernement, ignorant l’ensemble des retombées économiques, sociales et fiscales du marché aidé de la rénovation énergétique et incompatible avec la nécessité de répondre aux besoins de nos concitoyens, aux objectifs environnementaux et à la crise que traverse l’artisanat du bâtiment.
Un dispositif déséquilibré et soumis aux aléas budgétaires
Depuis l’an dernier, le choix a été fait de privilégier les rénovations d’ampleur. Or, ces rénovations sont beaucoup plus coûteuses – donc plus consommatrices d’aides publiques – et plus attrayantes pour les fraudeurs, à la différence des mono gestes qui ont été réintroduits dans le dispositif grâce à la forte mobilisation de la CAPEB. Certains acteurs ont su tirer profit du système en adaptant leurs offres au plafond maximal de la prime, entraînant une surfacturation, avec pour conséquence un étranglement budgétaire du dispositif, un emballement du nombre de dossiers aux montants excessifs, ainsi qu’un effet d’éviction des ménages modestes et des artisans locaux.
Au regard de la situation, la CAPEB déplore l’absence de programmation sur plusieurs années d’un tel dispositif et juge nécessaire de plafonner les montants pour éviter qu’une minorité de dossiers de montants très élevés n’absorbent la majorité des crédits. Elle continue de plaider pour la mise en place d’un parcours de travaux sur plusieurs années. La rénovation globale serait ainsi accessible avec la réalisation d’une succession de mono gestes moins onéreux et le versement d’aides publiques au fur et à mesure avec une bonification en fin de parcours, limitant de fait sensiblement l’intérêt de la fraude.
Des conséquences très lourdes pour les petites entreprises
La suspension brutale de MaPrimeRénov, principal outil de soutien des travaux de rénovation énergétique constituerait un véritable coup de massue pour les entreprises artisanales du bâtiment, déjà fragilisées par une conjoncture économique tendue. Au premier trimestre 2025, le volume d’activité des entreprises artisanales du bâtiment recule depuis 8 trimestre consécutifs (-5% par rapport au premier trimestre 2024). Notre secteur s’enfonce dans une crise structurelle.
Les entreprises artisanales du bâtiment qui se trouvent déjà confrontées à des délais de traitement administratif souvent excessifs, verraient leurs chantiers suspendus, leurs trésoreries déstabilisées, leurs capacités d’investissement gelées et leurs carnets de commandes lourdement impactés par cette interruption précipitée du dispositif. Pour un tissu artisanal composé majoritairement de TPE ancrées localement, cette rupture menace directement l'emploi de proximité, l'activité économique des territoires et les objectifs nationaux en matière de rénovation énergétique.
Une décision qui serait incompréhensible
La CAPEB fait observer que le budget MaPrimeRénov’ engagé est aujourd’hui de 1,3 milliard et que seules 100.000 rénovations énergétiques sont engagées à ce jour sur une capacité de 300.000. Il serait plus que regrettable que la transition énergétique, essentielle pour les ménages comme pour la planète, soit une variable d’ajustement budgétaire.
Pour Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB : « Les artisans attendent maintenant des garanties claires sur le maintien de ce dispositif et la détermination de l’Etat à le renforcer en organisant une répartition des fonds avec pragmatisme. Ils veulent savoir si les dossiers déposés jusqu’au 30 juin 2025 seront effectivement tous réglés. Ils s’interrogent aussi sur l’avenir : S’agirait-il d’un simple gel temporaire ou d’une refonte complète du dispositif en 2026 ? Les entreprises artisanales du bâtiment ont besoin de visibilité et de stabilité, en particulier dans ce contexte économique compliqué où leur activité et leur trésorerie sont fragilisées. »
Le gel de MaPrimeRénov’ "inacceptable !" pour la FFB
Après le blocage budgétaire de début 2025, voilà maintenant le spectre d’un gel total de MaPrimeRénov’ pour le second semestre. C’est incompréhensible et inadmissible !
La FFB s’y oppose avec force : un tel gel casserait la dynamique de décarbonation engagée, désorganiserait les entreprises du bâtiment et découragerait les ménages. C’est tout l’écosystème de la rénovation énergétique qui serait réduit à néant.
Encore une fois, l’instabilité frappe. Le cap fixé depuis le Grenelle de l’environnement en 2007 est en péril, finie la transition énergétique !
Pour Olivier Salleron, président de la FFB : « On ne peut pas appeler à accélérer la rénovation énergétique et, dans le même temps, saboter un des seuls outils qui fonctionne ! Il faut choisir. Pérenniser MaPrimeRénov’, c’est restaurer la confiance, redonner du pouvoir d’achat aux plus modestes. Le gouvernement ne peut pas tergiverser sur un tel sujet, 100.000 emplois se trouvent menacés et la colère gronde ! »
Intercommunalités de France demande des explications
Les élus des intercommunalités, pleinement engagés dans la rénovation énergétique des logements, expriment leur vive inquiétude à la suite des révélations par la presse d’un gel du dispositif MaPrimeRénov’ au cours de l’année 2025. Nombreuses à accompagner quotidiennement les ménages et les entreprises locales dans les opérations de rénovation, les intercommunalités exigent des explications du Gouvernement dans les meilleurs délais.
Déjà amputé d’une partie de ses crédits en 2024, passant de 4,5 à 2,3 milliards d’euros, le dispositif MaPrimeRénov’ qui accompagne les ménages dans leurs travaux de rénovation énergétique pourrait à nouveau être remis en cause en 2025, selon les révélations de la presse.
Les intercommunalités, au travers de leurs plans locaux de l’habitat, leurs maisons de l’habitat, leur implication dans les comités régionaux de l’habitat et de l’hébergement… sont pleinement mobilisées et en contact direct avec les Français et les petites et moyennes entreprises du BTP pour les accompagner dans l’effort de rénovation énergétique des logements, indispensable à l’atteinte des objectifs climatiques de la France.
Intercommunalités de France souhaite disposer dans les meilleurs délais de l’ensemble des informations sur les intentions du Gouvernement concernant l’avenir du dispositif MaPrimeRénov’, ne serait-ce que pour donner des perspectives tangibles aux millions de Français en attente de travaux de rénovation.
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