Si l’étude souligne la nécessité d’une rénovation massive des bâtiments, à l’origine de 40% de la demande d’énergie en Europe, elle pointe surtout la nécessité de dépasser le seul critère de la performance énergétique pour englober les enjeux de climat, de santé et d’environnement.
Le mal-logement touche près d’un Français sur trois
La pandémie a mis en évidence les inégalités face au logement dans toute l’Europe. Au fils des confinements successifs, l’habitat s’est adapté pour répondre aux multiples besoins : logement, lieu de travail, salle de classe ou lieu de loisirs. Ce changement de vie a été particulièrement difficile pour tous ceux qui vivent dans des logements insalubres. Et ils sont nombreux.
L’étude montre en effet que 32% des Français se disent exposés à un risque lié à l’environnement intérieur. Elle quantifie les quatre principaux facteurs de risque : le bruit excessif (pour 17 % des Français), l’humidité et les moisissures (pour 11% des Français), le manque de lumière (pour 7% des Français, au-dessus de la moyenne européenne) et froid excessif (pour 6% des Français). La France se situe dans la moyenne des pays européens.
Les risques liés à l’environnement intérieur affectent notre santé et notre bien-être psychologique
La qualité de l’environnement intérieur a un impact direct sur notre santé physique et mentale. Ainsi, 69 millions d’européens se disent concernés par des problèmes d’humidité et de moisissures. Ces risques sont à l’origine d’asthme, de problèmes respiratoires ou de maladie cardiovasculaires.
En cas d’exposition simultanée aux quatre principaux risques environnementaux intérieurs (humidité, bruit, froid et lumière), les chances de développer un problème de santé sont multipliées par quatre par rapport à une personne vivant dans un bâtiment sain. Et pour les enfants, ce chiffre est encore plus élevé.
Nous sommes loin de la représentation habituelle du logement comme cocon de protection, alors même que le temps que nous y passons a augmenté pendant la crise Covid-19 et que les besoins d’habitat chauffés, lumineux et aérés, sont essentiels pour notre santé.
L’enjeu d’équité sociale des bâtiments durables
Le Baromètre de l’Habitat Sain 2022 met également en avant une réalité sociale, révélant que 50 % des Européens ne disposent pas de suffisamment d’épargne pour maintenir leur niveau de vie au-delà d’une durée de trois mois. Ainsi 50 millions de ménages européens se trouvent actuellement en situation de précarité énergétique, avec l’incapacité de chauffer leur logement en hiver. C’est le cas pour 18 % des Français à faibles revenus. Cette situation alarmante risque de s’amplifier, portée par la hausse des prix de l’énergie et les répercussions directes sur les factures des ménages.
Le fait de vivre avec un chauffage insuffisant ou inexistant exerce un impact sur la santé mais aussi sur le bien-être et la satisfaction dans la vie, une réalité exposée dans l’étude. Et ce sont les 18 % de Français à faibles revenus qui ne peuvent pas chauffer correctement leur logement qui sont particulièrement exposés à l’altération de leur santé et de leur bien-être.
L’urgence d’investir dans un habitat sain et durable
Le rôle des bâtiments est essentiel dans nos vies. Parce qu’ils sont au cœur des enjeux climatiques, sociaux et sanitaire, la rénovation doit se penser en 3D pour répondre à trois urgences : climatique, car 40 % de la demande d’énergie en Europe concerne les bâtiments ; sociale, pour les 50 millions de ménages européens qui vivent en situation de précarité énergétique et sanitaire, car un Européen sur trois est affecté par au moins un des risques liés à l’environnement intérieur. Si l’urgence de décarboner les bâtiments n’est plus à prouver pour agir sur le climat, la volonté d’agir sur les risques liés à l’environnement intérieur reste trop souvent reléguée au second plan.
En investissant dans la rénovation du parc immobilier, il est possible d’investir simultanément dans la santé des citoyens et dans l’économie. Le Baromètre de l’Habitat Sain 2022, constitué d’études principalement menées par RAND Europe, révèle qu’une réduction de l’exposition à l’humidité et aux moisissures, ainsi qu’une amélioration de l’exposition à la lumière du jour dans les habitations, entraîneraient en France des bénéfices économiques estimés à près de 7,8 milliards d’euros d'ici 2050. Parallèlement, cela pourrait renforcer l’efficacité énergétique et réduire l’empreinte environnementale.
L’Europe et la France se trouvent aujourd'hui à l’aube d’une vague de rénovation qui pourrait permettre de s’attaquer à la crise climatique en décarbonant notre parc immobilier. C’est également le moment de rénover et de créer des bâtiments à la fois plus durables et plus résilients, ainsi que des habitats plus sains.
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