Depuis son berceau historique de Cluses (Haute-Savoie), l'ancienne "Société d'Outillages et de Mécaniques du FaucignY" dépasse aujourd'hui le milliard d'euros de chiffre d'affaires (1,126 milliard en 2018), est présente dans 57 pays et emploie 6.120 personnes. Elle y a célébré vendredi son cinquantième anniversaire.
Somfy est toujours fermement installée sur son coeur de métier, la fabrication de moteurs tubulaires pour stores, volets, portes... Son best-seller actuel, le RS 100, s'est déjà écoulé à plus d'un million d'exemplaires.
Mais l'entreprise s'oriente depuis 2000 vers l'offre domotique, via une politique d'acquisitions et de partenariats.
Elle propose ainsi des alarmes sans fil, serrures, thermostats, caméras de maison..., tous connectés. Elle a lancé en 2010 TaHoma, système de contrôle à distance de ces équipements, et des ouvertures du domicile. Elle prend à présent le tournant des assistants vocaux.
Somfy s'est par ailleurs associé au groupe immobilier Nexity pour sa partie "logement connecté".
"Chronophage mais passionnant"
Laurent Favre, directeur commercial de l'activité bâtiment en France, 58 ans dont 35 chez Somfy, a vu son métier changer en même temps que l'entreprise : "Dans les années 80, ma victoire c'était de vendre cinquante moteurs à un fabricant de volets. Aujourd'hui c'est de convaincre un promoteur immobilier d'intégrer nos solutions connectées à sa construction".
Cette "capacité de réinvention extraordinaire" peut être "éprouvante", car elle est "très chronophage". "Mais c'est passionnant", assure-t-il.
A Cluses, "Somfyville" sourit M. Favre, la configuration de l'usine de moteurs change ainsi tous les six mois. On y lance les nouveaux modèles, et quand ils sont montés en puissance, la fabrication est transférée vers un pays "low-cost", comme la Pologne, explique le directeur de l'usine et de la logistique internationale, Lilian Noirot.
Une grande autonomie est laissée aux opératrices, toutes multi-compétences : l'encadrement n'est présent que de 07H00 à 17H00, alors que les 2X8 s'étendent de 05H00 à 21H00, voire la nuit si les commandes l'exigent. Ces opératrices peuvent en permanence suggérer des améliorations, elles analysent les défaillances, partent en mission de plusieurs semaines à l'étranger pour aider au lancement d'une production.
"Ce démythifie l'idée du pays +low cost+", analyse M. Noirot.
Celles qui parlent une langue étrangère peuvent aussi accompagner des visiteurs sur le site. Avec une telle "adaptabilité", affirme M. Noirot, elles n'ont rien à craindre des 22 robots qui s'agitent près d'elles. Les syndicats sont peu présents dans l'usine.
Génération Z
Somfy a une forte orientation sociétale, avec notamment une Fondation luttant contre le mal-logement. L'entreprise a signé vendredi avec l'Etat un programme d'inclusion régional. Elle s'attache aussi à ménager l'environnement, dans ses produits et dans son fonctionnement. A Cluses, le recours au télétravail a permis d'éviter que le personnel parcoure 170.000 kilomètres en 2018.
Coté sur le compartiment A d'Euronext Paris, Somfy est détenu à plus de 70% par la famille Despature. Ces industriels du textile ont fondé Damart, et ses tricots Thermolactyl, dans les années 50 à Roubaix. Ils achètent Somfy en 1984, pour diversifier une activité essentiellement hivernale. Un spin-off a eu lieu en 2002.
Fort d'un centre de R&D figurant dans les quarante plus gros déposants français de brevets, Somfy embauche aussi volontiers des jeunes de "la génération Z", nés avec le millénaire, relève M. Noirot : des "zappeurs, connectés, extrêmement agiles intellectuellement, qui se mélangent ici avec beaucoup d'harmonie avec les plus séniors".
Si Somfy veut d'abord "continuer à inventer la maison connectée de demain", soulignait vendredi Jean Guillaume Despature, le président du directoire, le prochain "challenge" est bien, selon lui, "la mutation des compétences" : "l'enjeu est de faire émerger ces talents et d'aller créer de nouveaux métiers pour demain".