Une mobilisation réaffirmée dans un contexte de défiance médiatique
Ce rendez-vous s’est tenu dans un contexte médiatique sensible, à la suite de la publication d’une enquête par France Info le 9 mai dernier, intitulée « Un million et demi d’ascenseurs en panne chaque année en France, comment en est-on arrivé là ? ». Si l’intérêt porté à la sécurité des équipements est légitime, l’angle adopté et les chiffres avancés traduisent un parti-pris daté, en décalage avec la réalité actuelle d’un secteur profondément transformé.
Une profession proactive face aux enjeux d’aujourd’hui
À l’occasion de cette journée, la Fédération des Ascenseurs a rappelé la réalité de son engagement quotidien :
- Un secteur en pleine mutation technologique, réglementaire et organisationnelle ;
- Une concurrence réelle, avec une part croissante assurée par les PME, désormais actrices majeures de la maintenance ;
- Des investissements massifs dans la formation, la fiabilité des équipements, et l’accompagnement des transitions.
Florence Bigé, nouvelle Présidente de la Fédération des Ascenseurs, nommée dans le cadre de l’Assemblée générale, a souligné la nécessité de renforcer l’investissement dans la rénovation des ascenseurs et l’installation de nouveaux équipements, notamment dans les logements collectifs, les quartiers prioritaires de la ville, les établissements recevant du public et les zones en forte croissance démographique.
Pour Florence Bigé : « Les Français ont raison d’exiger plus de fiabilité, plus de disponibilité, et surtout plus d’accessibilité. C’est notre responsabilité collective, avec l’ensemble des parties prenantes comprenant les locataires, les propriétaires, les bailleurs et les institutionnels, de répondre présents, avec des solutions concrètes, innovantes et adaptées aux réalités techniques du bâti existant. »
Les chiffres 2024 de la profession
Dans un contexte économique et immobilier complexe, la filière maintient sa stabilité et confirme sa capacité d’adaptation, malgré une modernisation en berne face aux enjeux urgents de rénovation du parc :
- Chiffre d’affaires global : 2,80 milliards d’euros (stable)
- Parc en fonctionnement : 653.000 appareils
- Ventes d'appareils neufs : 11.100 (+1%)
- Remplacements complets : 2.910 (+1%)
- Modernisation : 235 M€ (-10%)
- Effectifs : 17.200 salariés
Répondre aux critiques : un secteur qui assume ses défis structurels
Il est illusoire d’analyser un parc d’ascenseurs aussi évolutif que celui de la France – plus de 600.000 appareils – avec des références datées d’il y a 10 ou 15 ans. Depuis une décennie, le secteur s’est profondément transformé :
- Les technologies embarquées ont évolué ;
- Les normes réglementaires se sont renforcées ;
- Les attentes sociétales en matière d’inclusion et de durabilité sont au cœur des stratégies industrielles.
Par ailleurs, la Fédération a souligné la diversité de la filière qui est une réalité : en France, il n’existe pas de monopole. Plus d’une centaine d’acteurs, dont de nombreuses PME dynamiques, participent à l’entretien et à la modernisation du parc.
Enfin, la Fédération a rappelé que les pannes ne sont pas, dans une majorité de cas, de la responsabilité des ascensoristes :
- Un parc vétuste, parfois situé dans des copropriétés dégradées où les charges sont impayées ;
- Le vandalisme, qui représente jusqu’à 2/3 des interventions selon certains bailleurs ;
- Une attente irréaliste de disponibilité totale, avec un défi unique : maintenir des équipements qui ont parfois 40 ans, avec des pièces disparues du marché.
À l’heure où une proposition de loi sur les ascenseurs est en discussion, la Fédération fait entendre sa voix auprès des institutions et des médias et rappelle qu'une meilleure fiabilité passe aussi par l’entretien, la rénovation, et la responsabilisation de tous les acteurs, et alerte sur le risque de dérives liées à une mauvaise compréhension politique du sujet. La proposition de loi dite "Brun" illustre cette méconnaissance, en risquant de fragiliser économiquement les PME du secteur et de renchérir les coûts pour les usagers les plus vulnérables.
Des réponses concrètes : une filière mobilisée et constructive
La profession agit. Depuis plusieurs années, des investissements importants ont été réalisés pour structurer et moderniser le secteur :
- Formation et recrutement : la plateforme "être ascensoriste" vise à valoriser les métiers du secteur et à accompagner les vocations, en lien avec les besoins en recrutement et en compétences ; développement de formations dédiées (BTS, certificat de spécialisation), des perspectives de recrutements avec 1.000 à 1.500 recrutements par an ;
- Cadre institutionnel et engagement terrain : la profession est pleinement engagée dans la poursuite du Plan Ascenseur suite au comité interministériel du handicap du 6 mars 2025. La Ministre en charge de la ville, Juliette Méadel, a demandé à 30 départements de procéder à un état des lieux du fonctionnement des ascenseurs, dans la suite de ce qui a été expérimenté dans le Doubs, la Charente-Maritime et la Mayenne. Les professionnels de l’ascenseur sont partie prenante du déploiement de l’expérimentation du Plan Ascenseur dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, avec un calendrier en cours de mise en place ;
- Traçabilité : soutien à la mise en place d’un registre des ascenseurs pour améliorer transparence et suivi, et (re)donner ainsi aux propriétaires tous les éléments utiles à la bonne gestion de leurs équipements ;
- Accessibilité et transition : lancement de l’Access Label, intégration dans MaPrimeRénov’, valorisation des rénovations dans le Manifeste 2024.
Construire la ville de demain passe par la verticalité
Face aux défis croisés du vieillissement démographique, de la transition écologique et de l’urgence sociale, la profession s’affirme avec clarté : inclusion, durabilité, excellence seront les piliers de 2025-2026. Loin des constats dépassés, elle avance avec responsabilité, innovation et ambition.
Pour Florence Bigé : « L’ascenseur est plus qu’un appareil : c’est une solution d’avenir pour des villes inclusives, sobres et accessibles. À l’heure du Plan Ascenseur, l’enjeu est d’accompagner les transitions, pas de se figer dans une vision dépassée. »
Avec son Manifeste 2024, la filière trace un cap résolument tourné vers l’avenir. Le moment est venu de hisser la mobilité verticale au rang de priorité nationale.
Pour Florence Bigé : « Il n’y aura pas de ville durable sans mobilité verticale fiable. L’ascenseur est un pilier de l’urbanisme de demain. C’est maintenant qu’il faut accompagner les transitions engagées, avec des solutions innovantes, efficientes et pérennes. »