
Selon la CCI*, 44% des cédants craignent de ne pas trouver le bon repreneur, et plus de la moitié veulent être rassurés sur le comportement du repreneur (57%), mais également sur l’avenir de l’entreprise (56%).
Faute de repreneur, certains ferment leurs portes, mettant en péril des savoir-faire précieux et des emplois ancrés localement.
Parmi les options possibles, la reprise par un salarié est souvent sous-estimée. Pourtant, elle peut s’avérer être une solution gagnante pour toutes les parties, à condition d’être bien préparée et accompagnée. Le parcours de Baptiste Lemarchand, salarié devenu repreneur de l’entreprise familiale de maçonnerie Perdoux, fondée en 1967 et située à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin (45), illustre de façon concrète les atouts d’une telle option et les conditions de réussite.
Transmission interne : une option rassurante et efficace
Quand se pose le sujet de la transmission, si les enfants du dirigeant ne souhaitent pas reprendre, ou bien qu’aucun repreneur externe n’est identifié, il reste alors l’option de la transmission à un salarié. Au sein de l’entreprise Perdoux, c’est à l’occasion d’un entretien professionnel annuel que Baptiste Lemarchand, alors chef de chantier, partage son projet de monter son entreprise.
Pour Baptiste Lemarchand : « Au départ, je pensais me mettre à mon compte seul. Mais pour arriver à une entreprise de la dimension de Perdoux, il m’aurait fallu des années de travail et de sacrifices. Reprendre une structure déjà installée, avec une clientèle fidèle et une renommée locale, me paraissait bien plus pertinent. »
Cette solution s’est aussi rapidement imposée car elle garantissait la continuité opérationnelle : le repreneur connaissait déjà les chantiers, les clients et les équipes. Cette proximité rassurait toutes les parties prenantes – salariés, clients, fournisseurs et banques – et permettait d’envisager une transition en douceur.
L’accompagnement a consisté à baliser le chemin, tant sur le plan juridique que financier et humain, en étudiant différents scénarios de reprise. L’objectif était de concilier la préparation du départ en retraite du dirigeant et la montée progressive en responsabilité du salarié repreneur.
Oser franchir le pas : le rôle clé de la pédagogie et du conseil
Pour le salarié concerné, passer du statut de chef de chantier à celui de dirigeant représentait un défi considérable. Il disposait déjà d’une solide expérience de terrain et de management d’équipes, mais la responsabilité de la gestion d’entreprise et de ses dix salariés représentait un cap.
Le financement a constitué une autre source de tension. Certaines banques se montraient prudentes face à un repreneur issu du terrain, peu familier de la gestion administrative. Dans ce contexte, l’expert-comptable a été un allié de choix pour soutenir et encourager le salarié repreneur dans son projet, mais également prendre le temps de lui expliquer les différents schémas juridiques et financiers, de détailler le fonctionnement d’une holding de reprise, de sécuriser le montage, et, de manière générale, de répondre à toutes les interrogations. Cette pédagogie a permis au repreneur de se projeter sereinement dans son futur rôle de dirigeant.
Anticiper et structurer : les conditions d’une reprise réussie
La transmission n’a pas été réalisée en une seule fois, mais organisée par étapes. Une prise de participation minoritaire a d’abord été mise en place, permettant au salarié de devenir associé, de participer aux décisions et de se familiariser avec la gestion. La reprise totale est intervenue au moment du départ à la retraite du dirigeant.
Ce schéma progressif a permis de sécuriser le projet. Le repreneur a pu tester ses nouvelles fonctions, se former pour développer ses compétences administratives et managériales, et surtout renforcer la relation de confiance avec les banques et partenaires. Initialement, deux salariés s’étaient portés volontaires pour reprendre. Finalement, l’un d’eux s’est retiré, mais la transmission avait été suffisamment préparée pour que le projet reste solide et poursuive son cours.
Dès le départ, tout a été mis en œuvre pour que le salarié repreneur soit pleinement identifié comme le futur dirigeant. Au moment de prendre les rênes de l’entreprise, la passation était fluide, y compris aux yeux de l’ensemble de l’écosystème. Cette anticipation a levé toute incertitude et a garanti une continuité sans heurt.
Pour Baptiste Lemarchand : « Aujourd’hui, je mesure la chance d’avoir pu reprendre une entreprise déjà solide, entourée de clients fidèles et d’équipes compétentes. Ce passage de relais m’a permis de m’affirmer comme dirigeant tout en préservant l’héritage construit par mon prédécesseur. La confiance instaurée avec les salariés, les clients, les fournisseurs et les banques a été décisive pour réussir cette étape. Mais rien n’aurait été possible sans l’accompagnement de mon expert-comptable, qui a su m’épauler, sécuriser le montage et me donner les clés pour assumer pleinement mon nouveau rôle. »
La reprise par un salarié constitue une réponse concrète à l’enjeu majeur de la transmission d’entreprise dans le bâtiment. Pour le cédant, elle assure la pérennité d’une histoire entrepreneuriale et la préservation des emplois. Pour le salarié, elle représente l’opportunité de devenir dirigeant avec un modèle éprouvé, une clientèle fidèle et des équipes compétentes.
Encore faut-il anticiper suffisamment tôt et s’entourer des bons conseils ! L’accompagnement sur mesure, la pédagogie et la planification sont les clés de la réussite. L’expérience de l’entreprise Perdoux démontre que cette option, lorsqu’elle est bien préparée, peut offrir un avenir solide et sécurisé à l’entreprise comme à son repreneur.
*Source : https://www.cci.fr/ressources/reprise-dentreprise/le-mois-de-la-transmission-reprise-dentreprise
Tribune de Bruno Rouilllé, Expert-comptable Associe ORCOM (Linkedin).