Les métiers de la ventilation, orphelins de la formation

Alors que la qualité de l’air intérieur s’impose comme un enjeu sanitaire et réglementaire, la ventilation continue d’être un levier de performance énergétique et de confort dans le bâtiment. Pourtant, la filière souffre d’un manque de formation. Il est urgent d’accompagner la transition du secteur et les professionnels de la ventilation avec une formation adaptée et diplômante.

Un secteur porteur, délaissé par la formation

La ventilation connait un véritable engouement : qualité de l’air intérieur, enjeux sanitaires, rénovation énergétique… autant de défis qui ouvrent de nouvelles perspectives. Le marché est en croissance, mais l’offre de formation n’est pas suffisante. Aujourd’hui, ce sont majoritairement les électriciens et chauffagistes qui prennent en charge la ventilation, souvent sans formation spécifique, en apprenant « sur le tas » ou auprès d’industriels. Il existe déjà des formations qui abordent le sujet de la ventilation, à l’image de l’habilitation RGE, mais elles ne sont ni assez complètes, ni assez pratiques et surtout, elles ne forment pas aux particularités de ce secteur.

Or, le parc immobilier à rénover est immense. La France devra rénover 400.000 maisons individuelles et 200.000 logements collectifs chaque année en moyenne d'ici à 2030 pour atteindre ses objectifs climatiques[1]. Souvent réduite à la théorie, la ventilation joue un rôle majeur dans cette rénovation. Elle mérite une approche pratique et spécialisée. Sans cela, les risques sont importants : installations mal conçues, maintenance complexe, systèmes inefficaces et problèmes de santé. La ventilation doit être reconnue comme une expertise à part entière, et non une compétence annexe. [2]

La formation, levier de qualité et d’attractivité

Investir dans la formation représente un bénéfice direct pour les professionnels. Un installateur bien formé gagne en efficacité, réduit les erreurs de mise en œuvre et sécurise la maintenance. Ces formations répondent à des besoins concrets. Par exemple, certains installateurs se rendent compte lors des chantiers que le changement d’un moteur d’une ventilation mécanique demande une connaissance précise. Côté client, c’est la garantie d’un système fiable et performant, un facteur clé de confiance et de fidélisation.

La spécialisation en ventilation ouvre de nouveaux marchés : les lots ventilation dans les appels d’offre sont une opportunité pour les entreprises prêtes à se différencier. La formation constitue une stratégie à moyen/long terme. Enfin, dans un métier perçu comme pénible, elle offre aux installateurs des tâches plus techniques, tournées vers la transition énergétique.

Vers un diplôme et une reconnaissance du métier

Un cercle vertueux ne pourra se mettre en place qu’en cas de reconnaissance académique et professionnelle. La création d’un diplôme spécifique de ventiliste apparaît comme une étape indispensable pour structurer la filière, harmoniser les niveaux d’expertise et garantir un haut niveau de pratique.

Former, c’est aussi transmettre : de nombreux professionnels approchent de la retraite, il devient urgent de préparer la relève et d’ancrer les compétences dans le secteur. La ventilation ouvre la voie à de nouveaux métiers (responsable qualité de l’air) qui nécessitent une montée en compétences.

La ventilation ne peut plus être considérée comme une « spécialité accessoire » confiée à d’autres corps de métier. Elle doit s’imposer comme un métier autonome, structuré par la formation, soutenu par un diplôme, et encadré par des réglementations adaptées.

À l’image de la RE2020 qui a fixé un cap pour le neuf, il est temps d’introduire une « RE2020 pour la rénovation », afin d’accompagner la montée en puissance d’une filière essentielle pour la santé, la performance énergétique et le confort des bâtiments collectifs.

[1] La nouvelle Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) présentée par le gouvernement le 4 novembre 2025

[2] Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail