La dynamique reste positive, avec des projets d’investissements qui atteignent 23,5 milliards d’euros en 2024, ce qui confirme l’attractivité de l’hexagone en matière de technologies vertes.

Le Baromètre Arthur Loyd, dans cette 8ème édition, établit la carte des départements qui se sont révélés les plus attractifs cette année en termes d’investissement dans la transition énergétique, sur la base des annonces dans plusieurs secteurs verts, et parmi eux, les énergies renouvelables, la filière batterie et véhicule électrique, ou encore la filière recyclage et déchets.
Vue d’ensemble à l’échelle nationale : Des investissements annoncés dans l’industrie verte qui restent élevés malgré la conjoncture
- 23,5 milliards d’euros d’investissements annoncés dans les filières de transition climatique en 2024
- 2024, malgré un recul de 10% par rapport à 2023 (une année record), reste la 2e meilleure année depuis 2019
- 392 projets d’investissements recensées en 2024 : un repli plus vif que sur les volumes associés, et un nombre d’annonces qui passe sous la barre des 400 annonces, une première depuis 2020.
- Les annonces portants sur des opérations de petit volume sont en baisse. Seuls 214 nouveaux projets inférieurs à 10 millions d’euros en 2024, (vs 255 en 2024, 301 en 2021) sont recensés.
- À l’inverse, les opérations de grande envergure (+ de 100 millions d’euros) sont en hausse et atteignent même un record en 2024 avec 36 nouvelles opérations annoncées.
- Trois filières sont plus spécifiquement à l’honneur : les énergies renouvelables (44%), les batteries électriques (25%) et la filière recyclage & déchets (22%).
Les cartes sont redistribuées dans ce classement 2024 des 10 départements les plus actifs en matière de projets d’investissements dans les filières vertes. Certains départements, habituellement en tête, du fait de leur héritage industriel (comme le Nord) laissent place à des départements à l’identité plus rurales qui ne s’étaient jusque-là jamais inscrits dans les 10 premières positions. Parmi eux, la Haute-Vienne (1 milliard d’euros annoncés) et les Hautes-Pyrénées (813 millions).
En cumul depuis 2019, les régions Normandie, Hauts-de-France et Grand Est concentrent à elles trois la moitié des montants et affirment leur identité d’« industries de demain ».
La Normandie s’illustre par sa capacité à attirer des industries de demain
En 2024, la Seine-Maritime prend la tête du classement des départements les plus investis avec 3,4 milliards d’euros annoncés, soit la quasi-totalité des investissements normands (3,5 milliards au total), notamment grâce à deux projets d’envergure. Parmi eux, Livista Energy annonce la création d’un pôle européen du lithium au Havre et Air Products installera, au Havre également, une installation d’importation d’hydrogène bas carbone.
Les Hauts-de-France, un territoire clé dans les technologies vertes
Champions du classement en 2023, les Hauts-de-France connaissent un ralentissement certain, tout en restant la première région bénéficiaire des montants annoncés en 2024, totalisant près de 4 milliards d’euros.
En cumulé depuis 2019, le Nord rafle – et de loin – la première place du classement, porté par 4 annonces majeures (ProLogium, Envision, Verkor et XTC) de plus d’un milliard d’euros chacune dans la filière de la production de batteries électriques. L’annonce de la création de la « gigafactory » de production de batteries électrique ACC entre PSA et Total permet au Pas-de-Calais de s’imposer en 3ème position du top 10 depuis 2019.
Auparavant, 45ème département selon les annonces de montants investis dans les filières liées à la transition climatique, la Somme se hisse à la 3ème place du podium en 2024, notamment grâce à deux projets d’envergure menés par FertigHy et Tiamat, respectivement dans les secteurs divers (usine d’engrais bas carbone pour l’agriculture) et batterie & véhicule électrique.
Avec 655 millions, l’Aisne se place en 2024 sur le Top 10 des départements attirant les filières industrielles de demains, passant de la 51ème position à la 10 place, sous l’impulsion d’une annonce d’investissement de Verso Energy (dont le cofondateur et directeur général est le Grand Témoin de cette 8ème édition du Baromètre Arthur Loyd).
Le Grand Est, une région en pleine mutation industrielle
Avec un total avoisinant 3,7 milliards d’euros annoncés en 2024, la région Grand Est se démarque, notamment grâce à la croissance du Bas-Rhin, qui bondit de la 30ème à la deuxième place du classement, atteignant 2,3 milliards d’euros annoncés dans le verdissement de l’économie, dont la quasi-totalité dans la filière batterie et véhicule électrique. Les Vosges connaissent également une progression notable, passant de la 54ᵉ à la 5ᵉ place avec près de 1,1 milliard d’euros annoncés notamment porté par l’ouverture d’un site de production de carburant de synthèse par Verso Energy.
L’Occitanie verdit son industrie
Dans le sud de la France, l’Occitanie n’est pas en reste et enregistre un record en 2024 en termes de montants annoncés, porté notamment par l’accord entre Qair et le local Airbus pour le développement d’une usine de kérosène vert à Lannemezan (65). La région est l’un des moteurs français de la filière énergies renouvelables.
La région PACA poursuit sa mutation au profit des énergies renouvelables
Bien que les Bouches-du-Rhône chutent d’une marche sur le podium, le département se maintient en bonne position des intentions d’investissements avec près de 1,7 milliard d’euros annoncés en 2024, quasi-exclusivement dans la filière des énergies renouvelables. À L’échelle de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, on remarque également une année 2024 solide, grâce à plusieurs annonces d’envergure en particulier dans le secteur des énergies décarbonées (solaire et hydrogène bas carbone en tête).
Cevan Torossian, Directeur du département Études & Recherche d’Arthur Loyd réagit à cette analyse et offre de la perspective sur certains facteurs clés du verdissement de l’industrie en France : « L’implantation des filières de transition verte ne doit rien au hasard. Nous remarquons que dans leur grande majorité, les territoires gagnants disposent d’un fort héritage industriel. Ces nouvelles implantations reposent aussi sur une combinaison de plusieurs paramètres annexes. D’abord, l’accès à un foncier industriel adapté, qui devient un enjeu stratégique face à la raréfaction des terrains disponibles. Ensuite, la capacité à mobiliser une main-d’œuvre qualifiée : les territoires qui disposent d’un vivier de compétences en ingénierie et en production industrielle sont les plus attractifs. Troisième levier indispensable, l’accès à l’énergie. Même si tous les secteurs industriels ne consomment pas le même niveau d’énergie, garantir aux acteurs une mise à disposition à long terme des ressources énergétiques est un prérequis pour les investisseurs. Enfin, le soutien des pouvoirs publics et élus locaux est déterminant : dispositifs d’accompagnement à l’implantation, simplification administrative et cadre réglementaire cohérent peuvent accélérer l’implantation des technologies vertes. Ces critères peuvent expliquer les raisons du succès des territoires qui parviennent à attirer des investissements en faveur de la décarbonation de l’économie. »
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