Le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA), les fissures structurelles, les inondations, la dégradation des extérieurs, l’inconfort thermique sont autant de signes qui témoignent de la vulnérabilité de notre patrimoine bâti et sont déjà vécus de façon très concrètes par de nombreux foyers, à travers tout le territoire.
Pour mieux comprendre la perception des Français sur ce sujet sensible, BigMat, acteur majeur de l’habitat, a mené une étude exclusive en collaboration avec l’institut OpinionWay auprès d’un panel de 2.466 répondants. Parmi les enseignements : si les Français témoignent d’une prise de conscience réelle des impacts du changement climatique sur leur lieu de vie, ils restent nombreux à ne pas savoir comment s’adapter…
Quand le climat s’invite dans les maisons : des effets visibles et alarmants
Le changement climatique, c’est aussi l’histoire d’une fissure dans un mur, d’un jardin devenu impraticable ou d’un sol qui s’érode lentement sous les fondations. Des bouleversements inquiétants qui représentent des coûts importants et déprécient la valeur d’un bien immobilier, surtout lorsqu’ils sont répétés, mais dont les pouvoirs publics ne prennent pas suffisamment la mesure pour 78% des Français.
Car du plus léger au plus préoccupant, les impacts des dérèglements du climat sont déjà constatés par une part significative de la population. Ainsi, les résultats de l’étude BigMat-OpinionWay font état d’une situation dégradée : 59% des personnes interrogées déclarent observer une prolifération des nuisibles tels que les moustiques, les frelons asiatiques ou encore les rongeurs et 45% une transformation de la faune et de la flore locale
Près de 6 Français sur 10 évoquent des sécheresses à répétition rendant la végétation difficile à maintenir et plus globalement, un Français sur deux a déjà dû renoncer à utiliser ses espaces extérieurs lors d’épisodes de canicule.
Par ailleurs, concernant le bâti à proprement parler, 50% des Français ont déjà subi des dégâts dus à des vents violents, 47% des dégradations par suite d’alternances brutales de sécheresses et fortes pluies, 41% des précipitations intenses provoquant inondations ou affaissements de terrain et 30% ont vécu des gelées endommageant infrastructures et plantations…
Ces constats rejoignent les observations de terrain relayées par les professionnels du bâtiment. Le RGA, phénomène bien connu dans plusieurs régions françaises, s’intensifie avec la fréquence des sécheresses profondes et des pluies soudaines. Les conséquences sont visibles : fissures sur les façades, affaissements, problèmes d’étanchéité, voire fragilisation des structures ellesmêmes. Certaines habitations, notamment celles construites entre 1950 et 1990, sont particulièrement vulnérables. Mal préparées aux mouvements de terrain, elles nécessitent aujourd’hui des interventions lourdes pour conserver leur intégrité : installation de tirants, reprises en sous-œuvre, systèmes d’agrafage de murs… Autant de techniques qui demandent expertise, matériaux adaptés, et surtout anticipation.
Plus d’un Français sur deux prévoit d’adapter son logement
Car malgré cette prise de conscience croissante, près de 45% des Français déclarent n’avoir encore rien prévu. Un chiffre qui exprime à la fois une certaine forme d’incertitude sur les travaux à entreprendre, un déficit d’information et d’accompagnement, voire parfois des arbitrages économiques difficiles.
Pour autant, les Français ne sont majoritairement pas dans le déni. Ainsi, 54% envisagent spécifiquement d’adapter leur habitat au dérèglement climatique, et cela plus particulièrement en Ile-de-France (66%), en Occitanie (58%) ou encore en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (57%).
Dans cet esprit, figurent parmi leurs projets d’aménagement prioritaires : l’installation de systèmes de gestion de l'eau (24%), le choix de végétaux plus résistants à la sécheresse (24%), la création de zones d'ombre à l'extérieur (23%), l’installation de systèmes d'économie d'énergie (20%), l’achat d’équipements pour lutter contre les fortes chaleurs (16%) ; le choix de matériaux plus durables et résistants aux intempéries (16%), l’intégration de solutions visant à prévenir les risques de dégradations liés à la sécheresse (11%) ou pour préserver leur logement des risques d'inondation (9%).
Au-delà même de toute considération liée au dérèglement climatique, lorsqu’on les interroge sur les travaux d’aménagement extérieur qu’ils souhaiteraient réaliser, 64% des Français adressent naturellement un enjeu énergétique ou climatique : réduire leur consommation d’eau (53%), créer de l’ombre ou améliorer l’isolation thermique (38%) ou encore installer des panneaux solaires (38%) … Plus qu’un simple espace de loisir, le jardin tend à devenir un bouclier climatique potentiel. Pourtant, même sur ce terrain, le climat lui-même devient un obstacle : 40% des répondants disent que les conditions météorologiques rendent les travaux plus complexes et 38% estiment que les effets du dérèglement sont tels qu’ils risquent de compromettre la durabilité de leurs investissements.
Pour Fabio Rinaldi, Président du Directoire de BigMat France, si le secteur de la construction est responsable de près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre, il est aussi une clé de la résilience face au changement climatique : « Le bâtiment est à la fois contributeur et victime du changement climatique. Aujourd’hui, il ne s’agit plus simplement de construire ou rénover, il faut désormais construire pour durer, construire pour résister. Et cela commence par une bonne information, de bons matériaux, et des professionnels formés aux enjeux climatiques. Ce que révèle l’étude menée par BigMat, c’est une mutation silencieuse mais profonde de notre rapport à la maison. L’habitat n’est plus seulement un lieu de confort ou de consommation énergétique raisonnée. Il devient un espace à défendre face aux aléas climatiques, un poste avancé de la transition écologique, un levier d’action collective et individuelle. Isolation, ancrage des fondations, rénovation thermique, écoconstruction : les solutions existent, mais adapter son habitat au climat ne s’improvise pas ! Cela demande des conseils, des compétences techniques et un accompagnement concret des ménages. »
Méthodologie : enquête réalisée auprès d’un échantillon de 2.466 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne du 25 avril au 2 mai 2025.
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