
La CPME ira à Matignon, "avec la volonté de trouver un accord"
"On sera au rendez-vous, pour qu'on puisse aider à trouver une voie de passage", a indiqué mardi M. Reza-Tofighi sur BFM Business, au lendemain de l'échec du conclave sur les retraites, alors que le Premier ministre François Bayrou souhaite recevoir dans la matinée les partenaires sociaux pour tenter de trouver une solution.
Il faut selon lui "tout faire pour réussir", sinon, "c'est de l'instabilité politique et de l'instabilité économique".
"Nous, partenaires sociaux, on doit être au rendez-vous" et "trouver une solution de compromis (pour) sortir de tout ce débat sur la réforme des retraites".
Selon lui, "on peut trouver un accord" sur le sujet central de la pénibilité, même si le patronat refuse de "faire partir toutes les personnes qui font un (certain) métier à un certain âge", ce qui équivaudrait à "recréer des régimes spéciaux", souhaitant plutôt "individualiser les départs en fonction de l'état de la personne" et renforcer la prévention en amont.
"S'il y a eu un échec, il est l'échec de tout le monde. Mais pour moi, on n'a pas encore un échec (...) j'ai encore confiance", a-t-il ajouté, alors qu'une ultime séance de négociation lundi s'est achevée sans accord.
M. Reza-Tofighi a notamment rappelé que les partenaires sociaux souhaitaient tous reprendre la gouvernance du régime des retraites du privé, comme c'est le cas pour les retraites complémentaires (Agirc-Arrco). Cela "permettrait qu'on équilibre en permanence notre système de retraite pour ne pas avoir des déficits et donc avoir une règle d'or", selon lui.
Sur l'instauration d'une part de capitalisation, sujet que la CPME "porte depuis des mois et des mois", "l'ensemble des organisations" disent à présent "que c'est un sujet intéressant", a-t-il assuré.
Il a enfin affirmé que la relation entre la CPME et le Medef avait "toujours été bonne", même s'ils peuvent avoir "des idées différentes" dans la discussion.
Le Medef ira à Matignon, "il faut que le dialogue social se poursuive"
"Il est important de tenir le dialogue avec les syndicats, avec le gouvernement lui même", a déclaré M. Martin sur Franceinfo, évoquant "la conviction (qu'il a) avec le Medef qu'il faut que le dialogue social se poursuive et que la démocratie sociale occupe tout son champ".
"On n'a pas passé 18 journées de négociations pour faire genre ou pour faire illusion", a fait valoir le dirigeant, assurant que la première organisation patronale avait participé aux négociations de "bonne foi" et formulé des propositions "très robustes, très sérieuses".
Il y a eu "des avancées très significatives qui n'étaient même pas imaginables en début d'année", a-t-il souligné, déplorant "l'objectif non dit d'un certain nombre d'organisations syndicales (...) de faire partir le plus possible de personnes avant l'âge légal".
Selon le président du Medef, le format du conclave "n'était pas le bon" et il "a conduit à ce que chacun campe sur ses positions et soit moins en confiance", pointant notamment des "interférences politiques".
"Si l'objectif, c'est que 50% d'une classe d'âge parte avant l'âge légal, ça ne marchera pas", a-t-il estimé.
Parmi les "points bloquants" de la négociation, Patrick Martin a cité "un certain nombre de dispositifs de carrières longues", sur lesquels il serait possible selon lui "de dégager des marges de manoeuvre financières sans augmenter le coût du travail" et "de corriger des iniquités".
Certains départs anticipés peuvent être "parfaitement justifié (...) quand il y a de vrais problèmes d'usure professionnelle", en revanche "ça ne l'est pas quand ça permet à des gens, au motif qu'ils ont fait des stages mais qui ensuite ont fait des études supérieures, ont exercé dans des métiers qui ne sont pas éprouvants, de partir avant l'âge légal".
Mais "la voie de passage, elle existe", a-t-il affirmé.
Patrick Martin a estimé que le Premier ministre François Bayrou n'était "pas dans une position d'arbitre. A la fin c'est le Parlement qui sera dans une position d'arbitre", a-t-il dit.
Raphaël Glucksmann "salue l'attitude de la CPME et de la CFDT"
L'eurodéputé Raphaël Glucksmann, leader de Place publique, a "salué" mardi l'attitude "constructive" de l'organisation patronale CPME et de la CFDT dans la négociation sur les retraites, félicitations dont il a ouvertement exclu le Medef.
"En France, on n'est pas des grands spécialistes du dialogue social (mais) on vit quand même une étape importante et je suis très heureux de saluer l'attitude de la CPME et de la CFDT et des autres syndicats dans leur approche constructive du dialogue sur les retraites", a-t-il lancé à la tribune d'Impact PME, évènement autour des PME organisé par la CPME.
"Ce n'est pas le cas - j'avais promis que je n'en parlerais pas, mais je vais quand même en parler - du Medef", a poursuivi M. Glucksmann, qui a présenté lundi sa "vision pour la France".
"J'espère que vous allez pouvoir faire atterrir" (la négociation), a-t-il ajouté, alors que François Bayrou réunit mardi à Matignon les organisations patronales et syndicales au lendemain de l'échec du conclave.
"Vous êtes l'avenir de l'économie française", et "il serait bon que votre représentativité soit accrue, parce qu'en fait, on ne peut pas être constamment sous la pression d'un groupe qui ne représente pas l'ensemble des entreprises françaises", a conclu le responsable politique à l'adresse de son auditoire.
Le calcul de représentativité, qui privilégie le nombre de salariés sur le nombre d'entreprises représentées par les organisations patronales, place le Medef largement en tête avec 63,42%, devant la CPME 32,05% et l'U2P (4,53%).
Alors qu'il est régulièrement apparu au cours des négociations du conclave que le Medef traînait beaucoup plus les pieds que la CPME pour trouver un accord, le président de cette dernière, Amir Reza-Tofighi, a refusé d'entrer dans la polémique, indiquant que l'échec de la veille était "collectif", et se disant "décidé à trouver une voie de passage et à montrer que les partenaires sociaux sont au rendez-vous".
"Il faut toujours une victime, un diable, c'est le Medef, moi ça ne m'émeut pas plus que ça", avait déclaré dans la matinée sur Franceinfo le président du Medef, Patrick Martin, en réponse aux critiques de certains syndicats.
Lundi, une première, Patrick Martin et Amir Reza-Tofighi avaient organisé une conférence de presse commune sur les marches du bâtiment abritant le conclave, en présentant quelques "avancées", notamment sur la pénibilité, qui n'ont pas convaincu à ce stade les syndicats encore présents dans la négociation, CFDT, CFE-CGC et CFTC.