Sur plus de 300 dossiers venus du monde entier, examinés par un jury d'une vingtaine de professionnels présidé par l'écrivain Jean Echenoz, vingt-cinq ont été sélectionnés et sont présentés au public jusqu'au 4 novembre 2018.
"De toute éternité, le jardin a eu un rapport avec la pensée", a relevé Chantal Colleu-Dumond la Directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire lors de l'inauguration de la 27e édition du Festival International des Jardins.
Les créations originales embarquent les visiteurs dans des voyages étonnants se référant à des univers d'auteurs célèbres, tels Jean-Jacques Rousseau, Octave Mirbeau, Marcel Proust ou de l'Argentin Jorge Luis Borges.
La trentaine de créations présente de nombreux ponts entre la composition d'un jardin et celle d'un roman comme l'a évoqué, dans son discours inaugural, l'écrivain Jean Echenoz, Président du Jury 2018, lauréat du Prix Goncourt pour "Je m'en vais" en 1999. "Construire un jardin, c'est faire un don, le don d'un objet qui va, comme le livre, vivre sa vie propre et que chacun peut s'approprier en l'inventant lui-même à son tour", a-t-il souligné.
Les jardins "représentent aussi physiquement, les cheminements de nos pensées", selon Chantal Colleu-Dumond. A l'instar de la création de Youngjun Kim, un architecte-paysagiste venu de Corée du Sud. Son jardin intitulé "Le filet de pensées" évoque l'exil dans la Corée du XIVe - XIXe. Des cannes à pêche, lourdement incurvées, expriment le désir de liberté et s'étendent vers le monde extérieur, représenté par un filet de pensées symbolisées par du bugle rampant aux couleurs bleu-violacé.
Un jardin des voyelles
"C'est un grand honneur d'avoir été choisi, une reconnaissance. La reproduction à l'identique de ma création est du coup en préparation dans un parc de Séoul", a déclaré Youngjun Kim à l'AFP.
"La possibilité d'une île" de l'architecte allemand Ulli Heckmann, en référence au roman de Michel Houellebecq, pose la question : Est-il possible qu'un arbre pousse au milieu d'une surface d'eau ?
La création "Hortus Allergoricus" invite, elle, à voir, imaginer, découvrir et méditer autour des thèmes exposés dans L'allégorie de la caverne de Platon. "C'est l'aboutissement d'un travail entre amis, architecte, paysagiste, ébéniste!", explique Marion Hawecker architecte et plumassière.
Plus contemporaine, le jardin "Entrez dans la pensine" des paysagistes Bérengère Lecat et Stéphane Larcin s'inspire de la saga littéraire et cinématographique de Harry Potter.
En plus des jardins sélectionnés, le public peut découvrir à Chaumont-sur-Loire des Cartes Vertes.
L'architecte paysagiste et plasticien français Bernard Lassus a ainsi créé l'espace "Être là ... un peu +", synthèse entre art, architecture (une tôle laquée découpée au laser) et environnement (massif de fleurs).
De son côté,l'association l'OULIPO (l'OUvroir de LIttérature POtentielle) fondée en 1960 par le poète Raymond Queneau et l'ingénieur chimiste et mathématicien François Le Lionnais a imaginé "Le jardin des voyelles" où les voyelles sont remplacées par des fleurs.
Les promeneurs sont invités à rêver, réfléchir et même à participer, comme dans le "Le Livre de sable", nom d'un recueil de nouvelles de Jorge Luis Borges, du Collectif Moonwalklocal qui autorise les plus curieux à se déchausser.