Cette éclosion est due au lancement en 2017 du festival "Points de vue" qui s'est tranquillement installé sous la houlette d'un centre d'art local et de son directeur passionné.
"On partait de zéro ou presque, avec le cliché d'un street art très souvent synonyme de vandalisme. Mais aujourd'hui, la ville s'est appropriée le festival et veut même devenir une vitrine du genre", assure Alban Morlot, directeur artistique du festival, qui fut jusqu'à peu le directeur du centre d'art Spacejunk de Bayonne, à l'origine de la création de ce rendez-vous.
Au total, une vingtaine de murs de la ville, situés dans différents quartiers et notamment en périphérie de l'hypercentre, arborent d'imposantes pièces, créations d'artistes locaux ou internationaux.
Parmi celles-ci, le portrait extrêmement réaliste d'un homme, béret vissé sur la tête, bâton de berger à la main, avec un message écrit en basque, "Hitza hitz" (un code d'honneur pour les Basques, relatif à la "parole donnée") au pied de l'oeuvre. Cette oeuvre monumentale du collectif d'artistes Sismikazot est visible en longeant l'Adour, sur la rive droite de la ville.
En 2017, pour la première édition du festival, la fresque de la femme connectée de l'artiste catalan DEIH a été distinguée par le site Wide Walls, une plateforme internet pour les amateurs d'art moderne et contemporain, qui l'a placée en tête de son classement mondial des plus belles oeuvres de street art.
Pantonio, artiste venu des Açores, a créé en 2018 une oeuvre de 40 mètres de haut, et l'Américain BIP des oeuvres hyper réalistes.
"L'objectif premier est de surprendre et de proposer quelque chose d'innovant. Il n'est pas question, par exemple, d'intervenir sur les façades à colombages du centre-ville", explique Alban Morlot, à qui est revenu durant deux ans la tâche de trouver les murs, toîles vierges à proposer aux artistes invités.
"Trouver des murs"
Il a travaillé sur le street art de longues années au sein du centre Spacejunk et explique avoir réfléchi au festival dès 2010. "On voyait beaucoup de ces artistes venir exposer chez nous et repartir sans qu'on en garde une trace. Il y avait pour moi une grande frustration là-dedans alors j'ai entamé un travail de pédagogie pour trouver des murs".
Les premières façades attribuées aux artistes ont été des bâtiments dont la Ville de Bayonne ainsi que la Communauté d'agglomération étaient propriétaires. Puis, des bailleurs sociaux et des promoteurs privés sont entrés dans le jeu.
Outre les fresques murales, que l'on peut croiser en se promenant dans la ville, et notamment sur sa rive droite, le festival Points de vue propose chaque année des installations artistiques dans toutes les rues, à "hauteur d'homme". Soit plus de 80 oeuvres, aussi bien miniatures, à fleur de trottoir ou dessinées sur des boites aux lettres, qui se sont fait une place dans le quotidien des Bayonnais.
"Je suis passionné et convaincu par cet art donc je ne suis absolument pas étonné du succès qu'il rencontre à Bayonne. J'aurais juste voulu dégainer un peu plus tôt, alors que j'avais encore accès à des artistes qui aujourd'hui sont des grands noms du street art", déclare Alban Morlot.
Il se réjouit par ailleurs que la Ville de Bayonne, qui participe pour un quart au budget du festival, dont le montant était d'environ 170.000 euros pour la dernière édition, soit aussi réceptive.
"On voit l'intérêt de la population touristique pour le street art. Donc, il y a une certitude aujourd'hui, ce n'est pas seulement une question d'art, mais aussi une question économique et touristique", souligne à l'AFP le maire Jean-René Etchegaray, relevant qu'il existe désormais des circuits de visite "à pied ou à vélo".
La prochaine édition du festival est prévu du 16 au 20 octobre.