Selon l'estimation définitive publiée mercredi par l'Insee, les effectifs dans le privé ont progressé, avec 30.700 créations nettes d'emplois (+36.700 avec l'emploi public). L'emploi salarié privé se situe ainsi 5,8% au-dessus de son niveau d'avant la crise sanitaire, fin 2019, soit un peu moins de 1,2 million d'emplois supplémentaires.
Par rapport à l'estimation provisoire parue début novembre, qui faisait état de 17.700 destructions de postes, ces résultats sont revus à la hausse de 48.400 emplois, avec un pourcentage rehaussé de 0,2 point, a indiqué l'Institut.
La première évaluation se fait à un moment où les entreprises n'ont pas toutes fait leurs déclarations sociales, et "l'estimation peut être un peu plus délicate à des moments où la conjoncture est un peu en train de changer comme maintenant", a expliqué à l'AFP Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l'Insee.
Ces résultats ont aussitôt été salués sur X (ex-Twitter) par le ministre du Travail Olivier Dussopt, qui a notamment pointé les quelque 12.000 emplois supplémentaires dans l'industrie, soulignant que "malgré le ralentissement mondial", l'économie française "continue de créer des emplois".
Réunion à Matignon
"C'est un signal encourageant du bien-fondé de nos réformes pour faciliter toujours plus le travail pour nos concitoyens. Plein emploi ! On continue", a-t-il ajouté.
L'exécutif surveille de près le marché de l'emploi, alors que les derniers chiffres du taux de chômage mi-novembre ont suscité des doutes sur la possibilité d'atteindre l'objectif fixé par le chef de l'Etat Emmanuel Macron d'avoir un taux de chômage autour de 5% en 2027. L'Insee avait fait état d'une légère hausse au troisième trimestre, à 7,4% de la population active en France (hors Mayotte), contre 7,2 au deuxième trimestre.
La Première ministre Elisabeth Borne a d'ailleurs convié ses ministres de l'Economie Bruno Le Maire et du Travail le 4 décembre pour échanger sur le plein emploi et les moyens d'y parvenir.
Elle leur a demandé des "propositions nouvelles" parce que "pour passer de 7 à 5% de chômage, il faut continuer à transformer le pays", a précisé son entourage.
Il s'agit d'"interroger les dispositifs existants" parmi lesquels figurent, entre autres, les ruptures conventionnelles ou la formation.
Si l'emploi est finalement dans le vert au troisième trimestre, la hausse reste "relativement limitée", note Yves Jauneau.
"Ralentissement" confirmé
Pour certains secteurs l'emploi salarié diminue, notamment dans l'intérim (-2,1%, soit -16.300 emplois) ou la construction (-0,3%), a détaillé l'expert de l'Insee.
A l'inverse, certains secteurs "résistent" comme l'industrie (+0,4%) ou le tertiaire marchand (+0,1%), avec une progression dans le commerce et surtout dans l'hébergement-restauration qui peut expliquer "la révision à la hausse de ce trimestre".
Pour autant, "ces résultats ne semblent pas montrer une reprise ou un rebond de l'emploi. C'est plutôt la confirmation d'un ralentissement, même si certains secteurs tirent leur épingle du jeu", indique M. Jauneau. Il rappelle à titre de comparaison qu'"on était en 2021 plutôt à +0,8% chaque trimestre et en 2022 à +0,3%".
"Cela ne remet pas en cause notre diagnostic général de prévision de mi-octobre" dans la dernière note de conjoncture de l'Insee, qui prévoyait "un ralentissement jusque fin 2023".
Côté chômage, l'Institut, qui doit faire de nouvelles prévisions en décembre jusqu'à mi-2024, avait prévu une légère hausse au second semestre à 7,3%. L'OFCE a dit pour sa part mi-octobre s'attendre à une remontée à 7,9% fin 2024, tandis que la Banque de France a prédit mi-septembre que le taux atteindrait 7,8% en 2025.
Les résultats du quatrième trimestre sont attendus mi-février.