Bénéficiant d'un "contexte qui demeure globalement favorable sur les marchés de l'énergie", le groupe a revu en progression son objectif annuel de bénéfice net récurrent, désormais dans une fourchette de 5,1 à 5,7 milliards d'euros, contre 4,7 à 5,3 milliards d'euros annoncés l'été dernier.
L'ex-GDF Suez a enregistré sur les neuf premiers mois de l'année un résultat d'exploitation hors activités nucléaires en augmentation de 27,4% sur un an, à 8 milliards d'euros, soulignant ainsi la bonne tenue des renouvelables et de ses activités d'approvisionnement en énergie, malgré un ralentissement observé au troisième trimestre.
Si l'on inclut la gestion des activités nucléaires en Belgique, le bénéfice d'exploitation progresse de 14,7% sur un an, à 8,32 milliards d'euros.
Mais l'accalmie des prix du gaz et de l'électricité commence à pénaliser les performances du groupe, lui qui avait engrangé un bénéfice net récurrent de 5,2 milliards d'euros en 2022, dopé par des cours historiques, dans le contexte de craintes de pénuries d'énergie après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Le résultat d'exploitation (EBIT) de sa plus grosse division, GEMS (Global Energy Management & Sales), dédiée aux entreprises et grands consommateurs d'énergie (gaz, électricité...), est en baisse de près de 80% au troisième trimestre, par rapport à la même période de 2022, et chute à 200 millions d'euros.
Sur les neuf premiers mois de l'année, la tendance reste positive puisque le résultat d'exploitation de cette division, qui fournit l'énergie à ces grands clients et les aide à gérer leurs risques d'approvisionnement, grimpe de plus de 67%, à 3,34 milliards d'euros.
Mais "la réduction de nos marges liée à la progressive normalisation du marché", dans un contexte de baisse des prix de l'énergie et d'une moindre volatilité sur les marchés, "est visible au troisième trimestre", a souligné Pierre-François Riolacci, directeur général adjoint finances, auprès de journalistes.
Illustrant le ralentissement général, le chiffre d'affaires global d'Engie sur neuf mois recule de 10,9% par rapport aux neuf premiers mois de 2022, à 61,8 milliards d'euros, ce qui n'empêche pas le groupe d'aborder la fin de l'année avec "confiance". "La performance générale reste robuste", affirme M. Riolacci.
Record d'installations renouvelables
Engie se dit par ailleurs conforté dans sa stratégie de déploiement des énergies renouvelables, sa priorité et l'un des moteurs de sa croissance. Le groupe disposait de 38,6 gigawatts (GW) de capacités installées au 30 septembre, a-t-il précisé.
Premier opérateur d'énergie éolienne et solaire en France et quatrième européen, Engie a enregistré dans cette division un résultat d'exploitation en hausse de 45,3% à 1,51 milliard d'euros, une performance soutenue "à la fois par la hausse des prix captés, par la croissance des volumes en Europe, mais aussi par la contribution de capacités nouvellement mises en service aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine", a expliqué M. Riolacci.
Fin septembre, Engie a franchi un niveau "record" d'installations renouvelables en construction, porté à 7,6 GW, soit 68 projets dont 4,6 GW entrés en construction sur les neuf premiers mois de 2023. Avec des projets lancés au Brésil, en Amérique du Nord, en Inde, a détaillé le directeur financier du groupe, qui vise 4 GW de capacités additionnelles en moyenne chaque année jusqu'en 2025.
Au troisième trimestre, Engie a en outre accéléré dans les activités de stockage par batterie - des projets censés pallier les caractéristiques intermittentes des énergies renouvelables - avec l'acquisition de la société américaine Broad Reach Power, spécialisée dans ce domaine.
Pour verdir le gaz, Engie avance aussi ses pions en Europe et prévoit d'investir 3 milliards d'euros dans le développement du biométhane et du gaz de synthèse (ou e-méthane). Le groupe, qui revendique une place de leader en France dans le biométhane, avait annoncé en septembre l'acquisition du producteur britannique Ixora Energy Ltd pour 75 millions d'euros.