Confort thermique : l’enjeu majeur de la rénovation énergétique pour les copropriétaires

Si cette réalité est désormais bien connue, une étude OpinionWay-PrimesEnergie.fr, réalisée auprès d’un panel représentatif de copropriétaires, révèle une autre facette tout aussi préoccupante : contrairement à ce que l’on peut penser, ce ne sont pas les températures hivernales qui pèsent le plus sur leur bien-être, mais bien les épisodes de fortes chaleurs. Ainsi, en 2023, 55% des Français ont eu trop chaud dans leur logement selon la Fondation pour le logement des favorisés.

Une problématique qui risque de s’accentuer alors qu’on estime que les vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes et intenses, devraient doubler d'ici 2050 avec le dérèglement climatique et représenter une menace pour la santé publique…

Faire des économies, contribuer à réduire les émissions de CO2, valoriser son patrimoine immobilier et s’éviter un DPE rédhibitoire… les motivations classiques pour engager des travaux de rénovation énergétique – particulièrement complexes à engager dans les copropriétés - sont plus que jamais valables. Mais ne sont pas les seules et la notion de confort thermique est tout sauf accessoire.

Grands froids, canicules : la double peine dans les copropriétés mal isolées

Un logement confortable, c’est un logement où la température intérieure reste idéalement entre 19°C et 24°C, selon les préconisations de l’Ademe. Condition essentielle pour vivre sereinement chez soi, quelle que soit la saison, le confort thermique est perçu comme une source de grandes inégalités entre les résidents de logements neufs et anciens pour près de 7 copropriétaires sur 10 (69%).

C’est officiel, l’observatoire européen Copernicus a annoncé le 10 janvier dernier que l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée. Tandis que la planète continue de battre des records de chaleur, la température ressentie en intérieur est devenue un sujet de préoccupation encore plus prégnant l’été, les logements mal isolés se transformant alors en "bouilloires thermiques", pouvant prendre plusieurs jours pour évacuer la chaleur rapidement accumulée. Particulièrement démunis dans ces situations et jugeant les recommandations estivales traditionnelles, comme fermer ses volets et aérer tôt le matin ou tard le soir, très insuffisantes, 62% des copropriétaires placent l’isolation au cœur de leurs priorités.

Ces chiffres mettent en lumière une situation largement sous-estimée. Si la pénibilité des températures hivernales et le coût de l’énergie sont souvent évoqués dans les problématiques de rénovation énergétique, les épisodes de fortes chaleurs ont également un véritable impact négatif sur la qualité de vie des occupants de copropriétés mal isolées, de jour comme de nuit, a fortiori pour les copropriétés construites avant 2013. Ainsi, quand 8 millions de Français (31% de femmes - 22% des hommes) déclarent souffrir du froid, 14 millions évoquent craindre davantage les fortes chaleurs (38% des femmes – 48% des hommes).

Les principaux mécanismes qui déterminent l’inconfort thermique durant l’été :

• Un effet de serre intérieure : les logements mal isolés, surtout ceux avec de grandes surfaces vitrées ou situés sous les toits, absorbent et emprisonnent la chaleur. Une fois chauffés par le soleil, ces bâtiments deviennent des "bouilloires thermiques", avec des températures intérieures qui peuvent dépasser celles de l'extérieur.
• L’absence de régulation thermique : l’isolation thermique joue un rôle clé non seulement pour conserver la chaleur en hiver, mais aussi pour maintenir la fraîcheur en été. Les bâtiments mal isolés ne bloquent pas les échanges de chaleur, laissant entrer la chaleur extérieure tout en accumulant celle générée par les appareils électroménagers ou l’activité des occupants.
• La difficulté à refroidir : contrairement au chauffage, les dispositifs de refroidissement tels que la climatisation sont souvent absents ou insuffisants dans ces logements. De plus, des solutions passives, comme une bonne ventilation nocturne, sont inefficaces si l’isolation ne bloque pas l'entrée de la chaleur durant la journée.

Pour Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr, spécialiste du financement de la transition énergétique : « Les copropriétés représentent plus d'un quart du parc français de logements, mais elles ont longtemps été les grandes oubliées de la transition énergétique. Si les copropriétaires ne manquent pas de bonne volonté, la prise de décision collective est souvent longue et complexe avec la nécessité de passer par un vote en Assemblée générale et de bénéficier de conseils adaptés de la part des syndics de copropriétés... Le financement des travaux est perçu comme un véritable obstacle : le coût des rénovations, l’instabilité des aides et leurs évolutions trop fréquentes découragent souvent les initiatives. En 2023, seuls 37.971 logements en copropriétés ont été rénovés par le biais du dispositif MaPrimeRénov' Copropriété, pour une aide moyenne de 11.810 euros. Pourtant, un immeuble collectif de 2.000m² pourrait obtenir en sus 100k€ de primes énergie... Une mobilisation urgente et nécessaire pour adapter les politiques publiques : les copropriétés mal isolées ne sont pas une fatalité. Avec des actions coordonnées et des dispositifs adaptés, il est possible de transformer ces passoires thermiques en logements durables et confortables, hiver comme été et de limiter les effets des canicules à venir. »

Des copropriétaires en souffrance thermique toute l’année !

Les immeubles collectifs ont des dynamiques de déperdition thermique bien spécifiques. Les interventions sur l’isolation et l’efficacité énergétique, qui bénéficient à la fois au confort hivernal et estival, sont tout aussi essentielles pour les copropriétés que pour les maisons individuelles, même si leur mise en œuvre peut être plus complexe.

Les travaux de rénovation énergétique pour les copropriétés nécessitent une coordination accrue, une adaptation aux spécificités des bâtiments collectifs, et une prise en compte des contraintes financières et organisationnelles des copropriétaires. Pour une rénovation efficace, un audit énergétique global permet d’identifier les postes prioritaires et de hiérarchiser les travaux en fonction des besoins spécifiques des copropriétés. Isolation des murs extérieurs, isolation de la toiture et des combles, remplacement des fenêtres et vitrages des parties privatives et communes ou encore pose d’une VMC double flux collective sont autant de gestes permettant de réduire les pertes de chaleur en hiver et de favoriser le rafraîchissement en été, tout en améliorant la circulation de l’air.