Exercice obligé pour tout nouveau Premier ministre, les partenaires sociaux, patronat et grandes centrales syndicales, défilent à partir de mardi à Matignon.
Patrick Martin du Medef a ouvert le bal à 9H30 pour un entretien d'environ une heure. Il a dit avoir vouloir élargir la discussion envisagée par François Bayrou sur les retraites au "financement de la protection sociale" par de la "capitalisation" ou de la "fiscalité".
M. Martin sera suivi par la numéro un du syndicat CFDT Marylise Léon à 17H00 et celui de la CPME François Asselin à 20H00. Les rencontres avec les autres organisations se poursuivront jusqu'à lundi à la veille du discours de politique générale du Premier ministre devant l'Assemblée nationale.
Ces "premiers échanges" doivent permettre à François Bayrou d'"entendre leurs demandes" et évoquer avec eux "l'actualité sociale" y compris "ce que le Premier ministre a mis sur la table" sur les retraites, a indiqué Matignon.
M. Bayrou avait proposé en décembre aux forces politiques de rouvrir une discussion, pendant neuf mois, sur la réforme controversée des retraites de 2023, sans la suspendre. Il avait affirmé croire qu'il pouvait y avoir une autre solution pour leur financement que le report de l'âge de 62 à 64 ans, évoquant un système "à points".
Retraites, emploi, pouvoir d'achat, compétitivité des entreprises... Cette première prise de contact entre le chef du gouvernement et les partenaires sociaux ne devrait pas réserver trop de surprises quant au menu des discussions.
En mettant en avant, selon Matignon, sa "méthode très horizontale", François Bayrou semble inscrire ses pas dans celui de son prédécesseur en matière de dialogue social.
Le maintien à son poste de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, désormais sous la tutelle de Catherine Vautrin, accrédite l'idée d'une continuité.
De quoi quelque peu rassurer des partenaires sociaux qui, unanimes à l'exception de la CGT, avaient alerté le 17 décembre sur "l'instabilité dans laquelle a basculé notre pays", qui fait "peser le risque d'une crise économique aux conséquences sociales dramatiques".
Méthode, calendrier
Éviter "l'instabilité" et le spectre d'une nouvelle censure, c'est l'objectif des rencontres entre les ministres en charge du budget de l'État et de la Sécurité sociale et les groupes parlementaires.
Reçus lundi à Bercy, les socialistes ont agité la menace d'une censure s'ils n'obtenaient pas des "concessions remarquables" du gouvernement qui a, selon lui, déjà fait "une proposition de modification" de la contestée réforme des retraites.
Avant de rencontrer les élus socialistes, le ministre Éric Lombard avait jugé qu'il y avait "plus de perspectives d'un dialogue fécond" avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement national, s'attirant les foudres de Marine Le Pen.
Mardi, c'est au tour de la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin de recevoir les groupes sur le budget de la Sécurité sociale avec le mantra "respect, écoute, dialogue, humilité et suivi".
Méthode, calendrier, mesures de fond: Mme Vautrin a promis d'"examiner ensemble les points essentiels du texte de projet de loi de financement de la Sécurité sociale tel qu'il a été discuté par le Parlement à l'automne".
Début décembre, le gouvernement Barnier était tombé après l'adoption d'une motion de censure déposée par la gauche après déclenchement par le Premier ministre de l'article 49.3 sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Le groupe parlementaire socialiste est à nouveau le premier convié, à 16H30, avenue Duquesne.
"Nous, on repart des dernières propositions qu'on avait faites sur le PLFSS au moment de la commission mixte paritaire (CMP)", a averti le député PS Jérôme Guedj auprès de l'AFP.
"La sécurité sociale a un problème essentiellement de recettes. On a décidé d'une dépense nécessaire, l'augmentation de la rémunération des soignants, sans dégager de ressources pour financer cette dépense nouvelle. Aujourd'hui ça coûte 14 milliards le Ségur. Donc c'est d'une conférence de financement de la sécu dont on a besoin, avec des recettes nouvelles", complète l'élu de l'Essonne.