Travaux entre Paris et Orléans : la SNCF à la rencontre des usagers inquiets

"On sait que ça va être une période un peu difficile pour les voyageurs, mais on s'est engagé à les tenir informés pour que l'organisation de la vie quotidienne puisse se faire le plus tôt possible", a indiqué Francesca Aceto, directrice territoriale de SNCF Réseau en Centre-Val de Loire.

Avant une réunion publique organisée lundi à Toury, petite ville d'Eure-et-Loir située sur le tracé de cette ligne qui relie Paris à Toulouse via Orléans et Limoges (ligne POLT), elle a jugé "important" d'aller à la rencontre des usagers" concernés, où les affiches d'information ornent déjà la gare.

Ce soir-là, une vingtaine de voyageurs curieux se sont déplacés, à la recherche de précisions sur ce chantier majeur, dont la première phase préparatoire du chantier a été lancée fin avril. Elle va entraîner l'interruption de la circulation des trains lors de tranches horaires comprises entre 10H00 et 15H00, surtout à partir de la mi-mai.

Le plus gros des perturbations est ensuite attendu à partir d'août, avec le début de la phase principale des opérations.

"Journées élastiques"

Les coupures s'étaleront alors entre 09H30 à 17H30, du lundi au vendredi, jusqu'à janvier, avant une fin de travaux définitive fin mars 2026.

"Ca va être une vraie galère", estime Valérie Loiseau, utilisatrice quotidienne du train pour se rendre à Paris, venue demander des détails sur "l'organisation".

La suppression des trains "nous obligera à avoir des journées élastiques", prévoit-elle, pas vraiment rassurée par la synthèse présentée.

Cette interruption totale du trafic "aurait pu être évitée", avait de son côté estimé fin avril Jean-Noël Boisseleau, vice-président d'Urgence Ligne POLT auprès de l'AFP, qui pointe du doigt une situation "très insatisfaisante".

L'opération, qui consiste à rénover entièrement 70 km de voies (rails, ballast et traverses) dans le Loiret, entre Boisseaux et Les Aubrais, au moyen d'un train-usine, ne pouvait se dérouler de nuit pour préserver la circulation des trains de fret, selon Francesca Aceto, qui la qualifie devant l'assistance de "plus gros chantier de l'année".

"Sans cette organisation industrielle, ces travaux dureraient plusieurs années", justifie-t-elle.

Un plan de transport, incluant un déploiement de quelques cars de substitution lors des interruptions, a été présenté par la région Centre-Val de Loire et SNCF Voyageurs, qui ont aussi annoncé un renforcement de la fréquence des trains aux heures de pointe, en dehors des périodes de coupures.

"Tetris"

C'est à 40 kilomètres de là, au technicentre d'Orléans, centre de maintenance des trains, que certains trains seront notamment assemblés avec trois rames, au lieu de deux en temps normal, pour offrir les 1.300 places assises promises en compensation, aux heures de pointe.

"On réceptionne les rames en trois éléments et, ici, on va les assembler. Il va falloir jouer à un jeu de Tetris", prédit le directeur du site Luc Girard.

Jusqu'au centre de maintenance, il a "fallu revoir l'organisation" des plannings des 70 personnels, pour ajuster leur présence "à des heures plus judicieuses", le matin et le soir, pour être plus "efficaces".

L'activité de maintenance des trains sera de fait plus étendue en journée, lorsque le trafic sera coupé, quand "75% de son activité" se concentre d'ordinaire la nuit.

Ces dernières années, élus et collectivités ont souvent pointé du doigt une ligne dégradée et mis en avant des travaux "indispensables" et engagés depuis 2018.

Mi-avril, des centaines d'usagers et d'élus locaux des lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse et Paris-Clermont-Ferrand se sont même rendus à la capitale dans deux "trains de la colère" pour demander davantage d'investissements pour ces "lignes sinistrées".

Dans le Loiret, le chantier avait déjà été repoussé deux fois. D'un montant de 133 millions d'euros, il est entièrement financé par SNCF Réseau.