Sika/Saint-Gobain : les cadres du groupe suisse envoient une nouvelle lettre pour s'opposer à l'opération

Nouvel épisode dans la lutte que se livrent Saint Gobain et Sika pour le rachat de ce dernier et qui dure maintenant depuis plusieurs mois. Les cadres du groupe suisse viennent d'adresser une lettre au patron de Saint Gobain pour lui demander une nouvelle fois de renoncer à prendre le contrôle de leur groupe.

"Monsieur de Chalendar, nous vous exhortons une fois encore à reconsidérer vos projets", ont-ils écrit dans cette lettre, consultée par l'AFP, estimant que l'opération posait de très grands risques pour toutes les parties.

"Nous ne pouvons pas comprendre qu'une société réputée telle que Saint-Gobain choisisse une approche aussi aventureuse pour acquérir une autre compagnie" ont-ils ajouté dans cette missive, signée par 140 cadres dirigeants du groupe suisse.

Le groupe français de matériaux de construction et une partie des dirigeants de Sika s'affrontent depuis maintenant dix mois autour de l'offre faite aux héritiers du fondateur de Sika.

En décembre dernier, Saint-Gobain avait proposé 2,75 milliards de francs suisses (2,6 milliards d'euros) à cinq membres de la famille pour racheter leurs parts, qui se montent à 16,1% du capital mais représentent 52,4% des droits de vote.

Cette offre doit lui permettre de prendre le contrôle du groupe suisse sans avoir à lancer d'offre publique d'achat, mais s'est heurtée à une vive opposition d'une partie des dirigeants de Sika mais aussi d'actionnaires minoritaires, telles que la fondation Bill & Melinda Gates.

Dans la lettre, les cadres de Sika ont notamment contesté les déclarations selon lesquelles Sika aurait confirmé les synergies.

"La vérité est que nous ne voyons aucune synergie réalisable, mais même des dé-synergies selon la structure de la transaction proposée", ont-ils affirmé.

Ils ont également insisté sur le fait que les deux sociétés étaient en concurrence directe sur leurs activités de mortier.

"Le fait que les autorités de la concurrence dans plusieurs pays ne s'opposent pas à la transaction n'a rien à voir avec le fait que nous soyons concurrents. Cela signifie seulement que même en tant que société réunie nous n'atteindrions pas une position dominante dans ce marché hautement fragmenté", ont-ils argumenté.

L'opération a obtenu le feu vert de la Commission européenne en juillet, suivi par celui de la Commission de la concurrence en Suisse (Comco) mi-septembre.

Les cadres de Sika ont par ailleurs fait valoir que le groupe suisse avait continué de croître sur de nouveaux marchés et à améliorer sa rentabilité au cours des neuf derniers mois malgré la bataille en cours.

"Nous comprenons que consolider de tels résultats pourrait contribuer à un succès de Saint-Gobain, mais n'arrivons pas à en voir le bénéfice pour Sika", ont-ils poursuivi.

Les cadres du groupe ont appelé le patron de Saint-Gobain à engager un "dialogue constructif" avec les dirigeants de Sika pour trouver une meilleure alternative pour les deux sociétés et leurs actionnaires respectifs.

Les différentes parties s'affrontent devant les tribunaux après deux assemblées générales qui n'ont pas permis de sortir le dossier de l'impasse.

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