L'an passé, le géant des matériaux de construction a vu son bénéfice net reculer de 11% par rapport à 2022, à 2,67 milliards d'euros sur un chiffre d'affaires en recul de 6,4% à 47,94 milliards d'euros, a indiqué le groupe dans un communiqué, soulignant néanmoins une marge d'exploitation "record" à 11% et "en progression dans toutes les régions".
Pour 2024, le groupe anticipe un marché en repli dans la construction neuve en Europe qui "restera difficile", même si les marchés de rénovation devraient "résister", a souligné le directeur général du groupe, Benoit Bazin, lors d'une présentation téléphonique des résultats à la presse.
L'an dernier, le chiffre d'affaires en Europe du Nord a reculé de 23%, affecté par la crise de la construction et impacté par la vente d'activités liées à la distribution en Grande-Bretagne.
La baisse d'activité en Europe du Nord se monte à -5,9%, et à -0,9% en Europe du Sud (dont la France), a souligné Saint-Gobain.
"Dans un environnement géopolitique et macroéconomique qui reste difficile", le groupe estime avoir "montré" en 2023 "l'efficacité et la pertinence" de ses "choix stratégiques", a estimé M. Bazin.
Il a souligné la réorganisation du groupe par pays, la création d'un pôle "chimie de la construction" porté par des séries d'acquisitions dans des pays à forte croissance en Amérique du Nord et en Asie, et une bonne performance environnementale avec le déploiement de solutions de construction bas carbone.
"On peut faire une croissance rentable tout en baissant nos émissions de CO2", a estimé M. Bazin après avoir rappelé la baisse de 34% des émissions opérationnelles de CO2 du groupe (scope 1 et 2, n'incluant pas les émissions indirectes) en 2023, par rapport à 2017.
Pour 2024, et "pour la quatrième année consécutive", le groupe prévoit "un taux de marge d'exploitation à deux chiffres dans un contexte où certains de nos marchés sont en repli" a-t-il dit, après les 11% de 2023.
Fabricant de plaques de plâtre, de laine de roche ou de vitrages, Saint-Gobain a été porté ces dernières années par les programmes de rénovation thermique du bâtiment encouragés un peu partout dans le monde grâce à des plans d'aide publique massifs pour faire baisser les consommations d'énergie et les émissions de CO2, et répondre ainsi aux exigences climatiques.
"Coup de rabot"
Il a aussi recueilli selon les analystes les premiers fruits de sa propre réorganisation radicale, basée sur une décentralisation géographique tous azimuts, et un porte-feuille relooké d'activités à forte valeur ajoutée dans des pays "de croissance" comme le Canada, l'Amérique du Sud ou l'Asie du Sud-Est.
Pour la France, où un "coup de rabot budgétaire" vient d'être annoncé pour 2024 sur les aides publiques à la rénovation énergétique (Ma PrimRenov'), M. Bazin a préféré voir "le verre aux trois quart plein".
"Certes, on est passé de 5 milliards à 4 milliards d'euros (d'aides budgétées, NDLR), mais on vient de 2,7 milliards, donc en fait MaPrimeRenov passe à 4 milliards en 2024 en venant de 2,7 milliards en 2023, c'est une hausse très forte" a-t-il souligné.
"J'avais plaidé pour un plan Marshall de la rénovation énergétique, il y a un rapport parlementaire l'an dernier disant qu'il fallait 15 milliards, et on passe de zéro à 2,7, puis 4, ce qui va dans la bonne direction et à la bonne vitesse" a-t-il plaidé. "On ne peut pas faire beaucoup plus vite".
Mercredi soir, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a indiqué qu'au lieu de viser 200.000 rénovations globales en 2024, la France prévoyait désormais "plutôt 140.000 ou 150.000".
"C'est quasiment trois fois ce qu'on a fait en 2023, c'est juste plus réaliste que d'avoir des objectifs trop ambitieux et de ne pas les atteindre", a dit Benoit Bazin.
Saint-Gobain proposera un dividende en hausse de 5% à 2,10 euros par action pour 2023, lors de son assemblée générale le 6 juin.