Le Népal évalue les dégâts liés aux émeutes

Le Népal évalue à des millions d'euros les dégâts causés il y a quelques jours par les manifestants dénonçant la corruption des élites qui s'en sont pris aux lieux de pouvoir, notamment au Parlement et au siège du gouvernement.

Les émeutes qui ont causé la chute du gouvernement ont fait au moins 72 morts en 48 heures.

"Tant de choses ont été détruites", a déclaré à l'AFP, Binod Ghimire, porte-parole de la police.

Chiffrer l'ampleur des pertes prendra du temps, notamment en dehors de la capitale Katmandou.

Plus d'une vingtaine d'hôtels ont été pillés et le Hilton de la capitale, récemment inauguré, a été incendié le 9 septembre, selon l'Association des hôtels du Népal.

Elle estime les dégâts pour ce secteur d'activité à 25 milliards de roupies népalaises (150 millions d'euros), affectant plus de 2.000 employés, et à 47 millions d'euros pour le seul hôtel Hilton.

La chef du gouvernement provisoire, Sushila Karki, a déploré dimanche de "lourdes peines humaines et matérielles".

Mardi, à la Cour suprême, les fonctionnaires travaillaient sous des tentes dressées à l'extérieur du bâtiment incendié, à proximité d'un parking jonché de carcasses de véhicules calcinés.

Ils s'activaient à essayer de récupérer des documents noircis et détrempés par l'eau ayant permis d'éteindre les incendies.

Des photographes de l'AFP, autorisés à pénétrer à l'intérieur, ont fait état de salles entièrement ravagées par les flammes.

Des bâtiments du siège du gouvernement, Singha Durbar, ont également été incendiés le 9 septembre tout comme des postes de police et des tribunaux.

"Tous les dossiers, éléments de preuve et fichiers de la Cour suprême ont été détruits", a déploré Mme Karki, ancienne cheffe de cette haute juridiction.

Plus de 12.500 détenus se sont évadés des prisons du pays, représentant une menace pour la sécurité publique.

Les contestataires s'en sont également pris aux biens appartenant à la classe dirigeante et à l'élite, incendiant des domiciles d'élus, des concessionnaires automobiles et des bureaux.

Des médias ont également été pris pour cible, un bâtiment du siège du groupe Kantipur Media qui possède des journaux, des sites internet et des chaînes de radio et télévision a été incendié.

"Aucun type d'infrastructure n'a été épargné. Le gouvernement, le secteur privé, les médias ont tous subi des pertes", selon l'économiste Chandra Mani Adhikari.

"Il faudra beaucoup de temps et de moyens pour tout reconstruire et récupérer les données et documents que nous avons perdus."