Le monde HLM prend Lecornu au mot et appelle à une rupture dans la politique du logement

Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat, qui représente les bailleurs sociaux, a "écouté avec attention" Sébastien Lecornu "parler de rupture". Les bailleurs sociaux y croient et sont "prêts à y contribuer", a-t-elle assuré lors de son discours d'ouverture du Congrès HLM, qui se déroule jusqu'à jeudi à Paris.

"Cette rupture doit passer par la fin du désintérêt pour notre secteur et cela doit se traduire dans la prochaine loi de finances. Cette rupture pourrait s'incarner par le retrait de la RLS", la réduction de loyer de solidarité, a ajouté l'ambassadrice du monde HLM, qui ne rate pas une occasion de demander la suppression de ce prélèvement sur les recettes des bailleurs sociaux par l'Etat.

Adepte également du terme de rupture, Michel Ménard, nouveau président de la Fédération des offices publics de l'habitat (FOPH), réclame une loi de programmation sur le logement, une idée partagée par Marie-Noëlle Lienemann, présidente de la Fédération des sociétés coopératives d'HLM.

Aucun membre du gouvernement ne sera cependant présent au congrès HLM pour répondre à ces revendications, tous les ministres étant démissionnaires et cantonnés à la gestion des affaires courantes.

"La crise du logement est profonde, elle touche toutes les catégories sociales, tous les âges, tous les territoires" et le "prochain gouvernement devra y répondre", assure Emmanuelle Cosse, lançant un nouvel appel au "Premier ministre et à l'ensemble des forces politiques, à entendre les alertes des acteurs du logement".

Les chiffres le confirment, note Christophe Robert, directeur général de la Fondation pour le logement des défavorisés : "On n'a jamais eu de chiffres d'expulsions aussi durs, de taux de pauvreté aussi élevé, ni autant de personnes à la rue".

"Politique régalienne "

Le mouvement HLM alerte depuis plusieurs années sur la situation inquiétante du logement, et pas que du logement social, car lorsque tous les maillons de la chaîne du logement (logement social, locatif privé, accession à la propriété, investissement locatif, construction neuve) sont bloqués ce sont les bailleurs sociaux qui se retrouvent face à une demande colossale : près de 2,9 millions de ménages étaient en attente d'un logement social à fin juin.

Patrick Bloche, premier adjoint de la mairie de Paris, fait le "constat inquiétant de l'absence de véritable politique du logement", qui n'est "plus une priorité depuis plusieurs années" pour l'Etat, alors que "loger dignement les Français est une mission de l'Etat".

Outre le désengagement financier de l'Etat, Emmanuelle Cosse critique aussi l'absence de stratégie de l'Etat en matière de logement. "Par exemple dans la politique de réindustrialisation, la question du logement n'est vue que très tardivement", souligne l'ex-ministre du Logement (2016-2017).

Elle attend "le retour d'un Etat fiable, pilote et financeur", sur le logement qu'elle qualifie de "politique régalienne".

Haut-commissaire à la stratégie et au plan, Clément Beaune acquiesce sur "le drame de l'absence de pluriannualité" et souligne un "problème de visibilité" en raison des changements réguliers de règles et de budgets. Pour lui, "il faut que l'Etat retrouve une capacité à se projeter sur cinq à dix ans".

Pour défendre ce "droit fondamental" au logement, la Confédération nationale du logement propose de créer une "Sécurité sociale du logement", dans un manifeste que l'association de défense des locataires HLM a présenté mardi devant le congrès.

Cette "Sécu du logement" prévoit notamment la création d'une caisse nationale de sécurité locative pour prévenir les impayés et le versement d'allocations temporaires en cas d'accident de la vie.

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