Le 4 janvier 2021, au retour des vacances de Noël, les enfants du quartier Nord du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, faisaient leur rentrée dans une école toute neuve. Toute neuve mais l'école Chevalier de Saint-George semble être là depuis des lustres tant elle ressemble aux écoles de Jules Ferry construites à la fin du XIXe siècle. Façade de brique et de pierre, corniches, symétrie du long bâtiment de part et d'autre d'un clocher : cette architecture néoclassique répond à la volonté du maire Thierry Meignen de donner à sa ville une nouvelle identité.
« Depuis son arrivée à la tête de la commune en 2014, il impose ce style architectural aux nouvelles constructions, explique son chef de cabinet Nicolas Rondepierre. C'est une démarche qui plaît aux habitants. »
Une autre école en centre-ville, un centre municipal de santé et un campus trilingue de la maternelle au lycée, actuellement en projet, adopteront aussi ce style classique emprunté au XIXe siècle.
La construction de ce nouvel établissement de 23 classes a été décidée pour regrouper l'école primaire voisine vétuste, condamnée à la démolition, et une école maternelle située de l'autre côté de l'avenue. « Nous voulions offrir aux habitants de ce quartier le plus pauvre de la ville une belle école qui constitue un signal », poursuit Nicolas Rondepierre. Le programme est généreux : l'établissement dédié à l'enseignement de la musique est doté de vastes volumes.
Aspect classique et construction innovante
Suite au concours de conception-réalisation lancé en 2017, quatre équipes finalistes sont sélectionnées. Parmi elles, le groupement constitué de l'agence A5A Architectes et de l'entreprise générale de construction bois et industrialisée OBM Construction sera le lauréat. Pierre Durand-Perdriel, architecte gérant de A5A Architectes, apprécie les donneurs d'ordre qui savent ce qu'ils veulent et il a bien compris les attentes de la ville. Si l'agence a une centaine d'écoles et de bâtiments publics à son actif, c'est la première fois qu'elle conçoit une école « Jules Ferry ».
« J'ai été intéressé par cette recherche d'expression », confie l'architecte qui propose de réaliser le corps de bâtiment en brique et en pierre, matériaux traditionnels et pérennes, renforçant l'effet de signal et marquant l'identité de l'établissement.
Les deux écoles, maternelle et élémentaire, de part et d'autre d'un volume central abritant la bibliothèque, sont traitées de façon classique, avec des jeux de modénatures et un travail sur les proportions des fenêtres. Mais l'aspect classique des façades n'interdit pas l'innovation dans la construction. L'entreprise partenaire de l'architecte étant spécialisée dans la construction bois, l'édifice sera entièrement réalisé en ossature bois. A l'exception des fondations et du sous-sol en béton, tout est en bois : les murs, les planchers, les escaliers.
Un système de bardage complet avec finition en revêtements collés
L'architecte et l'entreprise mènent de concert les études de conception de l'ouvrage. La solution qui s'impose pour réaliser la façade est le bardage ventilé StoVentec SCM.
La plaque support de bardage est a base de panneaux en billes de verre recyclé expansé fixés sur une ossature verticale en tasseaux de bois elle-même fixée au droit des montants de la construction à ossature bois de façon à réserver une lame d'air de 20 mm minimum entre le mur et le revêtement extérieur.
Une fois posés sur l'ossature, les panneaux reçoivent un sous-enduit mince à base de liant hydraulique, le StoLevell Uni, armé d'un treillis de fibre de verre. « La finition est assurée par un revêtement collé conformément au DTU 52.2 », précise l'Avis Technique du système.
Dans le cas de l'école, ce sera de la pierre naturelle StoFossil Bavaria associée à des bandes de briquette de terre cuite StoBrick 360. Deux teintes de pierres sont retenues : un ton crème sable pour la partie centrale du bâtiment surmontée du clocher ainsi que l'ensemble du soubassement sur une hauteur de 60 cm, le ton Nussbraun (brun noix) plus soutenu pour les deux ailes de l'édifice abritant les deux écoles. La pierre comme la brique sont collées au mortier-colle fourni par Sto puis jointoyées.
Seule la façade principale de l'édifice est revêtue de pierre et de brique. Les pignons et la façade arrière sont habillées du même bardage StoVentec, mais dans sa version enduit.
« La vaste gamme de produits Sto, tous compatibles entre eux, nous a permis de réaliser cette façade sans faire appel à de multiples fournisseurs », souligne Pierre Durand-Perdriel. Ce qui a facilité les approvisionnements en cette période compliquée de pandémie du Covid-19.
Tous convaincus par la construction bois revêtue de brique et de pierre
L'entreprise retenue pour la mise en œuvre de ce bardage est la société Spebi, spécialiste du ravalement et de la peinture depuis une quarantaine d'années.
OBM livre à l'équipe d'une quinzaine de compagnons des façades bois revêtues de l'isolation extérieure et d'un pare-pluie. Grégory Ferreira, conducteur de travaux bardage chez Spebi, n'en est pas à sa première expérience de pose du bardage StoVentec mais c'est la première fois qu'il le pose sur une ossature bois.
Les règles de construction imposent des précautions supplémentaires en termes de sécurité incendie : « Des bavettes coupe-feu doivent être posées à chaque niveau et non tous les deux niveaux ». Avec l'aide des techniciens d'OBM, il surmonte cette difficulté réglementaire. Son équipe applique avec minutie le revêtement collé selon le calepinage de l'architecte, en n'oubliant pas de jointoyer la brique et la pierre en deux couleurs différentes.
La touche finale est apportée par les corniches dessinées sur mesure. Réalisées en StoDéco Profil, des éléments de modénatures de charge légère à base de perlite expansée, elles sont collées avant d'être peintes.
L'ensemble du chantier de bardage, avec revêtement collé et enduit, soit près de 2.000 m² au total, sera bouclé en à peine six mois, de mai à octobre 2020.
« Les intervenants du chantier, parfois dubitatifs de voir associer une façade classique à une ossature bois, se sont finalement approprié le projet et ont souvent été force de proposition, manifestant de la curiosité et du plaisir de travailler ensemble sur un tel projet », conclut l'architecte Pierre Durand-Perdriel.